Dans ce livre,
Marion Muller-Colard, théologienne protestant, cherche à réconcilier cette notion d'intranquillité avec celle de la foi. Combien de fois n'avons-nous pas entendu: "Evidemment, pour toi, c'est facile: tu as la foi!" Comment si la foi se possédait et nous mettait à l'abri de toute secousse intérieure... ou extérieure d'ailleurs. Or non, avoir la foi ce n'est pas être détendeur de certitudes inébranlables, ni de vérités intangibles.
Voilà qui devrait rassurer tous ceux qui ne se sentent pas comme des chrétiens idéaux, mais comme des gens parfois anxieux, doutant ou cherchant son chemin parfois à tâton. Or, l'auteur montre que le Christ lui-même se laisse parfois interpeller et est moins sûr de lui qu'on ne pourrait le croire.
Elle démontre également que cette sorte d'intranquillité fondamentale n'empêche pas d'être fécond dans son existence.
Bien sûr, cette intranquillité peux se mettre en tension avec une certaine notion de paix (Je vous donne ma paix). Mais cette paix nous est donnée tout en nous envoyant dans le monde. Et dans ce monde, nous sommes appelés à être à la fois simple comme la colombe, mais également prudent comme le serpent. Autrement dit, en nous envoyant dans la rencontre, nous serons nécessairement dérangés, bousculés dans notre foi, notre rapport à nous-mêmes générés par l'altérité. Ainsi, la paix profonde n'est pas à prendre comme un bouclier.
Il y a aussi de belles pages sur Marie, cette jeune femme qui n'a rien demandé à personne et qui pourtant est bousculée au plus profond d'elle-même par la survenue de l'inouï, de l'indicible. Ceci aura des conséquences car elle va devoir affronter l'opprobre, le regard de la société, de son fiancé. Elle subit de plein fouet cette intranquillité et elle n'y est pas préparée. Sa vulnérabilité est un modèle de femme qui assume et dit oui à l'intranquillité... comme tous les parents finalement.
On le voit, la paix, ce n'est pas l'absence de tourment ou de difficulté, mais c'est la place pour un surplus de grâce. C'est au coeur de notre fragilité qu'elle est à accueillir.