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sur 161 notes

Parmi les idées saugrenues et aberrantes de l'Allemagne nazie, figure sûrement leur création d'une association visant la naissance d'enfants aryens purs, dignes de la race des seigneurs. Cette association, qui porte le nom de "Lebensborn" ou Source de vie, fut créée dès le 12 décembre 1935. Elle ressortait sous le haut patronage de l'horrible Reichsführer-SS, Heinrich Himmler, né le 7 octobre 1900 à Munich, grand manitou de la redoutable Gestapo, qui s'est suicidé à Luneburg, en Basse-Saxe, le 23 mai 1945.

La plus célèbre enfant de Lebensborn est incontestablement Anni-Frid Lyngstad, chanteuse du groupe ABBA, née le 15 novembre 1945 près de Narvik en Norvège, comme une des 12.000 enfants de mère norvégienne et père allemand. Ce n'est qu'en 1977 que Frida a rencontré son père naturel, le sergent Alfred Haase, Allemand et marié.

Sur le "programme" Lebensborn existe une multitude de livres, documentaires, films, séries télévisées et même un jeu vidéo "Mon enfant Lebensborn".
Il y a entre autres les ouvrages de Will Berthold (1958), de Georg Lilienthal (2003) et le plus connu "Lebensborn, la fabrique des enfants parfaits" de Boris Thiolay de 2014.

Les inspirateurs théoriques de ce phénomène curieux ont été essentiellement le Français Arthur Comte de Gobineau (1816-1882) avec son "Essai des inégalités des races humaines" de 1853 ; le Britannique Houston Stewart Chamberlain (1855-1927) avec "La Genèse du XIXe siècle" ; et l'Allemand Alfred Rosenberg, le philosophe du Parti Nazi, né en 1893, condamné à mort lors du Procès de Nuremberg et pendu le 16 octobre 1946.

Je m'excuse si j'ai été un peu long à présenter l'arrière-plan du merveilleux roman de ma compatriote, Caroline de Mulder. Pour nos jeunes lectrices et lecteurs, j'ai pensé que mon petit résumé, mettrait cependant davantage les qualités de ce roman en relief.

Au Heim Hochland, le premier centre de l'association Lebensborn à Steinhöring, en Haute-Bavière à une cinquantaine de kilomètres à l'est de Munich, sous la direction de l'Oberführer (colonel) dr. Georg Ebner (1892-1974), l'ancien toubib de la famille Himmler, l'auteure nous présente ses protagonistes principaux, début décembre 1944, à l'occasion de la visite de l'affreux Himmler pour une cérémonie de "Namengebung" qui, au lieu de baptême chez nous, consistait à donner un nom et un parrain à un nouveau-né de façon à l'admettre dans la communauté nazie.

Ainsi, nous faisons donc la connaissance de l'adolescente Renée, originaire de Caen en France, qui attend un bébé de celui qu'elle croit être son grand amour, le soldat allemand Artur Feuerbach, à qui elle "pense tout le temps,... même sans y penser".
Un amour de jeunesse prohibé, qui lui a valu d'être chassée de chez elle et tondue.
Elle écrit aussi des lettres d'amour à son Artur, qui est quelque part sur le front et ne répond jamais à ses billets doux.
Dans le doute, mais plein d'espoir, notre Renée fait des sacrés efforts pour apprendre, en attendant, la langue de Goethe.

Autre personnage attachant : "Schwester" ou soeur Helga, un monument vivant d'humanité, qui dans cet enfer essaie d'aider ses pauvres jeunes mères avec leurs bébés et les futures mamans dans leur grossesse, tout en se chargeant des tâches administratives du docteur Ebner, son chef.

J'arrête là mon synopsis, pour avouer mon honte que l'auteure de ce remarquable récit m'était complètement inconnue, c'est d'autant plus grave que Caroline de Mulder est née dans la ville de Gand, où j'ai fait mes études secondaires, quoique quelques années avant sa naissance en 1976.

