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EAN : 978B015YM490A
Gallimard (23 avril 1991) (30/11/-1)
4.38/5   8 notes
Résumé :
Flannery O'Connor
(1925-1964)

Flannery O''Connor est née en 1925 à Savannah d'une grande famille bourgeoise catholique. Elle obtient sa licence de lettres à Iowa en 1945, dessine, écrit, publie sa première nouvelle en 1946et part pour New-York. Elle a vingt-cinq ans lorsque se manifestent les premiers symptômes du lupus érythémateux, maladie dont son père est mort dix ans auparavant. Elle s'installe alors dans la grande ferme maternelle Andalu... >Voir plus
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Que lire après La Sagesse dans le sang - Les Braves gens ne courent pas les rues - Et ce sont les violents qui l'emportent - Mon mal vient de plus loin - Pourquoi ces nations en tumulte ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique

« Tout ce qui vient du Sud sera affublé de l'étiquette grotesque par le lecteur du Nord, à moins que le sujet ne soit réellement grotesque, auquel cas, il recevra l'étiquette réaliste ».
(Flannery O'Connor)

J'avais croisé sans le savoir Flannery O'Connor il y a bien longtemps, via l'adaptation de son roman « La sagesse dans le sang » par John Huston. le genre de film où l'on ne capte pas tout mais qui laisse une impression de malaise durable. Je les ai enfin retrouvés sur Babelio dans la critique de jeff2u12, grâce lui soit rendue.

Dans ce premier roman, on suit les pérégrinations de gens qui ont juste assez de neurones pour tenir leurs sphincters et proférer des absurdités. Ils sont ballotés par la vie et tentent parfois des initiatives désastreuses. Alors forcément, leurs comportements sont erratiques et leurs vies miteuses ne vont pas vers le beau.

Dans son deuxième roman « Et ce sont les violents qui l'emportent », un jeune garçon, élevé dans une ferme isolée par son grand-oncle fou de Dieu se retourne à la mort de ce dernier vers son oncle instituteur athée. Il est encore malléable, se tournera-t-il vers le bien (entrer dans le monde moderne) ou vers le « bien » (aller de par le monde prêcher la rédemption) ?

Ses nouvelles ne sont pas moins dérangées. Cette édition de ses oeuvres complètes en contient 26 des 31 qu'elle a écrites. On suit encore le même genre de personnages mais on a moins le temps de fouiller les arcanes de leurs pensées ou actions, ce qui les rend plus brutales. Il y est souvent question de personnages moins abrutis que la moyenne, mais imbuvables et qui se font généralement quand même poisser par la triste réalité de leurs environnements. D'autres sont justes des tranches de vies pitoyables, sans qu'un drame ne survienne.

On se demande un peu où elle voulait en venir, ce qu'elle voulait raconter de son Sud des États-Unis, depuis sa triple position d'outsider.

D'abord parce qu'elle était malade, atteinte d'un lupus héréditaire très invalidant qui avait tué son père alors qu'elle avait 15 ans et qui l'emporterait avant ses 40 ans. Ses dix dernières années ont été un calvaire dont la seule joie était l'écriture. Et peut-être aussi les oiseaux, notamment les paons de la ferme de sa mère où elle s'était réfugiée dès les premiers symptômes, à 25 ans.

Elle était ensuite catholique dans un arrière-pays très marqué par les baptistes, une sorte d'extrémistes protestants mi-allumés mi-affairistes (on croise quelques uns de ces prêcheurs ambulants qui deviendront bientôt télé-évangélistes). Pour elle, ce n'est pas anodin, elle a écrit que ce qu'elle écrivait était fortement imprégné de sa foi. Et pourtant, je n'ai pas vu en quoi. Si c'était juste pour dire que les « concurrents » baptistes sont des abrutis dangereux, c'est réussi. Mais les deux prêtres catholiques qui apparaissent dans deux nouvelles ne sont pas dépeints de façon élogieuse non plus. Et j'ai du mal à imaginer que ses ambitions se limitaient à ça.

