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EAN : 9782382571835
304 pages
Hors d Atteinte (17/05/2024)
4.38/5   4 notes
Résumé :
« Que diriez-vous d’“ordinateur” ? C’est un mot correctement formé, qui se trouve même dans le Littré comme adjectif désignant Dieu qui met de l’ordre dans le monde. » Déjà au moment de choisir un mot français pour traduire l’anglais computer, Jacques Perret, alors président d’IBM France, faisait éclater toute la dimension mégalomane, démiurgique et patriarcale du secteur informatique. Or, si dans la tech peut-être encore plus qu’ailleurs, on ne cesse de glorifier d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Marion Olharan Lagan propose un texte très accessible, remarquablement sourcé et dont les références anglo-saxonnes, indispensables pour comprendre ce qui se joue dans la tech, sont explicitées avec précision.

Voilà une analyse percutante, sociétale et technologique qui montre (encore une fois) l'invisibilisation, la dévaluation des femmes dans un secteur particulier, et au delà, le système de domination technologique, puis capitaliste, créé par des hommes puissants dont le seul mérite est leur héritage et l'usage délétère de leur réseau.

L'autrice "met les USA dans son microscope". Chercheuse, enseignante, mais aussi, ancienne cadre chez Amazone, elle propose une vision de l'intérieur, nourrie par ses recherches, son expérience et les témoignages de ses anciens collègues.

Si tout le livre est éclairant, certains points se distinguent : les explications sur le droit d'accès à Internet (des points de vue très différents entre la France et les USA, produisant des répercussions légales et financières impactantes), Élisabeth J Feinler organisant Arpanet, Paméla Hardt-English créant Ressource One, Stacy Horn au coeur du premier réseau social ECHO bien avant Facebook, l'analyse des outils de manipulation comportementale mis en place par les GAFAM, les biais de l'IA générative induits par l'absence de diversité et leurs immenses répercussions, les choix d'usage de l'IA dans le déni total des conséquences sur les ressources énergétiques mondiales...

L'état des lieux, solide, très complet, analytique, factuel et culturel, élaboré par Marion Olharan Lagan, permet de comprendre pourquoi le bon sens et l'apport des sciences sociales et fondamentales seront insuffisants pour combattre un système industriel assis sur le patriarcat dont le capitalisme est l'émanation économique.
Arc-bouté sur ses propres objectifs (profits et domination technologique), quelles qu'en soient les conséquences sociales, et l'impact écologique (la lune et les bunkers privés pour les dominants, la survie pour les dominés), ce système apparaît pour ce qu'il est, mortifère et excluant.

Plus informés, plus au clair avec la réalité américaine, nous pouvons, comme nous y invite l'autrice, retrouver notre agentivité, choisir nos usages et nos combats pour créer collectivement et individuellement notre protopie, dans laquelle la tech sera "un instrument de libération et de mutation. Un outil qui nous permettra de construire un monde meilleur et non le meilleur des mondes".

Merci à Babelio et les remarquables éditions Hors d'atteinte pour cette lecture de grande qualité, que je recommande vivement.
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Annie Cannon, Joan Clarke, Elizabeth J. Feinler, Dorothy Vaughan, tant de noms de scientifiques et travailleuses qui furent écartées de l'histoire des sciences, parce que femmes. Elles étaient astronomes, cryptanalystes, mathématiciennes, programmeuses. Ce livre informe les lecteurices sur le phénomène dominant de l'invisibilisation de la participation des femmes au sein de la science, orchestrée par les revues scientifiques et leurs collègues masculins, parfois même par les hommes qui leur ont proposé la mission qui leur permit de faire des découvertes importantes.
Malheureusement, la domination masculine, fondamentalement patriarcale se perpétue à notre époque contemporaine. Les hommes-cis blancs se sont emparés de la tech, et, puisque la domination masculine n'est pas la résultante du hasard, ils se servent de leur pouvoir pour soutenir d'autres hommes-cis blancs et, évidemment, riches.
L'autrice, Marion Olharan Lagan, prend plusieurs exemples instructifs pour montrer l'usage des nouvelles technologies par les tenants du patriarcat : influence de Facebook en la faveur de Donald Trump pour les présidentielles américaines de 2016, système de classification des fiches wikipedia qui rende moins visible l'importance des femmes dans les sciences, la conception des intelligences artificielle facilitant, dans le cas des systèmes de surveillance appuyée par l'intelligence artificielle, l'arrestation des personnes racisées et/ou habitant des quartiers défavorisés.
Puisque les industries sont à l'image de leurs propriétaires, l'autrice consacre une partie de son livre à la mysoginie latente et la non-protection des victimes d'agressions sexuelles au sein des entreprises de la tech, notamment chez Amazon ou SpaceX, entreprises respectivement ayant pour actionnaire majeur Jeff Bezos et Elon Musk.
Je conseille vivement la lecture de ce livre aux personnes qui veulent découvrir ce monde des nouvelles technologies et ce qu'il s'y passe, en interne. Je remercie les éditions Hors d'Atteinte et Babelio pour ce livre, lu dans le cadre de Masse Critique.
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Tout d'abord, je remercie Babelio et les éditions Hors d'atteinte de m'avoir permis de lire cet ouvrage dans le cadre des masses critiques.

