La planète terre en 2031, demain. Mars, loin d'être satellisé, nous plonge au coeur d'une société qui pourrait (sera) la notre bientôt, avec force documentation et tout ce qui caractérise un excellent thriller.
Ce n'est clairement pas un roman comme les autres. Sa couverture pourrait laisser imaginer une histoire moins ambitieuse qu'elle ne l'est.
La lame comme une métaphore.
Cette lame est effectivement au centre de l'intrigue, par toutes ses définitions. A commencer par celle qui s'abat sur des milliers de nigérians, et qui va engendrer un effet domino encore plus dévastateur. Mais qu'on ne mettre pas tout sur le dos de dame Nature, elle est loin d'être la responsable principale de la catastrophe humanitaire racontée dans ces 500 pages.
Voilà le genre de roman d'anticipation qui parle directement de nous aujourd'hui. 12 ans, c'est peu à l'échelle d'une vie, c'est à peine un petit pas à l'échelle de notre société.
La lame est un thriller, violent parce que la société l'est de plus en plus, et prenant. L'amateur du genre y trouvera son compte. Mais ce récit est tellement plus que ça, parce que le pouvoir de la fiction est immense…
Voilà bien le genre de livre qui pourrait s‘apparenter à un brûlot. Sauf que
Frédéric Mars a fait un travail extraordinaire de documentation et d'analyse pour se baser sur des faits et non uniquement des conjectures fantaisistes. Il évite les pièges qui pourraient faire penser que c'est un livre uniquement militant. S'il l'est, c'est à charge contre ceux qui manipulent les populations et qui profitent de leurs congénères.
L'écrivain a une capacité étonnante à nous plonger au coeur de l'action tout en nous faisant prendre conscience de la dérive de notre monde. Un constat, étayé, qui fait flipper, mais devrait nous amener à mieux réfléchir sur l'égarement moral, économique, écologique d'une humanité qui se perd et court à sa perte.
Thriller géopolitique de haut vol,
La lame développe un concept jusqu'au-boutiste effrayant. Mais ce n'est qu'un outil pour mettre en perspective les ravages que vont engendrer des mouvements migratoires incontrôlables, si tous les acteurs ne prennent pas le problème à bras le corps.
C'est le deuxième thriller particulièrement saillant en 2019, et qui nous met le nez dedans, comme l'ont également fait
Jérôme Camut et
Nathalie Hug avec
Et le mal viendra. Autre angle d'attaque, mais même talent et manière similaire de pousser le bouchon pour mieux faire prendre conscience.
L'intrigue est dense, condensée sur 8 jours de temps, avec un nombre impressionnant d'événements qui montrent que le château de carte peut vite s'effondrer. Avec les acteurs tenant les cartes en main qui ne les utilisent qu'à leur fin. L'homme ne peut s'en sortir qu'en tirant dans le même sens. Cruelle utopie…
Le roman marque également les esprits par sa galerie de personnages forts, attachants ou repoussants, sans manichéisme, mais avec de vraies émotions qui viennent contrebalancer l'immense noirceur du propos.
Et puis, il y a le talent hors norme de
Frédéric Mars. A l'aise dans tous les genres, à l'imagination débordante, au travail de recherches impressionnant, aux qualités de conteur étonnantes. Et à l'écriture formidable, ciselée, travaillée. L'auteur la soigne pour qu'elle soit ultra efficace sans jamais tomber dans la facilité. Oui, c'est extrêmement bien écrit.
La lame est un roman d'anticipation au plus près de notre actualité. D'une dimension folle et d'un réalisme cru.
Frédéric Mars propose un thriller comme on n'en rencontre peu, qui prend aux tripes et qui nous fait réfléchir. Parce qu'il parle de nous, demain. le sujet était casse-gueule, mais son traitement est une réussite du début à la fin.
La catastrophe humanitaire est déjà en marche, et ses répercutions seront sans limites si l'Homme ne change pas radicalement d'attitude. Au plus vite… Parce qu'il reste de l'espoir.
Lien :
https://gruznamur.com/2019/0..