Je regrette qu'à cause d'un arrêt de coeur, mon cardiologue m'a interdit les grandes distances, car j'aurais vraiment aimé me rendre à Paris, le 26 avril prochain, pour la rencontre avec Caroline de Mulder, organisée par Babelio et l'éditeur Gallimard, l'entendre présenter son oeuvre et surtout lui offrir mes sincères félicitations.
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La Pouponnière d'Himmler met en scène dans un lebensborn un prisonnier de Dachau qui vient y travailler, une adolescente française séduite pour un jeune soldat allemand de la Waffen SS dont elle attend un enfant, et une infirmière allemande qui comprend peu à peu dans quoi elle est engagée…

Je ne doute pas que l'auteure ait fait quelques recherches pour écrire son livre, qui reste néanmoins dans la catégorie de ceux dont on se demande pourquoi ils sont publiés car il n'apporte rien à ce qui a déjà été dit et écrit. Un roman — presque dans l'air du temps assez malsain qui, pour faire vendre, consiste à écrire des livres ayant pour « décor » les camps — que je n'aurais pas fini si ce n'était une lecture commune.
Mais ce n'est que mon avis bien sûr.
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Pouponnière : c'est un joli nom qui évoque des bébés joufflus et souriants .
Les bébés , leurs mamans et les futures mères sont effectivement plutôt choyés dans le Heim Hochland en Bavière mais , mais ...

Nous sommes en 1944 et ce Lebensborn modèle a été créé par Himmler, comme les autres , répartis dans l'Allemagne nazie et sont là pour favoriser le développement de la race aryenne .

Caroline de Mulder s'attache à nous raconter l'histoire de trois personnes :

Renée , une très jeune française, chassée de sa région pour avoir fréquenté l'ennemi . Elle trouve refuge , alors qu'elle est enceinte dans ce Heim .
Elle n'a pas de nouvelles d'Artur, le soldat allemand et elle ne sait pas où il est parti combattre .
Les autres pensionnaires la voient d'un oeil suspicieux et elle s'interroge sur son avenir ainsi que celui de l'enfant à naitre ...

Helga, une infirmière allemande de 22 ans , respectueuse de sa hiérarchie et des règles imposées mais elle commence à avoir des doutes sur le bien fondé de cette institution, d'autant plus lorsqu'un bébé "différent" est envoyé dans un hôpital psychiatrique et y décède rapidement .
La fissure va se creuser peu à peu , elle noie ses interrogations dans le travail .

Marek est un prisonnier polonais , sorti de Dachau pour travailler autour du Heim , il a faim et soif, se fait fouetter pour désobéissance et observe ces femmes dans le parc de la propriété tout en pensant à sa femme enceinte dont il n'a pas de nouvelles.

Nous sommes en 1945 , et la victoire qui semblait acquise pour ces allemands patriotes devient plus incertaine, les conditions changent et se dégradent rapidement , le Heim voit affluer d'autres mères et nourrissons ...
Et pour Helga la lumière sur la réalité de ce programme d'eugénisme lui ouvre violemment les yeux .
J'ai beaucoup aimé l'approche de Caroline de Mulder avec , à travers ses personnages , les différentes facettes sombres : la détresse d'une toute jeune femme qui a cru trouver l'amour mais pas dans le bon camp, le patriotisme qui va de soi jusqu'à ce que l'évidence surgit enfin .

Pendant une longue période, il a été peu question de ces Lebensborn et du devenir des enfants qui y sont nés , la littérature devient plus abondante sur ce sujet et c'est une excellente chose de mettre en avant les effets de l'eugénisme, une sélection abjecte. Il reste encore beaucoup de choses à écrire, je pense , sur le devenir de tous ces enfants dont un certain nombre ont été kidnappés , d'autres étaient orphelins .
La destruction des archives a rendu leur identité impossible .

Malheureusement, le déplacement d'un certain nombre d'enfants de l'Ukraine vers la Russie procède de la même idée, formater à une idéologie dangereuse ...

Restons vigilants !
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Le régime nazi n'avait pas de limite pour promouvoir la race aryenne !

