AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Gabrielle Danoux (Traducteur)Mariana Valéan (Préfacier, etc.)
EAN : 9782850890697
160 pages
Édicions Paraules (15/01/2024)
5/5   1 notes
Résumé :
Didier Manyach est un poète profond et original.
À titre d’exemple, à la lecture de son livre L’empreinte du chaos j’ai imaginé un nomade marchant dans un cosmos enchanté, à la recherche du verbe d’or.
Son écriture, une pure métaphore, est bouleversante.
Tout à tour amer, délicat, nostalgique, déçu ou accusateur, il nous transporte, dans le miracle d’une lecture, vers des mondes inconnus.
L’enfance nomade d’une grande richesse… Celle que ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Amprenta haosului (extraits de L'empreinte du chaos)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un livre bilingue élégant et sobre à l'extérieur, brûlant et sombre à l'intérieur.

J'ai pris plus de temps qu'à l'habitude à le traduire, car ici, j'ai changé le sens de la traduction. Je traduis enfin, vers ma langue maternelle, avec une certaine volupté.
La sélection des poèmes appartient à l'auteur, l'émouvante préface à Mariana Valéan, elle-même poète et le travail éditorial à André Robèr.
Commenter  J’apprécie          733
Sans Gabrielle Danoux, je n'aurais pas découvert la plume rare, forte et nécessaire de Didier Manyach. Il nous entraîne dans son cheminement rigoureux, dans des affres sonores, épiques, mythologiques, où la structure ne se refuse rien, le flow déverse ses vagues de pensées et le rythme nous rattrape après chaque contrecoup. On passe à côté, en plein dedans, ou très au-dessus, c'est selon… le phrasé syncopé laisse place à la diction, l'oralité, le complément d'objet direct ou indirect de notre interprétation imaginaire. Jamais il ne cède à la facilité, jamais il ne lâche son objectif, jamais le chaos n'a été aussi contrasté. J'imagine un peu la complexité de traduction que cette parole suscite. Je dis bravo à l'auteur, la traductrice et aux éditions Paraules que je découvre avec cet ouvrage.
Commenter  J’apprécie          120

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Sang duel

S’agrippant aux racines, au milieu des branches et des fleurs, il longea la rive. L’ombre descendait sur le fleuve. Mouvement, lancinant, sans pesanteur, arraché à la chair du courant. Se voir ainsi noyé dans sa propre forme ! Alors que le vent l’écartait violemment, le ramenant de l’autre côté du monde, des rumeurs lui parvenaient. Ce furent, au loin, les premiers mots… Les bêtes semblaient se coucher sur la terre. Les arbres déracinés, l’aube au-dessus des étangs, les radiations violettes, le feu retenu dans les hauteurs. Il marchait dans un cercle parfait. D’avoir tant erré sur les roches bouillantes ses lèvres réclamèrent la coupe d’une eau purifiée. Il reprit ses mains au torrent et bu l’acier liquide du soleil sur les flots. Il lui sembla que son coeur reposait à l’intérieur d’une roche, quelque part, où un astre, antérieur, aurait pu exploser. Il ne pouvait s’approcher. Tout était brûlant puis glacé : l’âme recrachait son odeur de soufre. Elle marchait dans son corps. La pluie enfin ouvrit ses yeux, endormis, retournés vers l’intérieur, depuis trop longtemps. Les plantes se déroulèrent : faune de nervures et de tiges entrelacées. La pensée se glissa dans une source, à l’affût. Ainsi il demeura, reclus, inclus jusqu’à la fin de l’orage. Puis quelqu’un s’approcha : cheveux noirs dénoués sur les reins, feulement des pas entre les roseaux, cristal rechuté des limbes. Sa mère se tenait debout devant l’origine. La brise ourlait sa robe d’écumes, ample sous le ciel. Entre ses jambes le sang se répandait. Elle murmura les premiers mots à l’inconnu qui va naître : sa langue, maternelle, enfin délivrée. Cependant qu’une barque s’éloignait, s’enfonçait puis se noyait dans la pénombre il entendit, séparé, l’écho de son cri. Sur mes lèvres le silence se brisa. Alors le sang, dans ma bouche, le sang transfusé des rumeurs et des premiers mots, le sang transporté, transbordé par ma langue maternelle, abondamment, continua de couler…

(pp.36-38)
Commenter  J’apprécie          291
Le lin
Les hommes ont protégé la récolte de l’averse : ce que la terre a absorbé elle le redonne à l’air, au basculement des océans, à l’exhalaison de toutes les forêts, à une direction qui m’est inconnue.
Les femmes ont recousu les vallées, le mystère des forces, la prodigieuse musique de l’altitude. Mais les voisins sont venus : battre, étirer, carder, filer et finalement jeter les ronces. « Le fleuve a enflé dans la nuit » ont-ils annoncé.
Les hommes ont tué quatre loups dans le jardin. Les morts, eux, n’ont pas connu cette guerre d’où la vie est revenue, déchiquetée, avec une parure de fauve. La vie n’a pas reconnu la mort qui marche devant la joie feinte. Louange ou clameur : les promesses n’ont pas été tenues !
La germination reste silencieuse. Les compagnons assidus du malheur se sont laissés séduire par l’appât des icônes, la glace qui brûle, le métal ardent. Les voici revenu des semaisons : oxydés de tristesse…

(p. 42)
Commenter  J’apprécie          231
Quelque chose s’est effondré.
La température soudain a diminué.
L’horloge biologique s’est déréglée…
La pensée s’est affolée.
Et le corps se redressa
dans sa texture atmosphérique
parmi les dynasties de l’eau, du métal, du feu
de la terre et du bois flotté.

*
Ceva s-a năruit.
Temperatura a scăzut deodată.
Ceasul biologic s-a dereglat...
Gândirea a luat-o razna.
Și corpul se îndreptă
în textura sa atmosferică
printre dinastiile de apă, de metal, de foc
al pământului și al lemnului plutitor

(pp. 64-65)
Commenter  J’apprécie          301
Garder la distance du félin
seul comme un jour ordinaire
avec la mélancolie des sortilèges
face au nouveau seuil qui va surgir
face à la balance de l’ondée des heures
face à la récolte mûre

face aux appels fervents
face aux bateliers de la perdition
face aux crécelles de la paix
et aux quignons de la promesse.

(p. 68)
Commenter  J’apprécie          370
Le noyau dans l’écorce
Les racines retournées
vers l’azur
Un lieu immobile démesuré
Au centre : la sphère du crâne
propulsée dans le vide
Nous y sommes parfois tolérés
C’est souvent
INSUPPORTABLE

(p. 58)
Commenter  J’apprécie          170

autres livres classés : poésieVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (3) Voir plus



Quiz Voir plus

Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

Paris
Marseille
Bruxelles
Londres

10 questions
1233 lecteurs ont répondu
Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

{* *}