Une amie portugaise avait un jour prononcé le mot "saudade" pour qualifier la sensation d'accablement face au poids d'une absence, souvent pour une chose inaccessible ou impossible à revivre ; c'est exactement ce que Jess éprouvait.
Je ne sais comment exprimer la satisfaction qu'on ressent à avoir planté et aimé un jardin.
En gardant mes propres secrets, je me suis conduite envers toi comme Nora envers moi : je t'ai privée d'éléments essentiels de ton identité. Mais je veux agir différemment, poursuivit-elle, ses doigts manipulant le pendentif jacaranda au bout de sa chaîne. Je veux te parler d'une chose importante - j'aurais dû le faire il y a longtemps. Je veux te parler de ton père.
On ne devrait jamais devoir frapper à la porte lorsque l'on rentre chez soi."
Parmi les gommiers et les hautes herbes jaunies s'infiltrait une autre végétation, de sorte qu'aux troncs argentés se mêlaient des chênes épais, des ormes et des cédres à l'écorce striée. Des ronces enchevêtrées jonchaient le sol et des plantes grimpantes couraient sur les troncs, s'étirant entre les arbres, si bien qu'il ne distinguait presque plus le ciel.
Dans ce monde ombragé, la température avait perdu plusieurs degrés. Les oiseaux jacassaient au-dessus de lui, zostérops et loriquets, hirondelles, méliphages et roitelets. Tout cet endroit grouillait de vie, mais il avait peu de chances d'y discerner son nid d'uraètes.
On n'a pas vécu tant qu'on n'a vu un envol de perruches vertes et jaunes dans les paysages rouges de l'arrière-pays. C'est magique.
Elle savait depuis toujours qu'elle risquait de recevoir un appel en pleine nuit, une voix inconnue porteuse de mauvaises nouvelles. C'était une des réalités de la vie d'expatrié.
Comme tant d'autres avant lui, Turner avait le grand défaut des rêveurs ; dés qu'une de ses ambitions était près de se concrétiser, une autre étoile se mettait à scintiller à l'horizon.
Orgueil et Préjugés, Raison et Sentiments, Emma : au départ, ces livres lui avaient semblé décrire un monde sans rapport avec le sien, mais plus il avait lu, plus il avait reconnu les gens de sa ville dans les personnages de Jane Austen, leur fierté et leur ambition, les malentendus et les occasions manquées, les secrets et les rancunes qui couvaient. Il avait ri avec eux, et pleuré sans bruit dans son oreiller lorsqu'ils souffraient, il les avait encouragés lorsqu'ils voyaient finalement la lumière. Il en était venu à les aimer, il s'en rendait compte ; il s'intéressait au sort de ces créatures, imaginées par une romancière dont il était bien loin, avec une affection aussi entière que pour ses parents et ses meilleurs amis.
L'histoire l'avait fait frémir, non de peur mais parce qu'elle y reconnaissait des choses. Si mythique qu'ait pu être cette créature, la description qu'en donnaient les enfants était porteuse d'une vérité reconnaissable sur ce pays : la sensation inconfortable mais indéniable que le danger, l'inconnu était toujours tapi dans les zones sombres de la nature.