Elle craignait de s’arrêter de penser. Le vide la terrifiait. Et les souvenirs de la veille la guettaient, visaient sa joue avec un hameçon pour l’entraîner dans les tréfonds de la souffrance post-traumatique. Ils lui feraient revivre cette séquence illogique, sous le regard inactif d’un public arriéré.
Le plus dur, ce n‘est pas d‘entrer ... c‘est d‘en ressortir.
« Le plus dur, ce n’est pas d’entrer...
c’est d’en ressortir. »
Autant claquer sous un pont plutôt que d’accepter l’hospitalité du diable.
Comment s’y prendre lorsque la personne qui nous terrifie le plus au monde n’est autre que soi-même ?
Elle était cette boîte renfermant un diable monté sur ressort. Si le couvercle cédait, l’ange noir qui estimait que certains hommes méritaient la mort sortirait.
Quels genres d’idées pouvaient bien nous traverser l’esprit à deux minutes de l’obscurité totale et définitive ?
— Tu penses trop fort. Ça a toujours été ça, le problème : les pensées. Elles affectent notre subconscient, qui est capable de changer la personne que l’on est.
— Tout va bien aller, ma puce. Il y a ce que l’on appelle des cycles, dans la vie, et forcer n’apporte que des maladies. Accueille l’instant, c’est tout.
18 ans. La majorité de la jeune femme approchait d’un pas menaçant. D’ici 48 heures, elle obtiendrait le droit de conduire, de payer son propre loyer, de se marier et de finir comme sa mère. Elle s’en réjouissait d’avance.