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Ce livre est l'histoire de la rencontre entre l'auteur et Toumany Coulibaly, athlète le jour et braqueur la nuit qui est emprisonné à Réau. Mathieu Palain commence ses visites au parloir. Il raconte la vie de ce prisonnier atypique, puis la naissance d'une vraie amitié. Il espère que le coureur ne reviendra pas à ses travers et enfin, il s'interroge sur sa propre attirance pour le milieu carcéral.

Nous ne sommes donc pas dans la fiction même si Toumany Coulibaly ressemble à un personnage de roman : issu d'une famille d'origine malienne, avec 18 frères et soeurs, il grandit en banlieue sud de Paris. Il se découvre du génie pour la course (surtout pour le 400mètres) mais gâche son talent en réalisant sans cesse des vols et des braquages. Il est de tous les coups foireux qui vont l'envoyer en prison pour plusieurs années et briser ses rêves de jeux olympiques.

J'avoue que j'ai choisi ce livre pour de mauvaises raisons : d'abord parce que la couverture me plaisait et ensuite parce que le parti-pris de l'auteur me semblait proche de celui d'Emmanuel Carrère que j'adore et dont j'ai tout lu. Notamment L'adversaire ou Limonov. Mais n'est pas Carrère qui veut, d'où ma légère déception….

Le début ne m'a pas emballé : la rencontre au parloir puis la vie de Toumany qui défile (courses, entraîneurs et braquages se succédant de façon assez monotone). L'écriture était trop descriptive, sans véritable point de vue.

Puis le récit a pris de l'épaisseur et a ravivé mon intérêt lorsque le propos est devenu plus personnel : l'amitié entre les deux jeunes hommes, l'évocation de la dureté du milieu carcéral, la recherche de la véritable identité de Coulimaly (un menteur ? un mec bien ?).
Au final, un récit inégal qui demeure toutefois intéressant et se lit facilement.
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Livre sélectionné pour le prix Summer 2022 de la Fête du Livre de Bron.
« Toumany a beau courir vite, il reste un jeune fauché dans une cité de banlieue sud. »
Mathieu Palain, journaliste, semble proche de Toumany Coulibaly pour plusieurs raisons : ils ont le même âge, ils viennent du même quartier, ils aiment le sport. Simplement, ils n'ont pas suivi la même route.
En faisant preuve de beaucoup d'empathie l'auteur cherche à comprendre pourquoi Toum détruit sa carrière d'athlète de haut niveau en braquant, dévalisant, volant la nuit car le jour, il s'entraîne.
Très fort physiquement, ce qui est un atout pour courir le 400 m, Toum est faible psychologiquement, semble-t-il.
Il recherche, comme un drogué, la montée d'adrénaline ressentie en fuyant les flics. Il l'avoue lui-même, ses performances ne lui apportent pas autant de plaisir.
Alors, qui est-il réellement ? Un kleptomane ? Une personnalité influençable ? Un jeune à la dérive ? Un irresponsable ? Un immature ? Peut-être tout ça à la fois ?
En tout cas, ce qu'il est pour moi, à travers son portrait brossé par le journaliste, c'est un être touchant, attachant malgré ses failles.
Un très beau "reportage".
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Rien ne sert de courir, il faut partir à point .
OU
La Parisienne ( de Marie-Paule Belle).

Ce livre pose une question essentielle : y a t-il des vies gratuites?
Des vies si mal embouchées, et si mal continuées, qu'on aurait pu
s'en dispenser ? Y a t-il des gens qui feraient mieux de ne pas être là ?

Nul ne connait le for intérieur de quelqu'un d'autre. Souvent on ne se connait pas très bien soi-même. Et même; qui peut prétendre avoir la perfection morale pour juger de l'être d'autrui? de le juger indigne de vivre ? Personne. Absolument personne.
C'est pourquoi je suis heureux de ce que l'on ait abrogé la peine de mort.
Même l'état ne peut pas s'élever à ce niveau absolu du pouvoir, celui de vie et de mort sur ses propres membres.

Y a t-il des vies si déplorables qu'on s'en prenne la tête dans les mains en se disant : mais qu'est-ce qu'on pourrait bien faire d'un type pareil ? Certainement. Dont la vie de Toumany. Menteur maladif, kleptomane systématique, après une enfance de banlieue il a flambé les chances qu'il a recu, et trahi ceux qui croyaient en lui. Qui continuaient à croire en lui envers et contre tout. Encore, toujours et à nouveau. En veux-tu en voilà.