La création par Himmler des Lebensborns (Fontaines de vie) se concrétisa par des maternités spécifiques en Allemagne et dans certains pays occupés. La femme y était accompagnée, donnant naissance à des enfants dont les pères (plus volontiers SS) cochaient la case d'élite raciale.
Plus largement, la germanisation d'orphelins, les rafles d'enfants étrangers aux critères aryens, l'élimination d'handicapés à la naissance et la stérilisation maternelle pour patrimoine génétique incertain constituaient le programme d'eugénisme du Troisième Reich.

Les personnages de Caroline de Mulder incarnent en narration chorale cette page sociale délétère du national-socialisme.

Renée, jeune française amoureuse d'un soldat allemand y poursuit une grossesse, entourée d'infirmières, de médecins et de parturientes, dans une atmosphère quasi militaire d'idéologie nazie.

Helga, jeune infirmière allemande, voit peu à peu se troubler son engagement et ses certitudes dans une compréhension des dérives du régime.

Hors de ce Lebensborn de Bavière, la guerre se poursuit, moribonde, et les prisonniers des camps peinent à survivre, tel Marek le jeune polonais, brisé dans son corps et son âme par la perte de ses proches.

Un roman historique âpre, douloureux, documenté, dont le style narratif sec et efficace rend parfaitement la noirceur du sujet.
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L'eugénisme et ses dérives.

Himmler lance, dès 1935, l'idée d'une race pure et germanisable qui sera développée dans des maternités (il y en aura aussi en France et en Belgique).

Le Heinhockland (Bavière) dans lequel nous pénétrons par la plume de Caroline de Mulder dévoile tous les mécanismes de cette idéologie.
Chaque personnage évoqué est représentatif des conséquences de cette guerre destructrice jusqu'à l'impensable, le difficilement supportable, l'inimaginable que l'on n'arrête pas de découvrir.

Helga, l'infirmière en proie aux questionnements rapidement engloutis par son embrigadement.
Doutes, malaise, abandon à l'Ordre.
Renée, la française tondue, rejetée, en attente de la naissance du fruit d'un amour allemand qui n'a que faire d'elle.
Marek, passé par Dachau et réduit à une condition animale, travaillant à la constructions des bâtiments devant accueillir des enfants : le degré zéro de la vie.

Des futures mères, des "infirmières", un docteur dirigeant, des bébés, des très petits, des convictions, des regards différents selon l'origine de la mère (étrangères, filles mères, etc...), des règlements organisant la vie quotidienne et les soins aux enfants.

Des non-dits, des pensées détournées vers le pire, des pensées uniques non habitées personnellement et le danger qui en découle.
Un but : la pureté de la race et sa construction forcée, la création d'un nouvel être, "l'élevage" de futurs seigneurs de guerre.
Des enfants "triés", examinés sous tous les aspects possibles (les mères aussi), des grilles tueuses : le tri amenant l'exclusion et/ou la mort précédée parfois par d'atroces souffrances dues aux expérimentations médicales.

Et puis l'arrivée des Américains, la délivrance et l'anéantissement. La douleur qui n'en finit pas.

L'auteure nous offre cependant une fin plus humaine avec Marek qui laisse s'entrevoir l'espérance d'une humanité plus digne de ce nom mais, que de chemins encore à accomplir avec le poids de ce qui fut vécu.

Caroline de Mulder, par une écriture "scalpel", précise, sans fioritures, qui fait exister êtres et lieux, remue en nous émotions, larmes, révolte, nausées, apitoiement, tendresse douloureuse.
Un roman qui raconte une réalité sans nom où l'humain est englouti sous une idéologie abjecte.

Dire est nécessaire, ne pas oublier, rester vigilants, voilà les leçons à tirer de ce livre coup de poing et magistralement bien écrit.