Patriartech est un essai qui traite des nouvelles technologies (en particulier d'internet) par un biais féministe et critique tout en étant très simple d'accès.

En effet, je n'ai eu aucun mal à saisir le propos (du moins me semble-t-il) et la lecture était relativement plaisante (ce qui est une qualité pour un essai). L'autrice ne se place pas comme la sachante ultime et n'hésite pas à parler d'elle le moment venu, ce qui créé une certaine connivence que j'aime à retrouver, même dans les écrits dits sérieux.

L'autrice nous propose de (re)découvrir les figures oubliées de la création d'internet, à savoir les femmes, et nous montre comment sa construction s'est faite via un système patriarcal.

Cela permet donc de mêler une approche chronologique mais également actuelle des problématiques liées aux nouvelles technologies.

Pour cela, l'essai est construit en cinq parties, qui peuvent être lues de façon linéaire ou non.

Je ne mets pas cinq étoiles car j'ai néanmoins trouvé quelques portes ouvertes, en particulier dans le chapitre traitant des réseaux sociaux. En effet, c'est connu depuis longtemps que lorsque quelque chose est gratuit c'est l'utilisateur qui en est le produit.

Enfin, je ne peux que conseiller la lecture de cet essai, rigoureux sans être rigoriste et qui donne à penser le monde qui nous entoure.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
La Tech n'est pas un îlot séparé du reste de l'économie ou de la terre. Elle est bien tangible. Ses infrastructures ont un coût environnemental et social qu'il devient de plus en plus difficile d'ignorer.
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Les législateur·ices sont autorisés·es à prendre des mesures de protection quand les preuves scientifiques relatives à la santé humaine sont incertaines et que les enjeux sont importants. Cette question écologique est devenue particulièrement prégnante ces dernières années, notamment avec la croissance des modèles de langage et l'énergie qu'ils requièrent.

Nous devons nous interroger sur les moyens de responsabiliser celleux qui créent la technologie, notamment les technologies d'information, sans entraver une innovation qui pourrait bénéficier au bien commun - même si elle semble surtout bénéficier financièrement à ses créateurices. La question de la responsabilité transnationale de ces nouvelles entreprises demeure.
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Une interface qui disparaît veut dire un usage facilité et un usage facilité veut dire un usage plus fréquent.
Les réseaux sociaux sont conçus pour enregistrer nos réactions sans les interrompre et nous poussent non pas à représenter nos émotions, mais à les performer. Ainsi, plutôt que d'écrire "j'ai aimé ton post", on opte pour un double tapotement du doigt permettant de le liker. Il n'y a plus de distance entre l'émotion, la conscience que l'on en a et la façon dont on va décider de la communiquer à la personne dont on suit le compte.
(...)
Nous sommes dans un état constant de notation.
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"Patriartech" c'est l'alliance des outils les plus invasifs de nos vies privées et d'une oppression structurée depuis des siècles pour servir la domination d'un tout petit groupe. La tech est un enjeu économique aux mains d'une classe de milliardaires robber barons contemporains, qui modèlent une société à leur image, discriminatoire sous couvert d'universalité, individualiste sous couvert de philanthropie, révélatrice de l'essoufflement du néolibéralisme. Pour anticiper leurs prochains mouvements, il faut comprendre la tech dans son historicité et ses conséquences présentes.
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