En 1938, alors qu'il assiste à un défilé nazi dans les rues de la capitale, le grand-père de la famille Adolf Mechner décide de quitter Vienne. Dans l'impossibilité d'obtenir un visa pour toute la famille, et vivement menacé en tant qu'homme juif, il partira à Cuba loin de sa femme et de ses enfants. Fanzi, son fils et le père de l'auteur, rejoindra la France, seul. En 2005, Jordan, le petit-fils d'Adolf et fils de Fanzi, concepteur de jeux vidéos propose - alors qu'il vit à Los Angeles - à sa famille d'aller vivre trois ans en France pour y développer une nouvelle version de Prince of Persia (un jeu culte qu'il a inventé il y a plus de vingt ans). Un possible déchirement pour son couple qu'il tente tant bien que mal de sauver, mais également pour ses enfants adolescents qui ne connaissent rien d'autre que les Etats-Unis. En parallèle de son travail, il consacre une partie de son temps à numériser et mettre en forme les journaux intimes de son grand-père. Des milliers de pages manuscrites, de photos, et de documents qui constituent la mémoire de la famille.
C'est avec beaucoup de justesse que l'auteur parvient à nous faire vivre ces moments d'émotions, qui donnent vie au récit. Il raconte avec brio le déchirement de quitter sa ville et son quotidien, et l'incroyable force de cette famille qui a dû renoncer à son confort pour survivre. Chacune des décisions prises sont déchirantes, mais particulièrement sensées. Ce récit sur trois générations transcende le destin de cette famille et met en avant la nécessité pour certains de l'exil et la force et le courage dont il faut faire preuve pour en prendre la décision
Commenter  J’apprécie         20
Curieux roman graphique où le tragique de l'histoire se même à la conception d'un jeu vidéo (Prince of Persia). Un homme entre les deux, l'auteur, qui se remémore son histoire familiale tout en racontant sa vie présente, personnelle et professionnelle.
Les pages alternent donc entre ces deux histoires qui n'en forment qu'une; j'avoue avoir été parfois un peu perdue dans la richesse des personnages et des lieux. Mais j'ai découvert avec étonnement le processus créatif et technique nécessaire à la conception de jeux vidéos; un monde s'est ouvert pour moi.
Commenter  J’apprécie         00
Ravie d'avoir découvert ce livre grâce à l'opération Masse Critique.
J'avais très envie de lire ce récit intime, historique et portant sur une histoire réelle, au croisement de la petite et de la grande histoire.
Et puis, Prince of Persona, c'est culte, il n'en fallait pas plus pour me donner envie de rentrer dans l'histoire de son créateur.
J'ai apprécié la précision du récit, le croisement des différents récits de vie, le code couleur permettant de naviguer entre les époques.
J'ai trouvé intéressant le parallèle entre les destins des protagonistes, ceux qui sont obligés de fuir pour sauver leur peau et leur famille, ceux qui ont choisi, plus tard, de s'exiler, de changer de vie par opportunité.
J'ai malheureusement été gênée par le côté un peu fouilli de la narration. J'ai parfois eu le sentiment d'être perdue entre les différents personnages. de plus, malgré la gravité du récit et des faits rapportés, je n'ai pas été touchée particulièrement.
Je suis donc mitigée sur cette lecture, entre une histoire de famille à la fois passionnante et essentielle, la difficulté que j'aie eu à suivre les flash back et le graphisme plaisant qui donne à voir des expressions avec un trait simple.
À lire pour le plaisir et cultiver sa curiosité.
Commenter  J’apprécie         00
C'est un bel album autobiographique. Une saga familiale authentique, touchante et vraie pour parler de l'exil et pour rendre hommage.
En gris, au début du XXe siècle. le premier exil, c'est celui du grand-père, Adolf Mechner, qui a quitté Vienne en 1938 pour fuit les soldats allemands, a connu le Front russe. Il tient un journal de bord et y consigne sa vie.
En bleu, la deuxième moitié du XXe siècle. Tandis qu'Adolf est parti pour Cuba, Franzi, le père de l'auteur, initie le départ de la famille en France … puis en Amérique pour fuir le nazisme.
En jaune, les années 1970 à aujourd'hui.
En 2015, vivant alors à Los Angeles, l'auteur propose à sa famille le projet d'aller vivre à Montpellier, en France, quelques années pour y développer une nouvelle version de Prince of Persia. Il est le créateur de ce jeu vidéo devenu culte (dont il dévoile le processus créatif et dix conseils pour créer des jeux !). En parallèle à ce travail qui le passionne, il consacre une partie de son temps à numériser et retranscrire les mémoires de son grand-père.
Ce sont les mémoires d'une famille juive qui mêlent les lieux et les événements à travers deux guerres mondiales et jusqu'à aujourd'hui qui nous sont racontées. Retranscrire les mémoires mais aussi raconter son histoire personnelle, c'est l'occasion pour l'auteur d'évoquer l'Histoire, l'exil, les rencontres, les naissances, les divorces, les décisions… et l'incroyable force de sa famille qui a renoncé à tout pour survivre. Des décisions difficiles mais pleines de sens, des dîners, des instants de vie, des moments d'émotions forts, beaucoup de tendresse. Une immersion dans l'intimité de cette famille.
Tandis que les premières générations devaient fuir pour survivre, lui s'installe par choix dans un autre pays. La notion d'exil est intéressante et bien traitée.
Je retiendrais surtout ce devoir de mémoire, de transmission, cette tendresse et cette perspective d'interrogation pour les nouvelles générations à trouver du sens dans les multiples racines familiales qui sont à leurs origines.
J'ai trouvé le CV de l'auteur intéressant, moi qui n'y connais rien en jeux-vidéo : des adeptes de Prince of Persia ?
J'ai apprécié le dessin et la bichromie. Bien que ce procédé me lasse un peu, il est nécessaire ici pour faciliter la lecture et la reconnaissance des différentes temporalités puisque on chemine dans un espace/temps où l'enracinement est éclaté.
Une bonne lecture. Connaissez-vous ? Tenté.e.s ?
Commenter  J’apprécie         00