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Dans son dernier roman "La pouponnière d'Himmler", Caroline de Mulder s'intéresse à une maternité nazie située en Bavière : le Heim Hochland. Dans ce Heim, des jeunes filles, des jeunes femmes enceintes ou avec leurs nouveaux-nés. Leur point commun, ils sont tous et toutes enfants de SS. C'est Himmler lui-même qui a imaginé ces lebensborn où devaient se réaliser la naissance des enfants de sang pur, obsession des nazis et de son Reichsführer-SS. Les paladins du Reich étaient appelés à faire des enfants à ces jeunes filles pour assurer une nouvelle génération de guerriers au Reich millénaire. Caroline de Mulder s'intéresse à trois personnages pour nous faire pénétrer dans ces lieux. La première s'appelle Renée, elle est française et a seize ans. Elle vit en Normandie en 1944 lorsqu'elle rencontre un tout jeune adolescent de dix huit ans, un SS allemand. A la veille de partir au front, le soldat SS et la jeune française s'unissent. Malheureusement, elle doit partir car elle est enceinte et le sort réservé aux femmes ayant côtoyé l'ennemi est d'être tondu. C'est le traitement qu'elle subit alors elle s'enfuit vers l'Allemagne. Elle arrive en Bavière à la fin de l'été 1944. Dans le Heim de Hochland. En attendant son accouchement, elle y découvre un monde où la guerre ne semble pas avoir de prise. La nourriture, l'hygiène, les soins sont exceptionnels en cette période de guerre. le deuxième personnage est une infirmière allemande du nom de Helga. C'est elle qui va s'occuper de Renée entre autres jeunes filles. Helga est aveuglée par son attachement au nazisme et sa mission au côté d'un médecin SS dont elle ne verra que trop tard les compromissions. Helga est du côté du mal absolu mais elle ne s'en rend même pas compte. La visite de Himmler à la pouponnière d'Hochland la transporte de joie. La guerre prend un mauvais virage pour les nazis depuis longtemps mais là les choses s'accélèrent en cette fin d'année 1944. Enfin, le troisième personnage s'appelle Marek, il a le sort le plus terrible car il est prisonnier et s'occupe du jardin du Heim. Il est traité en esclave par les SS, une bête avait un meilleur sort, lui qui a quitté le camp de concentration de Dachau avec ces tortionnaires. C'est un roman qui témoigne d'un sujet peu abordé, le tout avec une acuité réelle. le sort des trois personnages alterne lors de courts chapitres. L'écriture n'est jamais redondante, elle va à l'essentiel pour nous décrire une situation tragique. L'Allemagne brûle sous les bombes, les assauts des armées alliées et soviétiques qui avancent en rouleau compresseur pour libérer le pays, et au milieu de ce chaos : le Heim. Ce qui au départ se voulait un « paradis nazis », se révèle être un outil de sélection drastique aux critères raciaux ubuesques. La folie destructrice nazie se répercute jusque dans ce gynécée quoique de façon très feutrée et clinique. En apparence, tout est fait pour le bonheur de la jeune fille allemande qui a procréé. Mais cette réalité se fissure face à la défaite totale des nazis qui se profile. le sujet est passionnant, très bien traité et les trois personnages ont chacun un angle d'approche différent permettant de saisir au mieux le contexte de la vie dans ces lebensborn. C'est un roman où l'on mesure combien le sort des femmes étaient fragiles. Caroline de Mulder s'intéresse avec brio au mal, au choix de ces femmes. Je recommande.
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Nous sommes en Bavière en 1944, la fin de la guerre approche peu à peu. La première maternité nazie, Heim Hochland, semble préservée de tout, un grand parc, un étang, il ne manque de rien pour les futures mères et les nourrissons. Un hâvre de paix en apparence. Détrompez-vous, nous sommes dans un "camp de vie" à l'opposé des "camps de la mort", dans un Lebensborn, un programme imaginé par Himmler pour produire de futures recrues SS, pour créer une race aryenne pure.

C'est un roman choral où trois personnes s'expriment tour à tour.

- Renée, une toute jeune française qui a dû fuir sa Normandie natale, cette jolie rousse en a bavé, elle arrive tondue après avoir été exhibée, malmenée dans son pays pour être tombée amoureuse d'Artur Fuerbag, un soldat allemand dont elle est enceinte. Amoureuse, jeune, naïve, elle attend son enfant et pense à lui constamment, lui écrivant et attendant des lettres qui n'arrivent pas.

