Il fallait oser incarner la parole de Jésus ainsi.
Amélie Nothomb l'a fait. Oser donner corps à un des « personnages » le plus important de l'Histoire et peut-être un des personnages les plus importants de son histoire d'écrivaine.
Selon certaines interviews, l'auteure portait en elle ce projet d'écriture depuis longtemps. Chacun de nous porte une croix, qu'elle soit chargée de mort ou de vie. Peut-être ce livre était la sienne ? Et nous, Amélie, elle nous libère de nos besoins de réponses, pour nous offrir des questions justes.
Certains diront plume légère, pour un sujet lourd, je l'ai trouvée vraie.
Toujours cette vive intelligence dans son ironie, parfois mordante jusqu'au sang, toujours ce regard particulier, cette façon d'angler et de cadrer qui n'appartient qu'à elle et qui souvent nous fait changer notre vision.
Le tout enveloppé d'un brio éclatant fait de mille malices irrévérencieuses, ce dont nous nous délectons dans ses livres, les uns après les autres.
Je me souviens d'une quatrième de couverture qui parlait du « miracle de son écriture ». Inclassable. Comme Jésus tient !
Jésus, son père, Marie, les miracles, la « Passion », de son jugement jusqu'à la « résurrection », le corps, tout passe au crible de sa longue vue. Avec elle, on a le sentiment de flotter un cran au dessus.
Ce n'est ni l'ouvrage d'une bigote ni d'une anti-cléricale. C'est au-delà de ce propos.
C'est un peu comme si l'auteure, en se mettant à la place d'un homme qui n'était pas un ou qui l'était peut-être plus que tout autre, avait découvert, en marchant dans ses pas, dans sa chair, la vérité de l'amour.
Du corps. de la
soif, celle qui ne s'étanche jamais...
Un peu comme la
soif de lire, encore et encore
Amélie Nothomb. Alors, sûr, Amélie, je la relirai, mais peut-être pas tout de suite.
Pour laisser infuser sa pensée.
Je ne sais pas si c'était un des mes préférés, elle m'abuse à chaque fois et j'attends avec impatience le suivant. Ce qui est certain, c'est que je suis restée un peu sur ma
soif, avec en tête cette vieille "tirade" : "C'est un peu court, jeune homme !".
Il y a un rendez-vous avec Amélie à chaque rentrée, et il est bien souvent délicieux. Une année sur deux, disons, je me laisse prendre à son jeu. Celui-là était un peu délit-cieux, non ?