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Sous le charme de Daphné du Maurier.
Voilà un livre qui me réconcilie avec le genre des nouvelles.

Les histoires qui composent cet ouvrage sont en effet presque des "mini-romans", non pas par leur longueur (car elles sont relativement courtes, en moyenne une cinquantaine de pages) mais par la capacité de l'auteure à nous faire pénétrer dans un univers et des personnages mystérieux dès les premières lignes. Ces nouvelles m'ont tenue en haleine et, à ma grande surprise, je les ai toutes aimées (excepté la troisième intitulée "Encore un baiser").

- Les oiseaux -

Mon coup de coeur va bien entendu à la première nouvelle. C'est d'ailleurs la photographie de l'actrice Tippi Hedren en couverture qui m'a attirée. Petite, j'avais été impressionnée par ce film et comme j'avais beaucoup aimé le roman Rebecca, j'étais curieuse de découvrir le récit originel des oiseaux. Étonnamment l'histoire est assez différente de l'adaptation cinématographique. le personnage de la blonde hollywoodienne est en effet une pure création d'Hitchcock. le récit de Daphné du Maurier a pour personnage principal Nat Hocken, un ancien combattant de guerre. C'est son histoire ainsi que celle de sa famille qui intéressent le lecteur ici. L'auteure fait subtilement référence au Blitz, ces attaques aériennes qui ont touché la Grande-Bretagne pendant la Seconde guerre mondiale. Un récit prenant, presque cinématographique, avec une montée de la tension au fil des pages. Superbe ! On regrette presque que cette nouvelle ne soit pas plus longue.

- le pommier -

Dans la seconde nouvelle, on retrouve un univers mystérieux à la limite du fantastique. "Le pommier" met en scène un veuf plutôt égoïste. Insensible à la mort de son épouse, il souhaite apprécier pleinement sa tranquillité. Mais pour une raison énigmatique, la vue d'un vieux pommier l'en empêche. Chaque jour, il se montre de plus en plus exacerbé par la présence de cet arbre dont l'aspect hideux ne cesse d'évoluer. La qualité d'écriture de l'auteure est remarquable. Les descriptions des arbres rendent ceux-ci vivants. « Il n'avait pas l'air d'un arbre, il ressemblait plutôt à une tente abandonnée sous la pluie par des campeurs, ou encore un plumeau, un plumeau géant décoloré par le soleil. La floraison était trop épaisse, trop lourde pour le long tronc maigre, et l'humidité qu'elle contenait l'alourdissait encore. Déjà, comme épuisées par l'effort, les fleurs des basses branches se tachaient de brun ; pourtant il n'avait pas plu. Voilà. Willis avait raison. L'arbre avait fleuri. Mais, au lieu de fleurir en vie, en beauté, il s'était, par quelque trait profond de sa nature, mal développé, et avait produit un monstre. Un monstre qui ne connaissait ni sa texture ni sa forme et s'imaginait plaire. Il avait l'air de dire avec une grimace un peu timide : « Regarde, tout cela est pour toi. » » (p89). Ou encore : « Il y avait quelque chose de monstrueux, de repoussant, dans cette fécondité, et, en même temps, de pitoyable pour l'arbre soumis à un tel supplice, car c'était un supplice, il n'y avait pas d'autre mot. le pommier était torturé par ses fruits, brisé par leur poids, et le plus affreux était qu'aucun d'eux n'était mangeable. » (p95). Une nouvelle au rythme lent mais très intriguante.

- Encore un baiser -

Cette troisième nouvelle est plus courte. J'ai moyennement aimé l'écriture. Celle-ci est plus simple car elle se veut proche de la manière de s'exprimer du narrateur. Ce dernier, mécanicien, rencontre une ouvreuse au cinéma. La chute est assez évidente. Je n'ai pas aimé l'ambiance ni la relation entre ces deux personnages.

- le Vieux -

"Le Vieux" est une nouvelle également courte également. Un observateur et un personnage apparaissant comme un patriarche autoritaire. Je ne détaille pas pour ne pas révéler l'intrigue. Mais la chute m'a beaucoup plu. Je ne m'y attendais absolument pas. À relire en connaissant la fin, la lecture prendra une toute autre forme !

