un récit mythique dont le titre a traversé les époques et cette nouvelle mérite sa notoriété: je vous conseille de la lire, elle n'est pas très longue et dévoile le style de l'auteur et son talent !
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Mais, m'a-t-elle vu seulement ? M'a-t-elle remarqué à la place où je suis assis tous les soirs pour l'admirer et l'applaudir, et puis-je penser que mes présents ne seront pas la seule cause de sa démarche ?
Vers dorés
Homme, libre penseur ! te crois-tu seul pensant Dans ce monde où la vie éclate en toute chose ? Des forces que tu tiens ta liberté dispose,
Mais de tous tes conseils l’univers est absent.
Respecte dans la bête un esprit agissant :
Chaque fleur est une âme à la Nature éclose ;
Un mystère d’amour dans le métal repose ;
« Tout est sensible ! » Et tout sur ton être est puissant.
Crains, dans le mur aveugle, un regard qui t’épie : À la matière même un verbe est attaché...
Ne la fais pas servir à quelque usage impie !
Souvent dans l’être obscur habite un Dieu caché ; Et comme un œil naissant couvert par ses paupières, Un pur esprit s’accroît sous l’écorce des pierres
– Vous qui parliez de capitulation de conscience, docteur, dites-nous si cette mort du sergent ne ressemble pas un peu à un assassinat. Est-il sûr que le Prussien eût tué Desroches ?
– Mais c’est la guerre, que voulez-vous ?
– À la bonne heure, oui, c’est la guerre. On tue à trois cents pas dans les ténèbres un homme qui ne vous connaît pas et ne vous voit pas ; on égorge en face et avec la fureur dans le regard des gens contre lesquels on n’a pas de haine, et c’est avec cette réflexion qu’on s’en console et qu’on s’en glorifie ! Et cela se fait honorablement entre des peuples chrétiens !...
Les illusions tombent l'une après l'autre, comme les écorces d'un fruit, et le fruit, c'est l'expérience. Sa saveur est amère.
Quelquefois tout était plein, quelquefois tout était vide. Peu m’importait d’arrêter mes regards sur un par terre peuplé seulement d’une trentaine d’amateurs forcés, sur des loges garnies de bonnets ou de toilettes surannées, – ou bien de faire partie d’une salle animée et frémissante couronnée à tous ses étages de toilettes fleuries, de bijoux étincelants et de visages radieux. Indifférent au spectacle de la salle, celui du théâtre ne m’arrêtait guère, excepté lorsqu’à la seconde ou à la troisième scène d’un maussade chef-d’œuvre d’alors, une apparition bien connue illuminait l’espace vide, rendant la vie d’un souffle et d’un mot à ces vaines figures qui m’entouraient.
Poésie - Une femme est l'amour - Gérard de NERVAL