Dimanche sans voitures, une date que Robert Verhulst abomine. Quitter Bruxelles au plus vite pour échapper aux cyclistes et patineurs de tout poil, c'est une urgence. Mais voilà. Il est policier et une surprenante scène de crime l'attend. le gardien du « Pavillon des passions humaines », dans le Parc du Cinquantenaire en découvre la porte ouverte. Sur le marbre blanc du haut relief, une traînée rouge et, sur l'oeuvre controversée de Jef Lambeaux, un foie humain. Ce n'est que le début d'une sorte de macabre jeu de piste, dont l'artiste semble être le fil conducteur.
J'ai lu et apprécié «
L'antiquaire des Marolles », le premier roman de
Muriel Monton. J'étais donc contente d'en retrouver les protagonistes, Robert, le flic bourru et Lila, sa jeune assistante .
Cette nouvelle enquête met à l'honneur un artiste que l'auteur présente comme méconnu : Jef Lambeaux. Son nom m'attire immédiatement puisque j'ai vu très souvent des réalisations de ce sculpteur chez une connaissance ou au cours de mes balades dans la capitale. J'aime bien retrouver des endroits familiers dans un livre. Celui-ci nous emmène aussi à Court-Saint-Etienne, tout à côté de chez moi. le buste de Goblet d'Alviella, je l'ai croisé cent fois. Et, bien évidemment, comme je suis une passionnée des cimetières, j'ai déjà pu admirer le surprenant monument funéraire de cette famille, qui dépasse les murs de l'enclos. le décor, donc, a tout pour me plaire.
Quant aux personnages, quelle surprise ! Lila, que j'ai aimée battante et dynamique dans la première enquête, est tombée sous la coupe d'un type inquiétant. On dirait qu'il lui a pris toute son énergie. Tandis qu'il la délaisse, elle se languit d'amour, triste, apathique, repliée sur elle-même. Elle accepte sans broncher le mépris hautain d'une famille snob, raciste et odieuse. Allez, Lila ! Reprends-toi ! Ne te laisse pas faire !
Muriel Monton dénonce cette société dominée par le paraître, qui n'hésite pas à accabler les « petits » et laisse aux puissants toute latitude pour s'adonner aux pires bassesses et turpitudes.
Heureusement, il y a Robert. Il n'a cure des ennuis qu'on peut lui causer. Lui n'hésite pas à voler dans les plumes des personnes haut placées qui se croient tout permis parce qu'elles ont de l'argent et des relations, comme le juge ou le psychiatre.
Robert est courageux. Ce n'est nullement un super héros. Il tente misérablement de se passer de cigarettes en mâchonnant des chocotoffs, et son plaisir, c'est comparer, dans différents endroits, les qualités des plats simples, comme « l'américain-frites ». (Je le comprends. Pour ma part, j'aime bien faire le tour des restaurants pour confronter les mérites de leurs croquettes de crevettes). Il boit beaucoup. Un peu trop, peut-être ? Et, quand il découvre à quoi ressemble le foie d'un alcoolique, il a quelques sueurs froides. Il a beau être inspecteur de police, il n'arrive pas à se blinder. Les simples mortels que nous sommes sont donc soulagés de le voir quitter à toutes jambes les scènes de crimes, le coeur au bord des lèvres. Pas comme les super-flics des séries américaines, qui envisagent d'un oeil froid les pires boucheries. Donc, moi, avec mon petit coeur de midinette, j'ai eu un peu de mal à supporter quelques tableaux un peu trop sanglants pour moi.
Je suis loin d'avoir la perspicacité d'une Miss Marple, pourtant, j'avais assez vite découvert le coupable, ce qui ne m'a pas empêchée de rester accrochée à ce livre plein d'aventures, de rebondissements, mais non dénué d'idées intéressantes et de découvertes artistiques et architecturales.
Une petite contrainte que s'est imposée l'auteur m'a fait sourire : les derniers mots de chaque chapitre sont les premiers du suivant.
Un bémol ? Comme d'habitude, les « hénaurmes fôtes » d'orthographe et quelques unes de syntaxe. Mais, au final, un grand coup de coeur pour moi.