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Citations sur Les écailles de l'amer Léthé (28)

J'habitais en effet dans un logement assez simple : cinquante mètres carrés rectangulaires dans lesquels étaient disposés un lit, un bureau, une longue bibliothèque recouvrant un pan de mur entier et en face d'elle, une kitchenette. Je possédais peu de choses : la possession m'ennuie. Surtout, je remarque que chez les autres ( ceux qui accumulent objets et patrimoine) elle provoque la peur d'être un jour dépossédés. Pour ma part, j'aime imaginer qu'on puisse me cambrioler sans dommage et plains les malchanceux cambrioleurs pour qui la déception serait grande de découvrir un appartement si vide que le mien. Enfin, pas si vide puisque, comme je viens de révéler, il contenait une grande bibliothèque. Mais, abîmés par mon manque de soin (tache de café, de sauce tomate ou de saté, pages mouillées par la pluie ou déchirées par la maladresse), mes livres n'avaient aucune valeur à part celle dite "affective", c'est-à-dire ni quantifiable ni mercantile.
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Dans la foulée, un second coup partit : "Vous le voulez ? "
La question me surprit. Je crois même l'avoir trouvé obscène sur le moment. Le vouloir ? A quel instant avais-je donné l'impression de 'vouloir' un poisson ? Parce que je l'observais ? De là à en déduire que regarder c'est vouloir, il y avait confusion de verbes. Remarquez, pour être parfaitement honnête, il m'arrrivait souvent de regarder le ciel et de le désirer. Hélas, mes poches étaient trop petites pour le contenir, alors à quoi bon m'en emparer ? Peut-être que "regarder" c'est la façon pour les pauvres de posséder. Les riches ne regardent pas, ils saisissent, détiennent, prennent. Les pauvres contemplent à travers les vitrines. C'est valable aussi pour l'esprit. Par exemple, un pauvre idiot comme moi se contentait toujours de contempler les riches idées des autres plutôt que de les saisir et de les transformer.
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On a tort d’imaginer la lecture comme une activité reposante. C’est tout le contraire. Lire implique d’imaginer, de comprendre, de déchiffrer, de construire, et de conserver l’esprit en alerte. A chaque phrase, une surprise est possible. Épuisant.
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La vendeuse poursuivit ses explications durant plusieurs minutes. Le débit était précis, rapide, clinique. Je n’écoutais pas tout, de temps en temps mon esprit allait nager à côté du combattant. Je ne suis pas une personne très attentive ; il y a toujours une idée qui m’attirait ailleurs, en dehors du formel hic et nunc. On me le reproche souvent. Les gens ont du mal à accepter qu’être inattentif n’a rien d’une offense ; il s’agit juste d’une façon de voyager léger, ça permet plus de liberté dans les pensées.
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Je n’osai pas terminer ma phrase. J’avais honte d’avouer que je ne savais pas m’occuper des autres. Je les laissais facilement pourrir dans un coin, d’où la relative solitude dans laquelle je barbotais, non sans plaisir d’ailleurs. Je me définissais comme « un cadavre qui flotte », formule chère à un écrivain dont l’influence avait été malheureusement déterminante dans ma vie. Aussi docile qu’un bout de bois mort, je m’abandonnais aux courants de la sociabilité, voguant d’une soirée à un café, d’un restaurant à une réunion, caparaçonné d’une épaisse écorce capable de dissimuler la couche de bois putride.
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Incipit :
Curieusement, on évoque souvent le fruit du hasard, mais jamais l’arbre sur lequel il pousse. Des milliards de branches dispersées au-dessus de nous sans doute, avec pour immense tronc l’univers noir aux racines passionnées. Quoi qu’il en soit, ce fut grâce à l’un de ces fruits venus s’écraser près de moi que je rencontrai Cookie. Emprisonné dans un aquarium rectangulaire d’un rayon animalerie, il furetait de gauche à droite, de haut en bas, inlassablement, peut-être à la recherche d’un trou par lequel fuir. Son corps éclatait d’un blanc resplendissant, bondissant, euphorisant. Je suis persuadé que s’il avait possédé une masse volumique de 3,3464 x 10³ kg/m³, certains l’auraient confondu avec la lune, malgré ses plaques d’écailles et ses branchies.
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Je considère mon passé comme enterré et je n’ai aucune envie de l’extraire de mon coeur. Pour en faire quoi de toute manière ? Trop encombrant. Durant les premières séances, j’avais tenté d’en éloigner mon psy, mais il ne se laissait pas faire et y replongeait immédiatement. Pas évident de maintenir un bon équilibre entre mon confort et le sien.
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A la moindre pandémie, ils se précipitent dans les supermarchés pour dévaliser tous les rouleaux de papier toilette à disposition, ça pose son humain. Très étonnant d’ailleurs comme réflexe, cette peur d’avoir les fesses sales. Les mains sales, en revanche, ça ne dérange personne. La fin justifie les moyens, n’est-ce pas ?
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Lire les notices de chauffe-eau a moins d’intérêt que parcourir un roman. Ce n’est pas forcément une question de style, il y a des notices de chauffe-eau qui se défendent drôlement bien et qui n’ont pas à rougir de la comparaison avec certains romans, mais en revanche, en ce qui concerne l’intrigue, ça reste un peu plat
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Amusant paradoxe de plonger un corps sous terre pour lui faire atteindre le ciel .
P177
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