- Schwester Helga, est une jeune infirmière modèle qui veille sur les futures mères et les nourrissons. Elle est l'assistante administrative du docteur Ebner qui dirige le centre. Elle est inconsciente de la finalité du projet, se donne corps et âme dans son travail. C'est la seule à avoir un peu d'humanité. Elle rédige son journal et se pose des questions suite au dossier de Jürgen, un bébé un peu différent et sa mère Frau Geertrui.

- Marek Nowak est un prisonnier politique polonais. Il était à Dachau, il s'occupe à présent de l'entretien du parc et de la construction d'annexes au Heim. Il repense à sa femme et à son enfant qui aurait dû naître, cela hante ses pensées mais alimente aussi l'espoir.

Un récit parfaitement maîtrisé qui nous donne un point de vue essentiellement féminin, une véritable immersion dans un Lebensborn. On comprend bien la notion d'endoctrinement, le manque d'humanité lorsqu'un enfant ne répondait pas aux critères fixés, le sens du devoir mais aussi peu à peu des doutes, des interrogations par rapport à la finalité et la réalité du projet.

Un roman très visuel à la plume précise, sobre. Un récit bien documenté. On comprend que si on supprime une population, l'objectif est d'en recréer une autre, une race aryenne pure pour produire des recrues SS. L'inimaginable pourtant issu de la pensée d'Himmler. Des enfants enlevés, germanisés de force car racialement valables, des enfants sans identité, rejetés après la guerre car personne n'en voulait.

Ce roman nous montre la cruauté de l'âme humaine mais nous parle aussi d'espoir. J'ai beaucoup aimé la résilience de Marek. Je ne vous en dis pas plus, c'est un livre à lire absolument.


Ma note : ♥♥♥♥♥
Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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L'auteure, le livre (288 pages, 2024) :
Caroline de Mulder est l'auteure belge de Manger Bambi (un polar féministe qu'on a pas lu ici) qui nous revient avec un titre percutant une fois de plus : La pouponnière d'Himmler.

Le contexte :
Le sujet est connu : c'est le Lebensborn (la fontaine de vie en VO), un programme de nurseries initié par Heinrich Himmler dès 1935 pour peupler le nouveau Reich de bons aryens.
Une trentaine de pouponnières furent ouvertes dans le cadre de ce programme (en Allemagne et en Norvège notamment) et près de 10.000 enfants y naquirent.
Le foyer Heim Hochland où se déroule l'essentiel de l'intrigue du livre, fut la première nurserie créée par Himmler à Steinhöring en Bavière, près de Munich, en 1936.
Le foyer français de Lamorlaye dans l'Oise a également existé.
Un système dont certains aspects font écho à la dystopie de Sophie Loubière : Obsolète, parue récemment.

On aime beaucoup :
• L'auteure a construit son récit sur trois ou quatre points de vue complémentaires, trois ou quatre destins qui se seraient croisés en 1944 au Heim Hochland de Bavière : une jeune française, une infirmière allemande, une mère inconsolable et un prisonnier des camps.
• Si le sujet n'est pas nouveau et si Caroline de Mulder a choisi de le romancer du point de vue des femmes, elle n'oublie pas pour autant de rappeler soigneusement les faits : son bouquin est très documenté et les faits terribles suffisent amplement à condamner la violence des hommes.
• C'est un roman empreint d'une profonde tristesse, la tristesse de ces femmes aux destins malmenés par la guerre et aux maternités préemptées par le pouvoir nazi. On ne peut même pas le lire d'une seule traite : on a besoin de pauses pour échapper à cette ambiance désespérée et à cette violence sourde. Une violence très institutionnelle ici.

