A chaque rentrée littéraire, j'achète mon Nothomb, c'est devenu un rituel en septembre comme faire les courses des fournitures scolaires.
« Pour éprouver la
soif, il faut être vivant »
Voici les huit mots énigmatiques de la 4ème de couverture de
Soif, le dernier roman d'
Amélie Nothomb empreints de philosophie ou d'alcoolémie (au choix😉).
Cette auteure à la bibliographie impressionnante aime toujours autant entretenir le mystère sur ses sorties littéraires...
Pas de suspense ou de circonvolutions inutiles pour entrer dans le vif du sujet et dire que
Soif m'a laissé sur ma faim...🙃
Dans ce roman, le lecteur partage les dernières réflexions de Jésus avant sa crucifixion. le point de vue narratif de Jésus est original: il s'interroge, doute, aime et éprouve l'amour, la
soif et la mort à travers sa condition d'homme. Cette posture narrative aurait pu être ébouriffante, transgressive voire passionnante mais se révèle dans l'ensemble assez superficielle sur le fond et manque d'une petite étincelle.
Après
les prénoms épicènes de 2018 que j'avais trouvé déjà trop conventionnel, j'attendais beaucoup mieux de ce roman qui était annonçait comme rock ‘ roll et culotté.
Associer la
soif et le procès de Jésus dans un roman est en soi une idée incroyablement audacieuse et je salivais d'avance de découvrir ce qu'avait pu concocter
Amélie Nothomb. Or, j'ai eu le sentiment que l'auteure se livrait à un exercice littéraire stylistique imposé plus qu'à une réelle réflexion sur le sujet.
Soyons bien clairs : l'écriture de la grande Amélie est comme toujours impeccable (n'est pas écrivain qui veut). Ma belge préférée m'impressionne toujours autant sur la forme. Ses tournures de phrases sont souvent fulgurantes et d'une intelligence fine et rare mais son grain de folie unique m'a manqué pour être transportée par ce récit parfois ennuyeux…
J'en attendais peut-être trop sur le fond (c'est souvent le cas avec les auteurs que je vénère).
J'imaginais un récit plus âpre, bousculant des institutions séculaires comme la religion ou la justice des hommes. le regard porté par Jésus sur cette grande mascarade de procès aurait pu être tellement plus fouillé par cette auteure qui excelle dans l'ironie ou le cynisme.
Au final, le récit m'a paru un peu léger, rapide et m'a laissé une impression d'inachevé avec une première partie du roman un peu longue. La seconde moitié du roman est parsemée de très beaux passages d'écriture et de jolies réflexions introspectives de Jésus mais cela ne m'a pas emballé plus que cela.
Je ne brûlerai pas ce que j'adore.
Soif a été une lecture agréable mais hélas sans passion.
J'ai raté mon rendez-vous 2019. J'attendrai 2020 en espérant cette fois un Nothomb plus déjanté.