- Sorcière ewu -
Onyesonwu est née de la souffrance du viol. Mais elle a aussi été ardemment désirée. Onye est une africaine à la peau claire qui, selon la légende, deviendra une personne violente puisqu'elle est née dans la violence. C'est une ewu. C'est pourtant une petite fille qui s'émerveille à chaque nouvelle découverte, qui est curieuse et désireuse d'apprendre. Elle aide sa maman autant que possible et se liera d'amitié avec un forgeron, qui deviendra son beau-père. En grandissant, elle comprendra les sacrifices qu'ils ont fait pour elle car les gens sont cruels, surtout quand ils ont peur.
Mwita est un garçon ewu lui aussi. Un lien puissant se créera entre eux pour bien des raisons. Et puis Luyu, Binta et Diti seront également liées a elle par un acte sacré mais néanmoins barbare. Enfin Aro, vieux sorcier arrogant, aux propos dérangeants, qui acceptera finalement notre personnage principale comme disciple pour l'aider à contrôler sa puissance. Car oui, Onyesonwu est une sorcière. Elle est d'une puissance à faire pâlir les plus sages.
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Onyesonwu, après avoir entendu l'histoire de sa mère, aura beaucoup de mal à se maîtriser. L'injustice de leurs sorts la ronge. Elle, et par extension ses parents, est traitée comme une paria, une malédiction par son peuple. Quand elle découvrira son pouvoir, elle cherchera la vengeance. Elle souhaitera la mise à mort de son géniteur. Quand elle partira, elle ne sera pas seule. Ce récit initiatique sur fond de légende Africaines est est cruel et tendre à la fois. L'enfant, l'adolescente puis l'adulte va traverser bien des épreuves. le rejet d'abord. Elle ne comprend pas pourquoi mais passe outre. La haine ensuite. Elle ne comprend pas, mais elle encaisse. L'incompréhension de sa situation. Elle aura du mal à comprendre mais elle s'accrochera. C'est un personnage fort et indépendant qui est dépeint. Si on peut penser qu'elle sera seule au départ, c'est sans compter sur sa force de caractère et son aura. Lors du rituel des 11ans, qu'elle rejoindra de sa propre volonté, elle gagnera des soeurs. Lors de ses premières transformations, c'est Mwita, apprenti guérisseur, qui la guidera. Il l'appuira également auprès de Aro, son maître. Si ce dernier refusera pendant des années de la prendre comme élève elle aussi, il finira par comprendre que c'est une nécessité.
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Derrière chaque personnage se cache force et faiblesse mais ils évoluent. Tous. Bien ou mal, ils évoluent. Les propos sexistes sont présents tout du long de l'histoire car les personnages ne changent pas en un claquement de doigt. Les hommes acceptent cette femme comme puissante sorcière mais ne cessent de lui rappeler qu'elle est une femme dès qu'ils sont contrariés. le racisme est très présent. Elle est considérée comme une divinité mais elle reste une ewu dès la première occasion d'humiliation. Chaque relation humaine est complexe et pas toujours agréable à lire tant elles sont criantes de vérité.
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C'est un roman qui m'a fait passer par toutes les émotions. J'étais en colère avec Onye, triste et soucieuse mais aussi heureuse et curieuse lorsqu'elle l'était. Je ressors de cette lecture de la même façon qu'en lisant Circe ou Boudicca. Grandi et fière. Je vais me pencher sur d'autres écrits de
Nnedi Okorafor car sa plume (à travers la traduction de
Laurent Philibert-Caillat) est un régal.