"Le sort a décidé de notre rencontre ! Je vous souhaite de passer de bons moments de lecture aux côtés du commissaire Ethan Antoniotti. Amitiés, Mina, le 07/12/19" Ce sont les mots écrits par l'auteure sur la page de garde.
Ce roman et moi aurions pu ne jamais nous croiser, sans un mini-salon du livre organisé par mon hypermarché local. A cette occasion, une douzaine d'auteurs présentaient leurs romans, et un tirage au sort permettait d'en gagner un exemplaire. Comme je flânais à ce moment-là dans l'espace culturel, le GO local m'a fait remplir un bulletin. Je l'ai mis dans l'urne, déjà bien pleine, et n'y ai plus pensé. de toutes façons, je n'ai jamais de chance aux jeux de hasard. Sauf que, deux heures plus tard, ayant fini mes courses, je m'apprêtais à sortir du magasin quand j'ai entendu mon nom appelé par un haut-parleur, me demandant de me présenter à l'accueil.
"Quoi, mais j'ai rien volé, c'est pas moi je vous jure ! "ai-je dis au cerbère qui m'attendais là. et voilà qu'il me tend un micro, me disant : "Quelques mots de remerciements pour
Mina Moutski, grâce à qui vous remportez votre prochaine lecture ?" Après quelques instants d'hébétude (mais de quoi qu'il me cause là ?), je finis par comprendre lorsqu'il me tend le roman en question. Chouette, c'étais justement le seul qui m'avait attiré l'oeil parmi ceux exposés ! Je me lance donc courageusement dans un discours plein de gratitude, mais il m'interrompt pour me signaler que l'auteure vient de s'en aller et que mes mots partent dans le vide...mais que je peux remercier la direction du magasin d'avoir organisé l'événement. Je m'exécute docilement, et m'en vais avec mon butin.
Et de retour à la maison je le pose sur une étagère en rangeant mes achats, et je l'oublie là, jusqu'à dimanche dernier. Angoissée, je faisais l'inventaire du nombre de livres me restant à lire, à peine une douzaine, quand je retombe sur ce Polar Régional. C'est d'ailleurs à ce moment-là seulement que j'ai découvert la dédicace, et décidé que ce serait ma prochaine lecture.
Ce roman constitue le second opus d'une trilogie mettant en scène le commissaire Ethan Antoniotti, corse d'origine et strasbourgeois d'adoption après une mutation. Sa première enquête, intitulée Vent d'est a été publiée en 2016, et la troisième est prévue pour cette année. Malgré quelques références en cours de lecture au premier roman, je n'ai pas éprouvé de gêne à ne pas l'avoir lu.
Cécile Aubert, jeune infirmière en unité Alzheimer, est assassinée sur son lieu de travail d'un coup de couteau en plein coeur. Lorsque le commissaire Antoniotti arrive sur le lieu du crime, une patiente âgée de 76 ans couverte de sang tient fermement l'arme du crime. Qu'a-t-elle vu, et comment faire remonter ses souvenirs alors qu'elle oublie ce qui se passe autour d'elle en quelques minutes ? L'enquête s'annonce bien plus difficile que prévue, car il s'avère que Cécile, enceinte au moment de son décès, ne menait pas une vie aussi sage que les apparences le laissait présumer... Qui est le père de cet enfant ? L'homme politique en pleine campagne électorale dont elle a été la maîtresse, mais qu'elle ne voyait soit-disant plus ? Ou son voisin de palier, mystérieusement disparu le jour même de l'assassinat ? Les pistes se multiplient mais n'aboutissent à rien, alors qu'au sein de l'équipe d'Antoniotti l'ambiance est de plus en plus tendue, le besoin de repos se faisant sentir...
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Non retours" n'est que le deuxième roman de l'auteur qui dirige par ailleurs une société de ressources humaines à Strasbourg et est également blogueuse, parolière et chroniqueuse radio à l'occasion. Ses origines corses sont bien présentes dans son écriture par le biais du commissaire Antoniotti qui y fait de nombreuses références.
J'ai particulièrement apprécié la psychologie des personnages, nuancée et réaliste : aucun n'est tout blanc ou tout méchant, à l'image d'un des coupables présumés, le futur député Jean-Patrick Matter. Certes il trompe sa femme, certes il verse dans diverse "magouilles" électorales, mais on ne peut pas le trouver complètement antipathique, il a aussi des côtés profondément humains.
Jeanne Mortier, atteinte d'Alzheimer est également très attachante, on suit son déclin avec tristesse, alors même qu'elle tente par des dessins de se remémorer la scène qu'elle a surprise. Et j'ai trouvé l'ambiance qui règne dans l'équipe du commissaire bien rendue, cela correspond bien aux témoignages des policiers harassés de travail et mésestimés par leur hiérarchie.
En conclusion, un agréable moment de lecture et une auteure dont je guetterai la prochaine parution. En attendant j'essaierai déjà de me procurer le premier tome de sa trilogie. Merci à elle de ce cadeau, si elle me lit !