- Mobile inconnu -

La cinquième nouvelle commence avec le suicide d'une jeune femme. Personne ne comprend ce geste désespéré. Sur le point de devenir mère, Mary Farren était pleinement heureuse dans son mariage. Son époux engage alors Black, un détective pour tenter de trouver une explication. Black enquête sur le passé de Mary. Je dois dire que j'ai trouvé ses investigations passionnantes même si la chute m'a légèrement déçue. Une lecture plutôt distrayante.

- le petit photographe -

Le personnage principal de la sixième nouvelle est une marquise un peu prétentieuse délaissée par son mari qui donne la priorité à son travail. La marquise est en vacances avec ses deux enfants. Elle s'ennuie terriblement. Elle aime plaire et sentir tous les regards dirigés sur elle. Pour tromper l'ennui, elle va se rapprocher du photographe de la petite ville où elle séjourne. Encore, une fois, dès les premières lignes, je suis entrée dans l'histoire. La fin m'a plu.

- Une seconde d'éternité -

madame Ellis est veuve. Elle a une fille Susan, âgée de neuf ans, qui vit en pension. Mme Ellis attend avec impatience l'arrivée des vacances pour profiter avec Susan. En attendant, pour occuper son esprit, elle remplit ses journées, tout doit être ordonné. Un jour, en rentrant chez elle après une promenade, des individus ont investi les lieux. S'agit-il de cambrioleurs ? Ou la folie s'est-elle emparée de Mme Ellis ? Cette dernière nouvelle n'est pas ma préférée mais on peut tout de même saluer le talent de Daphné du Maurier !
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Ce recueil de nouvelles de Daphné du Maurier porte le titre de la première d'entre elles, celle qui donna naissance au film du même nom réalisé par Alfred Hitchcock.
Pour autant, et même si la nouvelle sur les oiseaux est remarquable, angoissante à souhait, les autres ne le sont pas moins.
Plusieurs histoires courtes, qu'il serait délicat d'évoquer ici sans en dévoiler l'essence, où le génie du récit de Daphné du Maurier transparaît dans chaque ligne, où le suspense le dispute à l'envie de connaître le dénouement, portent le lecteur d'un bout à l'autre du recueil.
Une mention spéciale, néanmoins, pour la dernière nouvelle intitulée "une seconde d'éternité" que j'ai plus particulièrement appréciée.
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Derrière le chef-d'oeuvre d'Alfred Hitchcock se cache une simple nouvelle de Daphné du Maurier. L'auteure britannique passée maître dans l'art de créer des histoires à l'atmosphère pesante, signe ici, l'une des histoires dont l'adaptation a marqué le cinéma.

Un recueil de nouvelles signé Daphné du Maurier

Si vous aimez les histoires à faire frémir, les personnages difficiles à cerner et les ambiances lourdes, ce recueil de nouvelles est fait pour vous. Écrit par Daphné du Maurier, l'auteur du très célèbre Rebecca, s'est fait plaisir en rédigeant des histoires qui glacent le sang.

« Les oiseaux », la nouvelle qui a donné son nom à ce recueil est excellente, mais ce n'est pas ma préférée. L'histoire est assez différente du film. Alors que dans l'oeuvre d'Hitchcok, c'est la très blonde Tippi Hedren, qui prend la mesure des évènements et sur qui repose tout le film, ici, dans le livre, c'est un homme, Nat Hocken, qui constate le comportement étrange des volatiles et qui va tenter de faire prendre conscience aux habitants de la gravité de la situation. Peine perdue, alors que les oiseaux se rassemblent pour mener l'attaque.

L'autre nouvelle dont je voulais vous parler est intitulée « le pommier ». Une vraie merveille ! L'histoire d'une femme acariâtre qui rend la vie de son mari, bon vivant, impossible. Lorsqu'elle décède, il pense retrouver la joie de vivre. C'est sans compter sur un pommier qui viendra gâcher ses journées en lui rappelant sans cesse feu son épouse.

Mon avis

Si le livre porte le nom du célèbre film, les autres nouvelles n'ont rien à envier à la plus célèbre d'entre-elles qui se nomme « Les oiseaux ». J'ai vu le film assez jeune, il s'agissait de la version noir et blanc qui passait à la télé alors que je jouais chez ma cousine. le lendemain, j'étais traumatisée, rentrer chez moi a été un véritable calvaire, je scrutais les fils électriques et étais au bord des larmes. Je devais avoir 8 ou 9 ans. Je ne l'ai plus jamais revu, jusqu'à ce que je visionne quelques bandes annonces et extraits pour en choisir une à vous présenter.

