Depuis toujours j'aime le silence, mais dans nos sociétés modernes celui-ci est une denrée rare. A tel point que certains agressés par la présence constante du bruit des autres tentent une esquive en se créant une bulle de bruits choisis pour contrer le bruit qui leur est imposé. C'est ainsi que dans les transports en commun, dans la rue, nous devenons étrangers les uns aux autres, casque vissé sur les oreilles, voir même les yeux plongés dans nos écrans. Et bien sachez que bulle ou pas, du bruit reste du bruit et que rien ne vaut le silence pas même la musique classique.
Le silence est indispensable à notre bienêtre et notre cerveau est le premier à souffrir de ce trop-plein de bruit. Rien de nouveau à cela, dès 1924 Hans BERGER constate que nous faisons preuve d'une activité cérébrale intense quand nous sommes plongés dans le silence et que, au repos le cerveau consomme presque autant d'énergie que quand il travaille, pourtant cela semble lui être bénéfique.
Plus le bruit est constant et intense plus notre organise est mis à rude épreuve, ceux qui ont fait l'expérience de l'open-space le savent. C'est ce que les scientifiques appellent la surcharge cognitive. Cela conduit à un niveau de stress élevé car le bruit fait augmenter le niveau de cortisol. Notre cerveau a donc besoin de silence au sens large du terme.
Michel VAN QUYEN nous explique que ce silence peut prendre plusieurs formes. D'abord le silence total n'existe pas. Même seul dans une salle complètement hermétique au son vous entendrez les bruits de votre organisme : respiration, digestion, afflux sanguin… Mais tous les bruits ne se valent pas. Une balade en forêt offre à votre organisme et à notre cerveau un repos dont les effets bénéfiques durent plusieurs semaines. Et la musique me direz-vous ? C'est pareil, toutes ne se valent pas mais une chose est certaine aucune ne rivalisent avec le silence d'une bibliothèque, d'une église ou d'une forêt. Les sons naturels sont les plus bénéfiques.
Il nous parle également du silence visuel qui consiste à limiter les stimuli visuels. En effet l'oeil possède 126 millions de pixels et monopolise à hauteur de 85% le cortex préfrontal afin d'interpréter les images reçues. On peut facilement imaginer que rester 8 heures par jour devant un écran fatigue le cerveau. La lumière bleue de nos PC, smartphone, tablettes, et autres écrans qui pullulent dans notre environnement sur-sollicitent et saturent notre cerveau qui n'est plus disponible pour autre chose.
Il y a le silence intérieur qui nécessite de faire taire nos pensées suffisamment pour pouvoir écouter l'autre, se concentrer sur une tâche… Or notre cerveau est un véritable ronchon, à la moindre contrariété, au moindre traumatisme, ou vexation il se met à ruminer et à nous repasser la scène en boucle. Pour la plupart des gens ça passe mais pour d'autre cela peut les amener à la dépression, au burn out, ou autre pathologie. Une des solutions alternative aux médicaments est la méditation (sous des formes diverses) qui apprend à tolérer ces pensées négatives sans s'y attarder et sans les cristalliser pour couper court à la spirale de la rumination infernale ! Cette approche thérapeutique ne date pas d'aujourd'hui, elle a été développée dans les années 70 par
Jon KABAT-ZINN pour des patients que la médecine traditionnelle n'a pas réussi à soulager. Il s'agit de réduire le stress en se basant sur la pleine conscience. En étudiant le cerveau des méditants et leur organisme, les scientifiques se sont aperçus qu'en plus de ses effets positifs sur la santé mentale des patients ceux-ci développaient également leurs défenses immunitaires, réduisaient leur rythme cardiaque et faisaient baisser leur tension ainsi que leur taux de cortisol.
Un constat ressort de cette lecture : notre agitation constante, nos pensées incessantes, et le bruit qui nous entoure sont mauvais pour notre cerveau et a fortiori notre organisme. Pourtant prendre du temps pour rêver, ne rien faire, méditer, est dans nos sociétés occidentales survoltées, très mal perçu. Alors qu'au Japon et en Chine c'est tout à fait naturel (même si par ailleurs ils n'échappent pas à la surcharge de travail de bruit et autres réjouissances des sociétés modernes).
Les enfants ont des emplois du temps de ministre, les adultes multiplient les activités pour avoir l'impression d'exister mais tout cela est contre-productif. Pratiquer un art martial tout le monde trouve ça super tant que l'on ne parle que du combat mais si on évoque l'aspect méditation et santé nombreux sont ceux qui se mettent à bailler ! Pourtant l'un ne va pas sans l'autre et ce depuis toujours. Il y a peut être une raison à ça.
Nous tirons sur la corde et le nombre de dépressions et de burn out n'a jamais été aussi élevé. Alors jugement social ou pas s'cusez moi j'ai vagabondage mental et rêverie !