Que faire ? La course, oui, puisque c'est quelque chose à quoi il est bon, même s'il est probablement trop brûlé, et trop agé, pour être sélectionné pour des compétitions de niveau international. Une psychothérapie longue, s'il la prend au sérieux et s'il persévère. Peut-être qu'il y a encore une vie, un chemin vers le bonheur. En tous cas, on le lui souhaite. Personne ne mérite de vivre comme ca. Même si, en partie, mais en partie seulement, c'est de sa propre faute.

Un sujet sérieux donc. Très. Mais pour ce sujet, quel traitement ! Non, on ne peut pas juger de l'être d'autrui, mais on peut se former une opinion de son travail. Près de quatre cent pages de verbatims à moitié digérés, crachés sur du papier. Un roman ? Ca ? Vous plaisantez ? Ou alors un livre, un témoignage, au moins ca ? Ne confondons pas " sincérité" ou " authenticité" avec " données brutes" ou " premier brouillon". La littérature implique un certain travail, un traitement, une analyse, et si l'on n'est pas disposé, ou en mesure, de la fournir soi-même, il parait qu'il y a des pauvres gens, mal rémunérés et non reconnus, qui feraient cela pour vous. On en aura fait l'économie. C'est dommage pour tout le monde.

Ces feuilles de notes ne méritent pas qu'on leur accorde plus de temps ou d'attention. Bye bye. Panier.
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Ce livre est le dernier que je lis pour le prix Summer 2022. Et quel livre ! Un reportage, une biographie, une autobiographie ?...
L'auteur, journaliste, retrace le parcours de Toumany Coulibaly, entre sport et braquage, rédemption et rechute.
En effet, le héros de ce récit est "sportif de haut niveau le jour et délinquant la nuit".
Au fur et à mesure du déroulement de l'histoire (vraie, je le rappelle) les raisons de la fragmentation de son existence se dévoilent et il finit par se comprendre mieux lui-même, au cours de son séjour en prison. L'auteur nous montre aussi des pans de sa vie, cherchant à expliquer son attirance pour les récits de personnes incarcérées.Il m'a fait découvrir un monde dont je suis éloignée, dur, cruel et dont on peut s'interroger sur l'utilité.
Le style du début m'a rebutée, mais heureusement il s'améliore par la suite en n'imitant plus le langage des jeunes de la banlieue où l'écrivain lui-même a grandi.
La fin ouverte nous laisse dans l'expectative.
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Bienveillance, partage, questionnement sur l'enfermement à tout prix.
Il y a parfois des décisions rapides, qui tranchent, qui sont là pour montrer l'exemple, arbitraires, sans analyse du psyché, sans chercher à comprendre pourquoi un individu entreprend des actions judiciairement condamnables. Loin de moi l'envie de blâmer quiconque, de cibler des personnes ou un corps de métier. Mais quand même, il y a un système qui est loin de répondre aux attentes, qui effraie souvent, moi, qui m'interpelle ... avec ses murs opaques sur lesquels toute raison vient se cogner. On nait tous avec un bagage, et puis l'éducation des parents, des services sociaux, de l'éducation nationale, d'un quidam sur notre route, de la famille, un événement dramatique ... nous formatent plus ou moins. Et on quittera plus ou moins le droit chemin.
Mais il y a ce système. Qui se fourvoie. Qui enlise dans le mauvais chemin des prétendants à un retour au calme, à la sortie de crise . Qui n'apporte pas de solution. Qui ne se donne pas les moyens de trouver une solution tout simplement. A chacun ses priorités.

J'ai aimé ce témoignage, ces témoignages in fine. Celui d'un athlète de haut niveau à qui je souhaite de trouver sérénité et apaisement. Celui d'un journaliste free-lance qui nous livre ici une belle aventure humaine, « un livre, fondé sur un principe de sincérité vis-à-vis du lecteur, un livre dans lequel le narrateur [pose] ses tripes sur la table, un narrateur qui [dit] je et qui [raconte] une relation, pas une histoire en surplomb. »

BRAVO à vous deux.

