Vous le savez déjà, la bande dessinée et le roman graphique ne m' ont jamais vraiment aimée... Ou plutôt, j'ai toujours eu de la peine à apprécier ces deux styles d'expression littéraires. Pourtant, j'en suis convaincue, ils cachent des trésors dans leurs entrailles mais ceux-là me paraissent souvent inaccessibles.
Mais je persiste. Je continue d'espérer le coup de coeur, le coup de foudre, le coup de chaleur, le coup pied aux fesses... Pourtant c'est le coup de mou qui se présente à chaque fois.
L'explication de cette succession de déception trahit ma difficulté à apprécier le texte et le dessin simultanément à leur juste valeur, mon esprit étant bien trop accaparé par l'un ou l'autre.
La tempête de
Marino Neri aurait dû me rendre la tâche plus facile car le texte est réduit au minimum vital. le dessin s'exprime librement au fil des pages et attire vraiment l'attention. Les planches sont bicolores, rose-orangé pour les scènes de jour et bleu pour les terreurs de la nuit. Rien de tel pour marquer la dualité et le duel des émotions : le jour est paisible et ensoleillé comme mon coeur lorsqu'il lit ses pages. Et la nuit est remplie d'angoisse, de violence, de peurs et d'incertitudes comme lorsque j'en prends le chemin et que je visite les pages d'obscurité.
Excellent choix de l'auteur qui nous fait jongler ainsi entre deux univers.
Pourtant je reste à quai, une fois de plus. Je n'ai pas accroché au dessin de
Marino Neri. Trop brut, trop direct, tout en force. Je n'ai pas trouvé de poésie, de magie dans les traits des personnages sauf peut-être lorsque Manuel se met en marche sur les sentiers campagnards. Mais cela change brusquement lorsqu'il rencontre les humains de ce coin de pays.
Il y a peu d'espoir dans ce roman graphique qui porte bien son titre.
Dans la vraie vie, après
la tempête, il y a la solidarité, la reconstruction, la paix. Rien de tel ici. Je suis restée dans un mouvement de violence et de solitude au moment de fermer cet ouvrage, qui me laisse un goût amer.
"Riders on the storm ,
Riders on the storm
Into this house we're born,
Into this world we're thrown
Like a dog without a bone
An actor out on loan
Riders on the storm."
The Doors
Un grand merci à Babelio par l'opération Masse Critique et aux Editions Casterman pour l'envoi de ce livre.