Je voulais pas paraître fou. Mais je le suis, je le sais. Depuis que j'ai croisé ce regard... Ce regard vide... Je le revois à chaque fois que je ferme les yeux... Il me suit... Je sens cette chose qui m'épie, tout le temps... Regarder cette chose en face, c'est plonger dans la folie... Je me suis fait internet avant de perdre la tête... Au début, je craignais juste de sortir de chez moi. J'avais l'impression que la chose aux yeux vides me trouverait si je sortais... Et puis... J'ai fait des crises de somnambulisme ; je n'en avais jamais fait avant. Et j'ai commencé à me mutiler dans mon sommeil. Ça a terrorisé ma femme... Ça s'est arrangé depuis que je suis ici. Mais je sais que je suis foutu... Si jamais j'arrête mes traitements, ça me retrouvera...
Indéfinissable. Rien qu’on connaisse. Rien qu’on puisse décrire. Rien qu’on puisse supporter de voir.
On assume une connerie, et ce qu’on est est loin d’en être une. La connerie, c’est les autres.
Humaniser les prisonniers induisait une torture supplémentaire à leur enfer.
Et si vous alliez vous faire mettre cinq minutes ? la coupa-t-il. À défaut de vous ouvrir l’esprit, au moins ça vous élargirait autre chose…
« Si elle détaillait encore les lieux, elle perdrait l’usage de ses jambes et sa volonté. Elle ferma la porte. Désormais, son havre de paix n’était plus qu’un cimetière maudit. »
La belle femme n'avait plus rien de belle, ni plus rien de femme. Ses yeux blancs, crasseux, dévoraient tout son visage squelettique et étiré. La bouche s'ouvrait sur des lames de rasoir.
Une main pourrie et décharnée se referma sur le bras de Sofia.
« Ci-gît la faille entre les mondes de Vahya’Mhfir’Skka. Gardez vos enfants loin de la dame aux yeux vides. »
Le sculpteur de cette chose devait être obsédé par Lovecraft ou sous LSD. Sans doute un peu des deux. Mélissa en parlerait à Audric ; il y trouverait une source d'inspiration supplémentaire pour ses photos. Ensuite, elle convaincrait Mia de jeter cette atrocité.