Une lecture qui m'a fait repenser, avec émotion, à Olivier Goudreault et à sa bête derrière les barreaux.
Et si ça peut vous rassurer, pour ceux qui ne l'ont pas encore lu, ce récit est bien plus délicat que ma chronique ;-)

« [...] Moi, je ne suis même pas vraiment rapide - je joue 6 au foot, le type qui court longtemps -, mais je sais que le tour de piste est la pire des distances. Il faut être à fond tout en gérant l'effort. Rester en fréquence mais ne pas s'asphyxier. Accepter le lactique sans tétaniser. C'est un sport de chien qui vus fait vomir à l'entraînement et n'offre rien à part des souvenirs et des coupes qui prennent la poussière. On n'y gagne pas sa vie.
Je m'appelle Mathieu Palain. Je suis journaliste. Je ne veux pas vous faire chier. Je sais simplement, parce que j'ai passé ma vie à Ris, Évry, Grigny, Corbeil, qu'il y a des choses que les journalistes ne peuvent pas comprendre. Disiz La Peste a fait une chanson là-dessus, le « Banlieusard Syndrome ». Une histoire de spirale du mec de tess, le truc qui fait qu'on a beau chercher à s'enfuir, le quartier nous rattrape.
Je sais que ce n'est pas facile, et que s'entraîner dans une promenade à Fresnes est un non-sens. Mais j'aimerais vous rencontrer. Je ne suis pas psychologue, mais je pense que je comprends. »
Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Dès que je lis un livre des éditions de l'Iconoclaste, je tombe sous le charme. Celui-ci n'y fait pas exception!
Mathieu Palain est né en 1988, Toumany Coulibaly aussi. Mathieu rêvait d'être footballeur, Toumany d'être champion de France du 400 mètres. L'un va réussir son rêve sportif, l'autre pas. Lorsque Mathieu rencontre Toumany, ce dernier vient d'être incarcéré après avoir dévalisé un énième magasin vendant des téléphones portables. Mathieu va enquêter sur le parcours de Toumany et nous en dresse un portrait sans concession et pourtant attachant. Une histoire qui nous fait réfléchir sur la jeunesse, ses forces et ses faiblesses, ses tentations surtout dans certains quartiers où les inégalités sont les plus prégnantes. Un livre à l'écriture fluide et belle.
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Texte de Mathieu Palain.
Pendant deux ans, chaque mercredi, Mathieu Palain s'est rendu à la prison de Réau pour discuter avec Toumany Coulibaly. le détenu est champion de France du 400 mètres et condamné à plusieurs peines pour de multiples cambriolages. Cinquième d'une fratrie de 18 enfants, Toumany est tombé très tôt dans le vol, qu'il subit comme une pulsion irrépressible. « Toumany a beau courir vite, il reste un jeune fauché dans une cité de la banlieue sud. » (p. 106) le jour, il gagne des courses et monte sur des podiums. La nuit, il siphonne des réservoirs et cambriole des pharmacies. A-t-il conscience de gâcher son talent et ses chances ? Sans aucun doute, oui, mais comment gérer la pulsion ? Peut-être en essayant de comprendre ce qui la déclenche et où elle prend racine. En prison, Toumany travaille sur lui-même, seul ou avec des psychologues, il obtient des diplômes et, même s'il continue à s'entraîner dans la cour, il tente surtout de devenir l'homme dont son épouse et ses enfants ont besoin.

Mathieu Palain livre un portrait remarquablement bien écrit et fluide de cet athlète détenu, devenu son ami au fil des rencontres au parloir. Parce qu'il est radicalement honnête, le récit est résolument humain et empathique. À force de parler à un autre et d'un autre, l'auteur finit par parler de lui : là aussi, les révélations sont bouleversantes. « Disons qu'on m'a fait prendre conscience de principes importants, comme de ne pas laisser tomber un jeune qui a passé sa vie à être abandonné. » (p. 14) Et au bout du compte, rien de tout cela n'est roman, rien de cela n'est fiction. Mathieu Palain ne peut pas inventer une happy end ni enchaîner des rebondissements. Ce qui suivra après, ce que Toumany Coulibaly fera de sa vie en dehors de la prison, sur les pistes ou ailleurs, cela n'appartient qu'à lui. Mais cela n'empêche pas l'auteur -et le lecteur – de se projeter, encore moins d'espérer. « Égoïstement, en tant qu'écrivain, ce que je cherche, moi, c'est une fin. J'aimerais qu'il sorte de prison et qu'il reprenne sa vie en main. Je ne suis ni son frère ni son père, mais quand même, ça me ferait chier qu'il rechute. » (p. 263)
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Un roman réussi qui lorgne plus sur une enquête journalistique. Ici ce n'est pas fictionnel, l'auteur retrace le parcours de Toumany Coulibaly champion de France de 400m, qui purge plusieurs peine de prisons. Mathieu Palain essaye de comprendre qui est cet homme avec un don pour la course et qui est enclavé dans des cambriolages en série. Tous les deux viennent de banlieue parisienne mais n'ont pas eu les mêmes chances. de parloir en parloir, le journaliste et l'athlète se lieront d'amitié.
Un roman dans une langue direct et prenant.
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Coup de coeur pour une histoire vraie

