J'ai eu un peu de mal au début avec les dessins de LeUyen Pham et
Alex Puvilland qui croquent personnages et décors avec des traits aux contours épais, souvent assez épurés et manquant de finesse de mon point de vue. Mais les décors sont suffisamment détaillés, les cadrages variés, pour rendre la recherche bibliographique autour de cette histoire dans l'Histoire extrêmement immersive.
Ce pavé de 500 pages commencé doucement ne m'a finalement plus quitté des mains !
Car ce « Templiers » qui suit quelques soldats de l'ordre du même nom alors que ce dernier est en proie à des arrestations de masse et à son anéantissement est fichtrement bien rythmé, tout en brossant avec une certaine fidélité un tableau géographico-politique du Paris du XIVème siècle. 1305, au lendemain de la défaite des croisés en Terre Sainte, Guillaume de Nogaret et le roi Philippe le Bel décident de reprendre les rênes de la politique de la France en main et doivent se débarrasser du Temple qui, en tant que juridiction pontificale, limitait de manière insupportable le pouvoir du roi sur son propre territoire.
Sur ce fond documenté vient se greffer un très joli roman imaginé par
Jordan Mechner, créateur au vingtième siècle du jeu « Prince of Persia ». Cet univers médiéval semble d'ailleurs l'avoir fasciné depuis longtemps si l'on en juge par la biographie qu'il cite en fin d'ouvrage, et qui, même s'il la qualifie de « sélective », peut rassurer sur le travail préparatoire à l'écriture du scénario. Il cite en plus des travaux académiques l'apport d'
Umberto Eco et son « pendule de Foucault »,
Amin Maalouf et ses « croisades vues par les arabes », « Guillaume le maréchal ...» de
Georges Duby . . .
Son scénario donc, qui tient vraiment bien la route (et le fleuve), s'articule autour d'un trio amoureux où les deux principaux Templiers rescapés ne sont pas vraiment ce qu'ils disent être, agrègent à eux des alliés improbables et finalement partagent l'amour d'Isabelle, qui s'avère être une jeune femme intrépide et pleine de ressources, sans exagération inutile.
Une bande dessinée pas seulement instructive mais palpitante à conseiller vivement.