J'ai lu le Harem et l'occident dans sa traduction arabe. le titre en arabe est tellement différent du français qu'il se traduirait littéralement par « Shéhérazade part en Occident ». Et au cours de ce voyage de Shéhérazade en Occident qui s'est effectué dans la peau de l'auteure qui est la dite « féministe musulmane » Fatema Mernissi, Shéhérazade devait comparer deux visions masculines du harem à travers une observation féminine. Ces deux visions seraient selon l'auteure différentes en ce que l'une « imaginaire » (l'occidentale) considèrerait le harem comme le lieu du plaisir total où les femmes sont nues, débauchées et en attente de leur maître (ce qui justifie leur sourire moqueur lorsqu'ils entendent le mot « harem »). L'autre vision, réelle (l'orientale) considèrerait le harem comme le lieu de réclusion des femmes du fait qu'elles seraient considérées comme fortes de leur intelligence et de leur volonté de s'émanciper. Si les musulmans en ont peur, c'est à cause d'un verset coranique « Inna kaydouhounna la ‘adhim » qui signifie aux musulmans que les femmes ne sont rien d'autre que des êtres maléfiques et dangereux. C'est pourquoi il faut les enfermer dans un harem. Harem, de la racine HRM signifie en arabe l'interdit mais chose que l'auteure n'a pas analysé, le harem qu'elle glorifie signifie pourtant ce lieu où des femmes arrachées à leurs tribus de kuffar :mécréants sont réduites à être les esclaves et/ou des esclaves sexuelles de leur maître, le calife.
Le plus décevant pour moi après la lecture de ce récit de voyage d'une femme musulmane en Occident (une professeure des universités spécialisée en sciences humaines, une marocaine musulmane se réclamant de l'islam soufi) est que l'auteure nous fait croire (et beaucoup l'ont cru) que les femmes en Occident (qui se battent chaque jour pour « choisir » sont aussi enfermées dans leurs jupes de taille 38 que le sont les femmes musulmanes dans le Harem historique et/ou imaginaire, ou dans leur Tchador en Iran…
En tant que Chahrazed résidant en Occident, j'ai compris à travers cette lecture, pourquoi le statut inférieur des femmes dans mon monde : « le monde musulman » n'évoluait pas malgré l'existence de femmes et d'hommes intellectuels censés faire évoluer les mentalités. En fait, au lieu de penser le statut de la femme pour le changer ou le faire évoluer, ces dits intellectuels musulmans telle Mernissi et bien d'autres penseurs perdent leur temps dans la production d'une pensée qui consiste à redorer le blason de l'Islam en Occident. Si l'auteure était toujours en vie, je lui aurais écrit qu'il est temps de penser le statut de la femme musulmane sans penser à ce que l'Occident va en penser !
En effet, au lieu de présenter une véritable étude comparative comme il était prévu dans l'introduction du livre, l'auteure consacre son analyse à la vision occidentale sur le harem et sur la femme en général et oublie que nous, femmes orientales/musulmanes (ou non) héritons toujours de la moitié de ce qu'hérite un garçon, que notre témoignage vaut toujours la moitié de celui d'un homme, que nous n'avons toujours pas le droit d'avorter, ni celui de nous marier avec un non-musulman…nous sommes toujours obligées d'être vierges le jour du mariage, de porter le voile pour ne pas être violées et le Coran qui dicte les lois dans nos sociétés conseille toujours aux musulmans de frapper les femmes qui leur désobéissent…etc…et tant pis si en échange d'un vrai changement de statut, les femmes musulmanes ou orientales doivent s'enfermer dans une jupe, taille 38 ! maaliche!
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Le message de Kant est basique : la féminité, c'est la beauté; la masculinité, c'est le sublime. Le sublime, bien sûr, c'est la capacité de penser, de s'élever au-dessus de l'animal et du monde physique. Et il est prudent de respecter la distinction car une femme qui touche au sublime est aussitôt punie de laideur. Les jugements de Kant, considéré comme "le plus éclairé des Allemands du siècle des lumières", sont aussi définitifs que ceux des ayatollahs. La seule différence entre eux deux est que l'ayatollah pose une frontière entre le privé (monde féminin) et le public (monde masculin), tandis que Kant la pose entre la beauté (privilège des femmes) et l'intelligence (privilège des hommes).
page:99
Reste à avoir pourquoi, de nos jours, c'est l'image de la femme de "l'âge d'or" , une "esclave" qui intrigue dans les couloirs quand elle désespère de séduire, qui symbolise l'éternel féminin musulman, alors que le souvenir d'Umm Salam, d'Aïcha, et de Sakina n'éveille aucun écho et apparaît étrangement lointain et irréel.
Dans son combat pour la survie et la liberté, Schéhérazade ne commande pas à des soldats mais à des mots. [...] Les Mille et une nuits chantent le triomphe de la raison sur la violence.
La conteuse avait découvert, des siècles avant l'invention du téléphone rose, que le moyen le plus efficace d'exciter un homme est la parole.
C'est plus qu'une frontière qui sépare les hommes et les femmes, dans les Contes [des Mille et une nuits], c'est un gouffre, et le seul lien qui unit les uns et les autres, c'est la guerre qu'ils se livrent.