L'intrigue :
Nous voici en 1944, en Bavière, dans un foyer, un "Heim", pour jeunes mères de bons aryens.
Himmler en personne est venu célébrer la maternité de ces mamans au sang pur et de leurs beaux bébés blonds.
Il y a là, Renée, une française, séduite trop jeune par un beau Waffen-SS dans sa campagne normande et qui, une fois enceinte, a dû fuir les revanchards qui l'ont tondue et la ligne de front qui avançait vers l'est.
Helga, la secrétaire allemande, l'assistante du docteur qui dirige cette pouponnière.
Marek, un prisonnier de Dachau qui travaille au domaine et qui est obsédé par la faim qui le tenaille depuis des mois.
Et l'inconsolable Frau Geertrui qui vient d'accoucher d'un petit Jürgen qui refuse de se nourrir.
Pour celles et ceux qui aiment les nourrissons.
Livre lu grâce aux éditions Gallimard.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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Pour introduire le sujet terrible de ce roman, je vous invite à lire la critique de mon compatriote KIELOSA sur Babelio, qui a très justement résumé la génèse de ce projet nazi où la réalité dépasse toute fiction possible.
Un roman à lire absolument, celui d'une autrice belge, elle aussi.
Juste ajouter qu'en Belgique, une pouponnière d'Himmler a existé au Domaine de Wégimont, en province de Liège où j'habite.
Un endroit qui aujourd'hui est reconnu comme centre touristique situé dans un cadre de verdure, un parc de loisirs avec piscines chauffées.
Je ne le savais pas !?
C.De Mulder, jeune professeur de littérature et écrivaine, elle a déjà reçu des distinctions comme le prix Rossel en 2010 pour son premier roman :
"Ego tango".

Par de nombreux détails, elle raconte ces lieux de maternité situés dans un cadre de nature idyllique, loin de la guerre, où tout était orchestré pour élever avec grands soins les futurs défenseurs et combattants du 3ème REICH, avec toute l'hégémonie qui l'accompagne.
Les soldats allemands avaient pour ordre d'enfanter au maximum toute femme dans tous les pays conquis susceptible d'engendrer une future race, pure, aryenne.
Il n'est pas étonnant que le plus grand nombre de lebensborn soit crée en Norvège, jusqu'à 15 centres.
La Norvège, pays des vikings, peuples germaniques du IIème siècle.

Trois personnages parfaitement en phase avec L Histoire dans ce drame innommable, nauséeux :

Renée, rousse flamboyante, jeune française, naïve, séduite par un jeune soldat allemand, une tondue abandonnée.

Helga, une infirmière, toute investie de prendre soin des futures mamans et de leurs bébés. Elle obéit à la propagande.

Marek, un déporté polonais, jardinier du domaine, plus mort que vivant.

Ces trois personnages vont se croiser en Bavière en 1944 dans cette pouponnière nommée HOCHLAND.

Les différents chapitres retracent leur parcours qui va changer au fur et à mesure de la débâcle allemande.
Une écriture au plus près des sentiments humains dans cette horreur absolue de répugnance.
C.De Mulder trouve malgré tout les mots justes et je trouve son style remarquable, dépouillé et écorché.
Au fond du désespoir humanitaire comme encore aujourd'hui où tout se répète....un rai de conscience, de clarté !?
C'est à vous de voir.



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Un roman sombre et puissant sur l'une des monstruosités du régime Nazi, les Lebensborn, ces fabriques à bébés aryens. Les personnages de Renée, très jeune fille qui n'a pas su/pu résister une nuit à un soldat allemand, et de Marek, résistant polonais, "détaché" de Dachau dans un arbeitkommando, sont bouleversants. J'ai ressenti un peu moins d'empathie pour Helga, l'infirmière sympathisante du régime mais qui se pose quand même des questions... Mais celle qui m'a le plus émue est l'une des mères, dont je ne révélerai rien pour ne pas spoiler .
Le livre est très bien documenté sur le fonctionnement interne des Lebensborn et son originalité est de se situer à la fin de la guerre, on en apprend donc sur la façon dont ils ont évacué et fermé ces lieux.
Le style de l'auteure est un peu déconcertant au début, car très brut, haché, avec des phrases très courtes, parfois sans sujets, mais cela sert très bien les propos et l'état d'esprit des personnages, qui tentent de survivre (physiquement ou moralement) dans une période apocalyptique. Et certaines phrases sont très belles.
Hâte de rencontrer Caroline de Mulder, grâce à Babelio !
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