Au parloir du centre pénitencier de Réan, Mathieu Palain et Toumany Coulibaly se dévoilent l'un à l'autre, tous les mercredis et pendant deux ans.
Ils ont le même âge et ont grandi en banlieue.
Ne t'arrête pas de courir, n'est pas un plongeon dans l'univers carcéral, même si des bribes s'échappent par moment. Ce récit d'une histoire vraie, est la naissance d'une amitié entre les deux hommes.
L'un écrivain-journaliste, l'autre, athlète le jour et cambrioleur la nuit.
Mathieu, dans une démarche pleine de bon sens, va se rapprocher de Toumany. Ses questions contribueront peut-être à trouver comment résoudre l'énigme de la personnalité de Toumany
Comment peut-il briller si fort à la course le jour pour se laisser rattraper si facilement par les ombres la nuit venue ? 
Est-il trop fou ? Trop gentil ? En manque d'argent ? En manque de reconnaissance ? Qu'est-ce qui pousse réellement Coulibaly à cambrioler les pharmacies, les boutiques de téléphones ?
Mathieu cherche, il veut trouver la faille de son ami, le but étant que ce dernier ne récidive pas à sa sortie.

Un deuxième roman bienveillant, un auteur qui a une belle âme et qui ne juge jamais son sujet, un auteur totalement impliqué, toujours dans la recherche de la vérité. 
Son livre est débordant de sincérité, d'authenticité, de transparence, au-delà de l'histoire, histoire réelle, c'est cette clarté qui m'a éblouie.  Vous l'aurez compris, c'est un coup de coeur pour moi, ce livre va rester graver longtemps dans mon ADN de lectrice.