La première chose qui saute aux yeux lors de la lecture de ce livre, ce sont les recherches qu'a dû effectuer Daphné du Maurier pour écrire sa nouvelle. Elle maîtrise parfaitement les noms d'oiseaux, parle de leurs spécificités, de leurs habitudes... Ensuite vient la qualité de l'écriture. Un style ancien et très noble, au vocabulaire précis.

J'ai beaucoup aimé ce recueil de nouvelles pour l'ambiance pesante et la crainte que sait faire naître l'auteure dans l'esprit du lecteur. Et quelle imagination ! Les histoires n'ont absolument rien en commun si ce n'est le génie de la jeune auteure pour créer des personnages communs et les transposer dans des situations dont ils auront du mal à se dépêtrer. .

Un seul bémol, toutes les nouvelles ne se valent pas. Si la plupart d'entre elles ont su me captiver, certaines ne m'ont pas marquée plus que ça. Je pense notamment à « Encore un baiser », l'histoire d'un jeune homme qui tombe sous le charme d'une ouvreuse de cinéma bien mystérieuse.

Pourquoi cette lecture ?

C'est un livre que j'avais trouvé en fouillant dans les rayons de ma librairie alors que je cherchais 3 ou 4 romans pour partir en vacances. J'avais tellement été marquée par le film, que j'ai immédiatement eu envie de lire cette histoire. En plus, comme j'aime beaucoup lire des nouvelles, je n'ai pas hésiter une seconde à le sélectionner.

Ensuite, je n'avais jamais rien lu de Daphné du Maurier alors que dans mon entourage et sur différents blogs, on parlait de ses romans, surtout du fameux "Rebecca", comme étant des lectures poignantes. Je ne pouvais donc pas ne pas découvrir son univers que j'aime beaucoup et que je souhaite continuer à parcourir.
Lien : http://que-lire.over-blog.co..
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Les Oiseaux et autres nouvelles est ma première incursion, très réussie, dans l'oeuvre de Daphné du Maurier.

La nouvelle titre a inspiré Alfred Hitchcock, et pourtant le film et le récit ne pourraient être plus différents l'un de l'autre. le suspense est tout aussi présent dans le texte de Daphné du Maurier : on sent la tension des personnages monter avec la marée qui ramène les oiseaux vers les terres.

''Le pommier'', la seconde nouvelle, est un vrai coup de coeur. Il y est question d'un homme, devenu récemment veuf et qui, mentalement, associe la forme d'un vieux pommier de son jardin à celle de sa défunte épouse. le jeune pommier qui se trouve juste à côté du vieil arbre lui rappelle quant à lui une jeune fille qu'il a aimée. Au fil du temps, la paranoïa semble s'installer dans la vie de cet homme : il a l'impression que le vieux pommier lui en veut et fait tout pour l'accuser de quelque chose.
Là aussi, le suspense est bien présent et les ''liens'' développés par Du Maurier entre l'épouse morte et le pommier sont très ingénieux.

''Encore un baiser'' nous plonge, une fois de plus, dans un certain suspense, mais aussi dans le traumatisme de la guerre. Des aviateurs sont tués, probablement par une femme, et la police recherche activement la coupable. Malheureusement pour lui, le héros de cette nouvelle a peut-être croisé son chemin...

''Le vieux'' est une nouvelles étonnante. Je ne vais pas vous la résumer, afin de ne pas gâcher le plaisir des lecteurs potentiels, mais je peux vous assurer que la fin de ce court récit prend vraiment par surprise !

''Mobile inconnu'' est probablement ma nouvelle préférée. Construite comme un petit roman policier, elle nous fait suivre les pas d'un détective privé chargé d'enquêter sur le suicide de Mary Farren. Bien sûr, si vous êtes habitués aux romans policiers, le dénouement de cette nouvelle ne sera pas un mystère pour vous, puisque les démarches du détective permettent de comprendre, presque avant lui, ce qui s'est passé. Mais la nouvelle est bien écrite et fait honneur à l'imagination de l'auteur.

''Le petit photographe'' est une nouvelle assez cruelle. La marquise dont il est question est une femme superficielle qui s'ennuie dans son couple et qui souhaiterait mettre un peu de piment dans sa vie en vivant une aventure amoureuse comme celle de ses amies. Elle va donc prendre un amant comme un enfant prend un jouet, pour s'amuser, mais les choses ne vont pas se passer comme elle l'espérait.
Sans être une déception (loin de là), c'est cette nouvelle que j'ai le moins apprécié. La marquise est bien trop cruelle à mon goût mais, heureusement, la ''punition'' la guette au tournant...

