J'ai vu de si belles choses dans ce monde, mon ami. Depuis les ponts des plus grands bateaux. Mais elles ne se souciaient pas de moi. La beauté ne se soucie de personne. Seules les ténèbres nous attirent.
Je ne suis pas pareille, Josh. Ils m'ont pris quelque chose. Dans cette maison. Quelque chose de petit, mais d'important, qu'il est dur de localiser, parce que je ne suis pas sûre de me souvenir de ce que c'était. Mais je sais... je suis persuadée qu'une chose a disparu, qu'elle m'a quittée. Je croyais... Je veux que ça cesse. Que lui... qu'elle et lui soient retrouvés. Alors peut-être que je pourrai faire mon deuil et tourner la page. Pour moi et pour les autres. Parce que je ne suis pas certaine que ce soit le cas pour l'instant.
Les ténèbres ont toujours été là, de toute manière. Elles étaient là les premières. Elles ne se dissiperont jamais.
Parfois, seule l'obscurité l'entourait. Cette obscurité dans laquelle elle se savait minuscule ; un grain de sable dans une étendue infinie, glacial et vide. Elle semblait si insignifiante dans l'immensité du néant qu'elle avait du mal à respirer.
Stéphanie fit volte-face et tenta de remonter les marches vers le deuxième étage en courant. Knacker, les bras grands ouverts, l'intercepta tel un sauveur déloyal. Fergal les rejoignit rapidement et plongea ses longs doigts dans la chevelure de Stéphanie. Sa main se resserra sur sa tête tel un étau. Il lui souffla au visage son haleine pestilentielle.
- T'appartiens à Black Maggie, salope. On lui appartient tous, ici.
Elle faillit rire de sa sensiblerie. Non, elle respirerait jusqu'à ce qu'ils mettent fin à ses jours et à tout ce qu'elle était : ses pensées, ses émotions, ses souvenirs et ce qui la liait aux autres. Elle.
La malchance, la pente glissante qui l’entraînait, de plus en plus vite, toujours plus bas, avec l’élan du malheur.
Deux choix s’offraient à elle. Soit elle restait dans cette maison, craignant pour sa sécurité à cause des deux hommes qui rôdaient dans les parages, soit elle essayait de se rendre à Coventry ce soir, où elle n’avait pas pu trouver le moindre travail, épuisée et sans le sou. Cette seconde option la plongerait dans une autre sorte de manipulation émotionnelle, celle d’un ex.
C'était la fin, mais aussi le future, parce que la maison n'était une véritable conclusion qu'à la vie, pas à l'existence.
La beauté ne se soucie de personne. Seule les ténèbres nous attirent.