Je suis maintenant impatiente de découvrir son premier roman : “Sale gosse”.
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"Athlète de haut niveau le jour, voleur de bas niveau la nuit", Toumany Coulibaly, un jeune homme de 27 ans, beau, intelligent, talentueux, père de quatre enfants finit par accumuler des peines de prison équivalentes à celles d'un braqueur à main armée alors qu'il ne commet que des petits vols (souvent des cellulaires) et sans violence. Adolescent, il se tient même à l'écart des parties de foot de son quartier tellement il déteste le contact. Son séjour en prison et son casier judiciaire réduisent à néant ses chances de participer aux Jeux Olympiques. Il gâche sa vie. C'est absurde, c'est insensé ! Il y a manifestement quelque chose qui ne tourne pas rond!
Mathieu Palain va rencontrer Toumany Coulibaly pendant 2 ans au parloir de Réau. Écrivain et journaliste, il s'est beaucoup intéressé aux détenus et à l'univers carcéral avec en filigrane une question qu'il partage sans doute avec beaucoup d'entre nous : pourquoi certains s'en sortent et d'autres pas ?
Non, il n'existe pas de gène de la délinquance. Pas de déterminisme biologique.
Non, on ne naît pas violent.
On le devient.
Mathieu interroge alors le déterminisme social en évoquant le syndrome du banlieusard, cette difficulté de se détacher physiquement et mentalement de l'univers des cités. Toumany vient d'une famille d'immigrés maliens de 18 enfants. Ils sont pauvres, le père bigame est éboueur à Paris et sacrificateur dans un abattoir hallal. Ils habitent dans la banlieue sud de Paris, une maison de 2 chambres où le garage est transformé en dortoir. Ce ne sont évidemment pas des conditions qui favorisent un bon départ dans la vie mais cela n'explique pas tout. Aucun des 17 autres enfants n'a vraiment connu de problème avec la justice et tous se sont trouvés une place dans la société.
Il faut donc aller chercher ailleurs dans le parcours individuel de Toumany pour comprendre – sans y parvenir tout à fait – les raisons d'un tel gâchis.
Il faut remonter loin dans son enfance pour trouver un événement qui est peut-être au coeur de sa carrière de voleur. Il a 4-5 ans et se trouve dans supermarché, un ED avec sa mère, Nima. Il veut des bonbons, mais celle-ci n'a pas d'argent. Il crie, se roule par terre, la mère envisage la fessée en public mais se ravise, éventre un sachet de bonbons, lui en met un dans la bouche et laisse le sachet sur le rayon. Un client intervient : « C'est comme ça que vous remerciez la France de vous avoir accueillis! » Toumany a honte pour sa mère. Il a sans doute honte de lui aussi et il s'est dit, du haut de ses 4 ans, : « Un jour, je volerai pour elle. » Est-ce sa façon de se défendre face à l'humiliation? La provocation ? Est-ce à dire qu'il a décodé le comportement de sa mère comme disant quand tu ne peux te payer ce que tu veux, prends-le mais arrange-toi pour ne prendre que ce dont tu as besoin? Est-ce à dire que dans l'esprit de ce petit garçon, c'est déjà le « no future » pas d'avenir ailleurs que dans la délinquance ? Il aurait pu se dire quand je serais grand je deviendrai tellement riche que je lui offrirai tout ce qu'elle veut, ma maman chérie.
Ce dont je suis sûre par contre, c'est que Toumany a un côté releveur de défis et qu'il est aussi très généreux. Lorsqu'il voit Hussain Bolt courir à la télé et se dit : « Un jour je serai plus vite que lui. », à son oncle qui l'a attaché à un arbre et qui le fouette, il lui dit : « C'est tout ce que tu as dans le bras »?
Il vole pour les autres : enfant, il distribue dans la cour de récré des tamagotchi qu'il a volé, il paye les permis de ses frères et soeurs.
Il vole pour avoir l'amour des autres, il vole parce que c'est quelque chose qu'il fait bien et que c'est aussi sa seule façon d'être valorisé. Il vole parce qu'il est loyal à ses potes et qu'il ne sait pas dire non. Il vole parce que c'est devenu son sport préféré et qu'il est devenu addict à ses décharges d'adrénaline. Il vole pour dire « J'existe » mais sans doute un peu aussi pour dire « je vous emmerde », la revanche du gentil garçon qui sourit toujours.
Dans son parcours, il y a aussi, des « pas de chance » répétitifs. Des portes qui se sont ouvertes mais qui se sont vite refermées.
Il aurait pu découvrir l'athlétisme avant la délinquance, avant la prison. Un prof à l'école primaire, impressionné par ses dons d'athlète avait recommandé à sa mère de l'inscrire dans un club. Elle a refusé pour ne pas user inutilement son coeur.
Il aime apprendre mais il quittera l'école à 13 ans à la suite d'un incident ridicule où un fou rire incontrôlable dégénère en confrontation avec le professeur. Il pleure devant le conseil de discipline. Apprendre c'est tout pour lui, malade pas malade, il est là tous les jours. Il n'est pas expulsé de l'école mais son père l'envoie dans un bled au Mali.

On ne peut qu'être touché par cet enfant qui a dû grandir trop vite, se débrouiller seul, ne jamais être supporté, ne pouvoir compter sur personne, par cet adolescent qui n'a pas pu se construire en faisant ses choix : étudier, ne pas avoir d'enfant. Cet être humain si seul mais qui n'a jamais arrêté de courir, qui n'a jamais abandonné, qui ne s'est jamais résigné. Il court, s'entraîne tous les jours, monte des vidéos en prison, il a complété un BTS en comptabilité. Il se prive de cantine pour offrir des cadeaux pour Noël à ses enfants …
J'espère de tout coeur qu'il va réussir à contrôler ses démons et construire son bonheur.
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre et j'en retiens surtout l'histoire d'une extraordinaire d'amitié, celle de Mathieu Palain et de Toumany Coulibaly. Mathieu est sorti du cadre de son rôle de journaliste-enquêteur pour s'engager vis-à-vis de son double ou du frère qu'il n'a jamais eu, Toumaly lui, a pris le risque de s'ouvrir, de faire confiance et de demander de l'aide (par exemple pour éviter le racket d'autres prisonniers.)
Livre vibrant d'humanité qui mérite vraiment les prix qu'il a obtenu.
Bravo !

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