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Citations sur Les Mystères de soeur Juana, tome 2 : Sang d'encre (11)

Elle conduisit ses jeunes amies à l'endroit du couvent où les religieuses n'allaient jamais, même par erreur : la bibliothèque.
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— Ce n’est pas une question de religion mais de pouvoir, murmura sœur Gertrudis. C’est de la politique.

— Exactement, acquiesça sœur Juana. L’Espagne a besoin de l’or, du bois et des navires que l’on produit ici. La Couronne n’est toujours pas remise des désastres de la guerre de Quatre-Vingts Ans, et les mauvaises langues prétendent que la monarchie espagnole ne s’en remettra jamais totalement. Imaginez que, soudain, les colonies qu’il lui reste de ce côté du monde se soulèvent ?
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C’est alors que les cloches se mirent à sonner, arrachant Alina à ses rêveries. À point nommé, car l’apparition de la vieille sœur Quintina, avec sa peau fripée, son allure de revenante et son chat dans les bras, l’aurait épouvantée.
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Cependant, comme l'avait dit soeur Juana, le meilleur remède contre la jalousie et l'envie était de provoquer le bonheur d'autrui ; il fallait s'entourer de joie jusqu'à en être contaminé.
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Sœur Juana entrelaça les doigts.

— Je vous l’accorde. Mais cette affaire est particulièrement épineuse pour deux raisons. Tout d’abord, parce que celle qui passe pour l’aguicheuse est doña Elvira, et son mari s’en lave les mains. C’est typique des aristocrates : ils versent tous dans le péché et la débauche, s’incitent même mutuellement au mal, mais ce sont toujours les femmes qui sont perfides et coupables…
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Elle contempla les volumes empilés sur le bureau, près de ses rouleaux de notes, de ses flacons de plantes et du gros manuel d’herboristerie hérité de son père. Que les mots étaient puissants, quand on savait les conserver.
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Elle n’était plus seule, dans le silence et la pénombre de ce laboratoire improvisé. Pas besoin de réfléchir ni de trouver réponse à tout ; des milliers d’esprits brillants avaient vécu avant elle, s’étaient confrontés aux mêmes problématiques et avaient mis au point les plus ingénieuses des solutions. Et même au-delà de la mort, ces voix lui parlaient à travers les pages et l’encre.
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— De qui donc, alors ?
— De votre petit-fils.
— Demián ?
— Exact. Que vous avez envoyé à la capitale pour trouver une épouse.
Doña Marina se couvrit le visage de sa grosse main gantée.
— J’imagine déjà. Ivresse ? Jeux d’argent ? Bordels ?
Le père Nuñez ricana.
— Si seulement.
— Si seulement ?
— Disons qu’il est devenu l’ami intime de…
Il s’éclaircit la voix.
— … don Carlos Sigüenza y Góngora.
— Et qui est-ce encore, celui-là ?
Le père soupira.
— Vous êtes bien mal informée. C’est un autre scribouillard qui s’est attiré la sympathie des comtes de Galve. Ces derniers le paient pour pondre un pavé insipide d’aventures qui ne valent pas tripette.
— Encore un qui roule sur l’or ?
— Pensez-vous ! C’est un crève-la-faim. Il est aumônier dans un affreux hospice réservé aux… hum… vérolés.
— Vérolés ?
— Les personnes atteintes de la syphilis.
— Je sais ce que cela veut dire. Mais en quoi cela me concerne-t-il ? Soutire-t-il de l’argent à mon Demián ?
— Non, pire.
— Pire ! s’exclama doña Marina, qui ne pouvait rien concevoir de plus tragique que de perdre son argent.
Le père baissa d’un ton.
— Don Carlos jouit d’une certaine… réputation.
— Réputation ?
— Oui. Il appartenait à l’ordre de la Compagnie de Jésus, mais il en a été exclu il y a vingt ans. La raison de son renvoi n’a jamais été établie, cependant… Les mauvaises langues l’accusent de…
Il s’approcha de la grille pour marmonner le dernier mot. Au même instant, l’organiste plaqua un accord assourdissant.
— Je n’ai pas entendu, dit la comtesse.
Le père chuchota à nouveau, à peine plus fort, mais l’accord final se prolongeait.
— Je n’ai toujours pas enten…
— Sodomie !
Son cri exaspéré coïncida avec la pause solennelle entre deux cantiques, et le mot infâme se propagea jusqu’aux fidèles, aux mères et aux enfants."
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Don Gaspar avait les yeux globuleux, les lèvres exagérément charnues, et son nez, comme son menton, trahissait les nombreuses générations de cousins qui s'étaient mariés entre eux.
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Don Manuel s’éclaircit la voix.

— Ce n’est pas tant mon opinion qui compte. Tu sauras, ma fille, dit-il en s’adressant à Alina, qu’il y a des personnes, parmi lesquelles l’archevêque Aguiar, qui soutiennent que les Indiens ne furent pas créés en même temps que le reste des hommes. Et puisqu’ils ne descendent pas d’Adam, le Seigneur les a placés sur ces terres reculées, loin de Son œuvre maîtresse qu’est l’humanité. Cela ferait donc des Indiens de simples créatures du Seigneur. Sans âme. Sans espoir de salut. Alors de là à parler de canonisation, imaginez !

Il prononça cela avec un naturel confondant, comme si Matea, l’Indienne qui venait de lui servir son porto, n’existait pas. Alina vit les mains brunes de la jeune fille se crisper autour de la carafe.

— Ne me dites pas que vous croyez vous aussi à ces inepties, réagit sœur Juana. Quiconque a eu affaire à des Indiens et les connaît n’oserait affirmer qu’ils sont dépourvus d’âme.

— Je le sais, ma sœur, je le sais, mais pour le moment, tel est le consensus au Vatican. Voilà pourquoi notre travail d’évangélisation est si important.

Il se tourna vers Matea, qui crut qu’il allait lui adresser une parole clémente, mais l’évêque se borna à donner de petits coups sur son calice pour obtenir plus de liqueur.
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