Enfin, ''Une seconde d'éternité'' est un bon suspens psychologique. le personnage principal, Mme Ellis, vit une existence réglée comme une pendule. Après le déjeuner, elle part se promener (comme tous les jours). Mais quand elle revient, elle ne reconnaît plus sa maison et remarque que des inconnus s'y sont installés pendant sa brève absence. Mme Ellis finit au poste de police et là, personne ne semble la reconnaître...
Cette ultime nouvelle est très bien écrite, et on se demande vraiment ce qu'il a bien pu arriver au personnage principal. le dénouement est une fois de plus très inattendu.

Je suis définitivement conquise par la plume de Daphné du Maurier, qui rejoint en un roman à peine, le groupe de mes auteurs préférés. Il ne me reste donc plus qu'à fouiller dans ma PAL afin d'y trouver ses autres romans, que j'ai hâte de lire.
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D'une écriture fluide, pétillante et envoûtante, l'auteur nous emmène ici dans des contrées imaginaires.

Des nouvelles à caractère fantastique, gothique, l'angoisse suintant des pages, que nous ne pouvons qu'imaginer le pire advenir. Je crois que je garderai le Vieux et son épouse bien-aimée dans un recoin de ma tête pendant très très longtemps. Par sa plume, la limpidité de son écriture, Daphné du Maurier nous guide et nous emporte avec elle. Que ce soit cet homme qui voit sa défunte épouse dans le pommier décrépi de son jardin, de cette Marquise qui prend un amant pour s'amuser et qui en paye les conséquences, de ces oiseaux qui sonnent le glas de l'humanité. 

Je ne conseillerais que trop bien aux amateurs de fantastique de se plonger dans les oeuvres stupéfiantes de cette auteure. 
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Lu dans une autre édition regroupant des nouvelles sur le thème de la peur, je me suis contentée de lire cette nouvelle qui donne son titre à l'ouvrage: "Les oiseaux".
J'étais très curieuse de lire le texte qui inspira Hitchcock pour son film du même titre. La première fois que je l'ai vu, j'avais une dizaine d'années tout au plus et j'étais restée très impressionnée. Je repense à ce film et ses images fortes dès que j'aperçois un regroupement d'oiseaux sur un fil électrique par exemple, si petit soit ce regroupement.

Dans la nouvelle, le mystère autour du comportement des oiseaux plane dès les premières pages et ne nous quittera plus. Narrée à la troisième personne du singulier, nous sommes cependant du point de vue de Nat, père de famille, et suivons le fil de ses pensées. L'auteure alterne efficacement les attaquent des volatiles et les heures de répit, les pensées angoissées de Nat et les informations du narrateur fournies pour une bonne compréhension du contexte.
L'angoisse, les interrogations, les espoirs et les craintes semblent être partagées tant par les personnages que par le lecteur. La famille se retrouve vite isolée et sans aucune possibilité de communiquer. Mais y a-t-il encore quelqu'un avec qui communiquer? le bilan semble tragique...

J'ai vraiment apprécié le style de l'auteure qui, sans artifice, amène progressivement la part d'étrange et de fantastique dans son récit. La fin choisie participe à faire perdurer le doute...
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Je gardais un bon souvenir du film d'Hitchcock, alors quand j'ai su que l'histoire était de la grande Daphné du Maurier, je me suis précipitée pour trouver le recueil! L'autrice a vraiment l'art de nous embarquer dans des univers très différents, c'est bluffant! "Les oiseaux" est une nouvelle apocalyptique survivaliste qui n'a rien à envier aux publications et séries actuelles. L'ambiance est oppressante, entre le silence, le vent d'est glacial et cet "énorme nuage noir"... d'oiseaux. J'ai toujours trouvé très efficace de générer la peur à partir d'un élément du quotidien au prime abord inoffensif. L'intrigue se déroule quasiment en huis clos, autour de ce père de famille cherchant à protéger femme et enfants en organisant leur défense et leur survie. le vocabulaire militaire employé ("troupe d'oiseaux qui s'étendaient en formation régulière", "semblaient engagés dans d'autres missions") donne le sentiment d'être en guerre. Intuitif, Nat a d'emblée perçu la menace alors que les autres minimisent le danger ("Encore une qui s'en fout"). Les autorités elles-mêmes se laisseront déborder par les événements ("Qu'est-ce que font nos dirigeants?"). Dès lors, c'est seuls que les Hocken doivent affronter l'attaque des volatiles...
On ne connaîtra pas la cause du comportement inattendu de ceux-ci (dérèglement climatique? révolte animale?)... On ne saura pas non plus comment tout cela se termine. La fin de la nouvelle n'est en fait que le début d'une longue épreuve... Ce qui renforce le malaise du lecteur: quel avenir espérer dans un tel contexte?