Parce qu'elle était enfin une intellectuelle, échouée par les circonstances dans un univers d'une bêtise crasse, mélange détonnant de religion et de manque d'éducation, de pauvreté (à des degrés divers) et d'avidité, de fractures sociales apparemment inconciliables (entre blancs et noirs ; entre petits blancs « white trash » et ceux s'en tirant un peu mieux) et de constante pression sociale (chacun observe ses prochains à la recherche de la petite bête).

C'est sur ce monde qu'elle porte un regard d'une lucidité effarante, et c'est peut-être ce qu'elle a voulu laisser : une description sans fard de la façon dont la vie de ses concitoyens est ruinée par la bassesse de leurs pensées et ambitions. Tout ça en évitant soigneusement le moindre souffle épique, on n'est pas chez Faulkner.

Elle ne manifeste que très rarement de l'empathie pour ses personnages et pourtant, elle les décrit et les fait vivre avec un réalisme extraordinaire. Mais elle ne se considère surtout pas supérieure et traite sans plus d'aménité tous ceux qui pourraient lui ressembler. Il y a plusieurs diplômés d'université, tous d'une pusillanimité consternante. Et dans deux nouvelles émouvantes, elle se paie gentiment la fiole d'une intellectuelle infirme et d'une vieille fille qui se veut écrivain, qui rappellent étrangement sa propre situation.

Au-delà de ces histoires navrantes mais prenantes, cette femme reste un mystère. Peut-être sa correspondance donnerait-elle des clés, mais je préfère en rester là. Lui conserver cette aura d'étrangère à son propre monde et qui a pourtant si bien su le dépeindre.
(Et quand je pense que c'est ce terreau qui a engendré la musique que j'aime le plus au monde, cela me fascine totalement).
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LES OeUVRES ( presque) COMPLÈTES de FLANNERY O' CONNOR
Ce livre comprend ses 2 romans, La sagesse dans le sang, et, Et ce sont les violents qui l'emportent, ainsi que 3 recueils de nouvelles, Les braves gens ne courent pas les rues, Mon mal vient de plus loin et, Pourquoi ces nations en tumulte.
FLANNERY O' Connor, c'est une voix tout à fait particulière dans le sud des États Unis. Elle naît en 1925 meurt en 1964, c'est une fervente catholique au milieu d'un océan de protestantisme. D'autre part elle est atteinte d'un lupus érythémateux qui la clouera dans la ferme de ses parents et qui l'emportera à 39 ans. Elle est violente dans l'expression de ses personnages, elle a des formules lapidaires et ses descriptions sont peu aimables. Ses écrits sont remplis d'évangélistes de toutes sortes, moitié escrocs moitié illuminés. Elle pratique un humour noir, un peu macabre. Elle vit au milieu de « petits blancs racistes, de nègres menteurs, de faux prophètes » Elle a la plume bien acérée et en même temps comique.
Elle a vécu toute sa vie au milieu d'une foule d'animaux dont une centaine de paons. En la lisant, j'ai souvent pensé à Caldwell, mais en plus méchant, en plus radical. C'est un pur hasard de discussion qui nous vaut de connaître O' Connor en Europe. En effet lors d'une entrevue entre Maurice Edgar Coindreau et William Goyen, ce dernier lui parla d'une jeune femme de Savannah qui écrivait des nouvelles un peu « trash ». Coindreau qui était le traducteur de Faulkner, Steinbeck , Hemingway, Dos Passos et Capote ( excusez du peu) s'empressa d'en parler chez Gallimard qui l'édita.
Lisez cette femme, c'est une plume assez unique.
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le tracteur, l'ensileuse, la remorque repassèrent devant elles, avec un grondement et des grincements de ferraille. « Imaginez un peu le temps que ça aurait pris avec les mules et les hommes, cria Mrs. Mc Intyre. À cette vitesse-là, tout ce champ va être coupé en deux jours.
— Peut-être bien qu' oui, marmonna Mrs. Shortley, si y'a pas un terrible accident. »
Elle songea que le tracteur avait fait tomber à zéro le prix des mules : aujourd'hui, personne n'en aurait voulu, même pour rien : « Les prochains à disparaître, ça sera les nègres », se dit-elle.

LES BRAVES GENS NE COURENT PAS LES RUES : La Personne déplacée.
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Flannery O'Connor - An Admirable Voice in Literature
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