Depuis ma lointaine adolescence, j'ai, à ma grande honte, délaissé la lecture des bandes dessinées.
Une récente visite chez un bouquiniste dans un Village du livre près de chez moi, m'a ramené dans ce monde que j'aimais tant jadis. Bref, ce fut une rencontre enrichissante.
Moi qui suis passionné par cette période de notre histoire, je choisi donc, parmi la multitude de livres proposés, les deux premiers tomes de L'ambulance 13.
Je viens de terminer a l'instant la lecture du premier, Croix de sang et je n'ai qu'une hâte, découvrir la suite.
Le sous-lieutenant Louis-Charles Bouteloup arrive sur le front de la première guerre mondiale, médecin, il prend la tête de la section de secouriste Ambulance 13. Il découvre bien vite la dure réalité des combats et toute l'horreur du conflit.
Bravo au trio Cothias, Ordas et Mounier pour leurs magnifiques ouvrages, les planches de dessin, bien sûr, empreinte d'un grand réalisme, mais aussi pour les textes et dialogues qui aident et permettent la lecture comme un roman.
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Un récit sur la première guerre mondiale. Sur les tranchées et cette guerre sale. C'est presque banal. Mais voila, on touche à une corde différente. Celle des médecins, ceux qui essayent de sauvegarder la vie comme ils peuvent, de faire au mieux, au plus vite, avec les moyens du bord.
Ce n'est pas bien joyeux joyeux. Ce premier tome nous permet immédiatement de nous mettre dans l'ambiance, sombre et d'une réalité morbide. On est très vite happé dans ce contexte glauque. On se rappelle nos cours d'histoire. On se rappelle que tout ça à exister.
Il est facile de se mettre à la place du lieutenant Louis Bouteloup. On découvre l'horreur à ses côtés avec ses espoirs d'en sauver quelques uns et surtout ses désespoirs d'en voir autant de morts.
Si la plongée en 1916 est très réussie, le récit n'est qu'à son balbutiement. C'est intéressant et assez prenant. Mais on aimerait en savoir plus. Sur le quotidien des équipes soignantes. Sur le lieutenant. Mais aussi avoir un fil conducteur plus identifiable à suivre.
Le lieutenant est très humain, avec un passé abordé par flash back. Attachant.
On se demande si ce cycle en deux tomes va nous mener seulement dans une immersion de cette guerre ou si une histoire va poindre le bout de son nez.
Les dessins, classiques, sont agréables sans être spectaculaires.
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Comme souvent dans les séries BD, nous avons clairement affaire ici à un tome d'introduction.
Le personnage principale est esquissé dans les grandes lignes, les personnages principaux sont introduit, le contexte est défini.
Et c'est bon et intéressant. Toutefois, la narration est hachée et parfois un peu nébuleuse.
Les personnages ne sont pas toujours identifiables et on ne les connais pas encore assez que pour comprendre toute leur profondeur.
Je pense qu'il faut donc se pencher sur le tome 2 pour s'attacher aux intervenants et s'investir dans l'histoire. J'espère...
Côté dessin, c'est efficace et plutôt bien fait. le contexte des tranchées est rendu de façon convaincante, c'est à dire glaçante et atroce.
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- Caporal Loriot !
- Oui, mon lieutenant ?
- Pouvez-vous aller récupérer ce pauvre type, là-bas, sur la route ? S'il est mort... Je lui ai promis une tombe et une croix.
- Ah, ben, si vous commencez comme ça, vous avez pas fini !...
- C'est un ordre, Loriot !
- Cet homme a raison, à la guerre, il ne faut jamais faire de promesses.
Dans le halo ivre des lampes-tempête, Louis découvre l'horreur des lendemains d'attaque... Des corps partout, agenouillés, étendus, roulés en boule, étêtés, démembrés, effondrés en tas au fond des trous d'obus... Pas un gémissement, pas un râle, pas un appel... Le vent, seul, lugubre, se plaint. Oh bien sûr, il a vu les tableaux figurant les guerres de l'Empire, Wagram, la Moskova, Waterloo... Il a étudié ceux de Meissonier sur la guerre de 70, il a cru, naïvement, s'être préparé à l'horreur. Cette nuit, il apprend le mensonge d'une certaine forme d'art qui ne fait frissonner que les jeunes filles. Comment les vétérans de ces combats sauvages n'ont-ils pas arraché ces toiles de leurs cimaises? Où ont-ils trouvé la force de ne pas étouffer les peintres en leur faisant avaler leurs médailles? Louis entend, sous son crâne, résonner les rires des grues de boulevard... Il voit les terrasses des cafés remplies de mâles avantageux prônant l'offensive à outrance. Ses oreilles s'emplissent de musiques de caf' conc', de cancan, d'harmonies chamarrées claquant des cymbales dans les kiosques de jardins publics... C'est l'heure de la sortie des théâtres et des cabarets. Paris brille de tous ses feux... Et ces pauvres types... Louis pleure. De révolte, de rage... Comme un enfant écoeuré par l'injustice des adultes. A chaque fois qu'il bute contre un corps, il se baisse, ôte la plaque matricule, prélève ce qu'il peut: un portefeuille, un briquet, un canif, un stylo, une médaille pieuse... La musette est vite pleine...
il semblerait qu , une malédiction plane
sur les femmes que j aime. a moins que
ce ne soit tout simplement cette satané
guerre qui balaye tout espoir de sentiments.
Louis est maintenant debout devant les barbelés, en pleine vue des allemands. Il découvre ce qu'un combattant de première ligne n'envisage que rarement de toute sa hauteur. Le champ de bataille ! C'est la vision privilégiée du maître dominant sa classe, celle de l'orateur à l'assemblée nationale. Mais Louis n'a plus vraiment peur. Il est au-delà de ce sentiment ... il s'attend tellement à mourir, là, maintenant, que chaque seconde gagnée est une vie entière !
Dans leur dos, tandis qu'ils tanguent et roulent de trous en fossés et de ravines en talus, la bataille s'intensifie. L'artillerie s'est mise de la partie, et des obus de tous calibres retournent la terre, exhument des morts et ensevelissent des vivants. Le ciel est en feu. Il fait jour comme en enfer.
Les 7 vies de l'épervier 3ème époque 3