J'ai également beaucoup aimé "Le pommier", histoire à la dimension fantastique: un veuf, plutôt soulagé par la mort de sa femme qui le contrariait constamment avec ses attitudes de martyr, semble réincarnée à travers un arbre du jardin pour continuer de le hanter ("Cet arbre était un constant rappel de tout ce qu'il avait toujours détesté")... Et se venger?
"Encore un baiser" est une histoire sentimentale dramatique liée à la guerre, autour d'une ouvreuse de cinéma auréolée de mystère.
"Le Vieux" a des allures de drame familial (dans la veine du Petit Poucet)... relativisé par une chute inattendue!
Avec "Mobile inconnu", on est plongé dans une enquête habilement construite. Qu'est-ce qui a provoqué le suicide soudain de cette jeune mariée enceinte? le détective privé qui creuse son passé va dénicher des mensonges et des secrets qui ne sont pas sans rappeler l'atmosphère de Ma cousine Rachel.
L'héroïne du "Petit photographe" est une riche oisive à la fois agaçante et pitoyable. En vacances dans un hôtel de luxe, elle s'ennuie et va, par désoeuvrement, jouer avec les sentiments d'un jeune homme du coin... jusqu'au drame. J'ai aimé l'ambiance estivale, entre chaleur lourde et langueur.
Enfin, "Une seconde d'éternité" déstabilise une nouvelle fois avec une tournure inattendue en milieu d'intrigue: pourquoi l'environnement de Mme Ellis est-il bouleversé au retour de sa promenade? Que sont devenues sa maison, sa bonne, sa fille? On pense aussitôt à un bond dans le temps mais l'explication finale est une nouvelle fois surprenante!

Ainsi, le recueil propose des nouvelles très variées mais qui, chacune, entretienne une certaine tension dans le récit. L'imminence d'une catastrophe tient en haleine tout du long et malgré les hypothèses que l'on peut envisager, la chute, insoupçonnable, fascine et dérange à la fois. Daphné du Maurier avait un réel talent pour ce genre fictionnel!
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Il n'y pas à ergoter: Daphné du Maurier est décidément une grande dame de la littérature. Je ne connaissais que ses romans, géniaux pour tous ceux que j'ai lus, et c'est la première fois que j'ouvre un recueil de nouvelles.
Les oiseaux, bien sûr, archi célèbre grâce au film qui s'en est inspiré, une nouvelle glaçante dont le cinéma n'a repris que l'idée elle-même, les oiseaux se mettant par immenses vagues de becs et griffes à attaquer les humains, en bazardant les personnages et le lieu.
Cependant, il n'y a pas que Les oiseaux dans ce recueil. Tous ces textes ont en commun de vous glacer le sang. Ce n'est pas de l'horreur, pas du tout, c'est la vie quotidienne qui se détraque, un détail qui pourrait sembler sans importance et qui peu à peu enfle, comme une vague glacée, jusqu'à prendre toute la place.
Magistrale.
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Daphné du Maurier comme à son habitude installe toute une ambiance avec des thèmes différents pour chacune des histoires. Elle nous donne très peu de détail sur les personnages (leur nom, leur âge, leur milieu) ni sur le cadre spatio-temporel et fait ainsi appel à notre imagination. L'auteure fait monter la tension en douceur en tentant de nous emmener sur de fausses pistes. Ainsi, les chutes de chaque histoire tombent comme un couperet. Elles sont impitoyables et brutales. Daphné du Maurier met en place son récit avec beaucoup de finesse et de sérénité pour finalement nous surprendre dans les dernières pages. On se prend au jeu de détester et aimer ou avoir de l'empathie pour les personnages.

