Citations sur Le livre d'or de la science-fiction : Richard Matheson (16)
DOCTEUR J : Le monde a cinq ans.
SMITH : C'est exact.
DOCTEUR J : Que faites-vous des fossiles ? Que faites-vous de l'âge des pierres ? De la transformation en plomb de l'uranium ? Que faites-vous des diamants ?
SMITH (pour ne plus être importuné) : Illusions.
DOCTEUR J : C'est vous qui les avez fabriqués ?
SMITH : C'est ex...
DOCTEUR J (le coupant) : Pourquoi ?
SMITH : Pour voir si j'en étais capable.
DOCTEUR J : Je ne...
SMITH : N'importe qui peut faire un monde. Cela requiert de l'ingéniosité lorsque l'on veut en fabriquer un puis faire croire aux gens qui y vivent qu'il existe depuis des millions d'années.
("L'homme qui a fait le monde" - 1954)
Examinant son visage las dans la glace, il pensa à s'ouvrir les poignets. Mais il savait qu'il n'en était pas capable. Parce qu'il faut plus que du désespoir pour inciter à l'autodestruction.
("Le dernier jour" - 1953)
Matheson ne peut pas écrire de la science-fiction comme tout le monde. Il ne peut que « faire semblant », quitte à utiliser des thèmes très conventionnels en apparence, comme c’est le cas ici, pour déboucher aussitôt sur quelque chose d’entièrement nouveau, quelque chose d’atroce…
(Daniel Riche - préface à la nouvelle "Le Zoo")
"Les gens meurent comme ils ont vécu ", dit-il. " Certains biens, d'autres mal."
(Le dernier jour - 1953)
Harry Tomson eut un petit rire sous cape, « Les femmes », dit-il, « sont les scientifiques idéales. L'univers féminin est aussi étroit que celui du Bureau Politique. » (la chose- 1951).
Je la dévisageai. Je n’avais jamais rencontré quelque chose de semblable. J’avais lu cela quelque part, comme tout le monde. Un vieil homme ou une vieille femme annoncent qu’à un moment donné ils vont mourir, et quand ce moment arrive, ils meurent. Qui sait comment ça se passe ? Est-ce un effet de la volonté ou de la prescience ou bien encore les deux à la fois ? Tout ce que l’on sait, c’est qu’il s’agit d’un phénomène étrangement terrifiant.
("Deadline" - 1959)
Je crois que la terreur et l'épouvante sont deux choses différentes. La terreur glace l'esprit. L'épouvante lève le cœur. Je suis sûr d'avoir écrit des histoires d'épouvante, mais j'espère avoir écrit davantage d'histoires terrifiantes.
Extrait de Les Déshéritiers
"Combien reste-t-il de gens réels sur la Terre, à présent ?
- À peu près une cinquantaine.
- C'est vraiment très habile", dit-elle, "Alice Grady ne s'est absolument douté de rien. Pas une seconde.
- Bien sûr que non", répondis-je. "C'est là qu'est tout le charme de l'histoire."
Nous avons tant oublié. Comment lutter, comment atteindre des hauteurs vertigineuses et plonger dans des abîmes incomparables. Nous n’aspirons plus à rien. Nous avons même perdu le souvenir des ombres subtiles du désespoir. Nous ne sommes plus des fonceurs. Nous nous rendons péniblement de notre domicile à notre véhicule puis à notre travail et nous faisons la même chose le soir en sens contraire. Nous vivons entre les limites que la science nous a choisies. La vie est devenue quelque chose d’étroit et de prédigéré. La gamme complète de l’existence n’est qu’un bref et sombre passage du gris au gris foncé. L’arc-en-ciel a perdu ses couleurs.
("La Chose" - 1951)
Cette fois-ci, c'est trop, pensa-t- elle. Croire que l'on est en train de vivre un conte de fées est une chose. Le vivre effectivement en est une autre. C'est un truc à vous glacer les os. Je sais bien que tout cela a une explication. Une explication logique, mais...
Voilà ce qui constitue à la fois leur meilleur et leur pire moment. Ils savent toujours qu'il y a une explication logique. Mais pour eux, la logique a des limites et celles-ci sont trop étroites pour recevoir la véritable explication.
(Les déshérithiers-1953)