Voilà une auteure que j'admire de plus en plus pour sa plume, les histoires qu'elle met en place et la maitrise de son intrigue. J'ai été plus sensible à certaines nouvelles comme par exemple Encore un baiser, le petit photographe, Mobile inconnu et Les oiseaux. Les fins m'ont franchement laissée bouche-bée. Les oiseaux est surement le texte le plus connu de ce recueil. Il est mystérieux, rythmé et bien décrit. C'est simple j'ai eu l'impression d'être dans chaque scène avec les personnages. La fin ouverte permet de finir l'histoire par soi-même mais je ne vous en dis pas plus.

Encore une fois, Daphné du Maurier a su me tenir en haleine dans chacune de ses nouvelles. Son écriture est brillante ainsi que la façon qu'elle a de mettre en place ses intrigues et ses chutes. Maintenant, il serait bien que je visionne le film Les oiseaux d'Alfred Hitchcock.
Lien : http://danslemanoirauxlivres..
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Les Oiseaux

J'ai attaqué il y a quelques temps la nouvelle des Oiseaux, de Daphné du Maurier, en me demandant si cette nouvelle n'avait pas un peu vieilli. Et bien, pas du tout. A travers ce récit d'effroi, on retrouve sous forme un peu métaphorique, l'ambiance des bombardements qu'a subit l'Angleterre pendant la Seconde Guerre Mondiale. Au début, on n'y croit pas : non il n'y aura pas de malheurs, les autorités prendront les choses en main, les infos diront ce qu'ils savent. Il y a les prudents qui survivent. Et les imprudents qui meurent. Et puis on se rend compte qu'on est seul, que le Gouvernement ne peut rien faire, ni les infos.

Petit à petit, on change de vie. D'hommes libres, on devient hommes terrés. On analyse les comportements des oiseaux (ou des ennemis plutôt), leurs habitudes, leur mode d'attaque. On se protège ainsi et on essaie de montrer que l'on n'a pas peur. Car ceux qui ont peur ne vivent plus. Et ainsi, de fil en aiguille, alors que l'attaque des oiseaux, aussi incompréhensible qu'elle soit, devient nationale, et bien, on continue à vivre, à survivre, en attendant que cela passe.

Par cette nouvelle un peu fantastique, l'auteure a su me retransmettre les émotions que l'on doit ressentir lors des attaques par bombardement. Autant une guerre de front est compréhensible car on voit la personne en face. Mais lors d'un bombardement, l'ennemi est invisible. Il n'a pas de réel raisonnement.



Le Pommier

Une nouvelle un peu triste je dois dire. Elle traite du deuil. Un homme a sa femme qui décède et voit du jour au lendemain un pommier dont la silhouette ressemble à sa défunte épouse renaître à la vie. Là on voit tout ce qu'il n'aimait pas chez sa femme, de longues années de mariage qui ont épuisé le couple. Et il retransmet toute sa haine envers ce pommier qui finira par le tuer.

C'est une espèce de mécanique du deuil qu'on voit se dérouler là. L'homme refuse petit à petit à refaire sa vie, il reste emmuré dans son quotidien. Et l'on s'aperçoit au fur et à mesure que tous ces détails qui pouvaient l'exaspérer chez sa femme étaient des qualités envers les autres. Ces deux là s'empêchaient de vivre mais vivaient ensemble. Et ils restent liés à travers cet arbre qui va s'échiner à le tuer : par le bois, par les fruits.... Il l'isole de plus en plus et finira par l'assassiner. C'est un peu l'esprit de sa femme.

Cette nouvelle est terrifiante en soit. Car la haine, les regrets, les reproches restent après la mort. Puisse jamais rencontrer cela un jour !


Une seconde d'éternité

Imaginez que vous partez en promenade et que lorsque vous revenez, votre maison n'est plus la vôtre car il y a d'autres gens dedans, personne ne vous reconnaît, votre fille a disparu.... Que s'est-il passé ? Vous sentez de suite une pointe d'angoisse venir, vous perdez vos repères... Vous tentez de savoir ce qui se passe mais tout le monde vous croit folle ! Et si vous étiez morte. Si cela fait des années que cela s'est produit? Que vous ne reconnaissiez plus votre fille qui est mariée et qui a un enfant, qui elle ne vous reconnaît plus non plus ! Vous avez là l'origine du célèbre Sixième sens. Cette nouvelle n'a pas pris une ride et vous plongera dans un état proche de l'angoisse. Car on ne peut s'empêcher de penser : Et si c'était vous ?
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