L'homme inquiet

Cher Kurt ,

Nous voici à la croisée des chemins . de celle qui vous laisse un méchant vide et pas mal de vague à l'âme. Une rencontre presque hasardeuse il y a , maintenant , près de 10 ans et voici que sonne déjà l'heure fatidique des adieux sans retour .
Oh bien sûr , le coup de foudre littéraire ne fut pas immédiat même s'il s'en fallut de peu...
Je ne sais , à l'heure ou je t'écris - tutoiement de rigueur en Scanie ;) - ce qui va , dès lors , le plus me manquer .
Ces enquêtes fastidieuses régulièrement couronnées d'un succès méritoire souvent taillé dans le marbre de la douleur et de la désillusion .
Ces loooongues journées glaciales et pluvieuses , tristes symboles récurrents d'hivers à l'aune de ton parcours professionnel et personnel .
Ce dont je suis certain , c'est le fait de pouvoir rapidement surmonter ces innombrables fous rires , ces inqualifiables barres de XPTDR à mourir de LOL , ces dernières se comptant facilement sur les deux mains d'un manchot neurasthénique venant de subir son 36e contrôle fiscal consécutif...
Ton univers sur papier glacé , voire givré , tout simplement , ne saurait trouver d'égal pour un p'tit bout de temps et ça , c'est moche...
Une ultime bafouille lapidaire en guise de remerciements sincères pour toutes ces heures de pur bonheur passées en ta compagnie et celle de tes proches . de ton père , peintre monomaniaque aussi bourru qu'attachant à ton ex , Mona , en passant par Linda , fière descendance marchant désormais sur tes pas , chacun , à sa manière , contribua aux succès notoires d'un flic à taille humaine trimballant son cortège d'emmerdes semblant bien trop pesant pour ses «  frêles «  épaules...
Pour tout ça et bien plus encore , tu vas me manquer...

PS : une ultime enquête sur fonds de géopolitique faisant la part belle à un Kurt , plus touchant et torturé que jamais , en papy gâteau et flic pas loin de devenir gâteux tant ces absences à répétition augurent du pire à venir . Toujours aussi bon , finalement aussi bon...

L'Homme Inquiet , dernière enquête testamentaire offerte aux lecteurs l'étant tout autant...sniiiiif... Kleenex...

Avec L'homme inquietHenning Mankell nous offre la neuvième et dernière aventure du Commissaire Wallander et ce n'est pas sans émotion que je me suis plongée dans cette lecture.

Wallander a soixante ans, il a déménagé en pleine campagne et vit avec son chien Jussi. Sa fille Linda, maman d'une petite Klara, lui demande d'enquêter sur la disparition soudaine de son beau-père, Håkan von Enke, ancien officier dans la marine suédoise (il travaillait dans les sous-marins). Cette disparition est suivie de celle de sa femme, Louise, quelques semaines plus tard… Wallander va se lancer à la recherche de cet homme et remuer son passé très lié à la guerre froide et à l'Histoire de la Suède.

Cette dernière aventure est l'occasion pour Wallander de revenir sur sa vie et sur toutes ses enquêtes, pour notre plus grand plaisir de fidèle lecteur. Cela nous donne envie de relire ses autres aventures. Dans ce dernier volet, Kurt Wallander vieillit et il n'aime pas ça. Quantité de souvenirs remontent à la surface et c'est le moment des mises au point : Mona, son ex-femme et Baiba, l'autre femme de sa vie (rencontrée dans Les chiens de Riga) réapparaissent. Et surtout, il y a les pertes de mémoires, qui se transforment en trous noirs... Et qui nous font présager le pire sur ce qui va lui arriver... le tout sur un fond de paysage suédois, cette contrée vantée jadis pour l'excellence de son modèle social mais où on assassine le Premier Ministre. On y trouve les thèmes de : la solitude, la maladie, la vieillesse et la transmission. C'est le syndrome de l'écrivain vieillissant inauguré par Philip Roth... L'enquête passe au second plan pour laisser la place à la psychologie des personnages et préparer aussi la sortie de Wallander. J'avoue avoir été très émue à la fin que je ne vous dévoilerai pas bien sûr, non non n'insistez. L'aventure se termine sur un tome plein d'humanité, un des plus réussi sans doute le plus beau. Un ami s'en va. Repose-toi, Kurt.

Intrigue assez moyenne , bien que les rapports URSS- Etats - Unis sont bien analysés , tout en nuances .
Ce qui est le plus intéressant , c'est le côté psychologique , la découverte de la vie en Suède .
J'ai épinglé l'emploi généralisé du ' Tu ' , le fait que les enfants ont la possibilité de prendre le nom de famille de leur mère , le long congé de maternité , les traditions , ici , la fête de la St Jean .
Kurt Wallander qui nous fait part de sa peur de vieillir , enfin , surtout , la peur d'être dépendant , la solitude , la peur de la retraite , les relations du commissaire avec son propre père , ses relations parfois houleuses avec sa fille .
Nous partageons le temps de l'enquête la vie de K. Wallender , les insomnies , les soirées trop arrosées dues à un trop grande solitude , le café du matin , les repas pris sur le pouce mais aussi des moments de bonheur , la vie quoi.
C'est tout cela qui rend le personnage si attachant , le thème du temps qui passe trop vite , arrivé à un certain âge , la peur de la vieillessse étant bien des thèmes universels .
Avec les trous de mémoire de plus en plus fréquents , de plus en plus graves de K . Wallender, l'auteur nous prépare doucement à faire le deuil de son personnage , à notre plus grand regret .
J'ai eu l'impression de perdre un ami , et me suis dit , ouf , je n'ai pas encore lu toutes les enquêtes , et tant pis si ce n'est pas dans l'ordre .
Décidemment , Hennig Mankell est bien talentueux ; et les lecteurs qui n'aiment pas les policiers sont perdants .
Beau moment de lecture , d'une grande humanité .
Je dois dire aussi qu'il y a beaucoup de critiques de qualité sur ce livre et que je m'excuse de ne pas écrire à chacun pour leur en faire part .

J'avais lu "les chaussures italiennes" du même auteur , mais "l'homme inquiet "est le premier roman policier que je lis de Henning Mankell.
En fait j'ai commencé, sans le savoir par le dernier de la série des enquêtes du commissaire Kurt Wallander!

L'intrigue, sous fond de guerre froide et d'espionnage ne m'a beaucoup passionnée, bien que j'ai trouvé que l'enquête soit bien menée, qu'il y aie un réel suspense . J'ai préféré à l'enquête elle-même l'étude psychologique des personnages, qu'ils soient importants dans l'histoire ou seulement de passage.

On retrouve le thème de la peur de vieillir, de la maladie et de la mort, qui est aussi présente dans "les chaussures italiennes". le style de l'auteur me plait beaucoup, car l'auteur s'attarde sur les détails de la vie quotidienne, qui pourraient paraitre superflus dans un roman policier, mais cela donne de la profondeur au récit . On peut ainsi s'identifier aux personnages, ils nous ressemblent, ils ont les mêmes préoccupations que nous, dans la banalité du quotidien.

Les réflexions de Kurt Wllander sur son père décédé m'ont beaucoup touchées:
" Son père était une énigme" et aussi:
"- on ne choisit pas ses parents. Si je suis bizarre c'est un trait de caractère que j'ai hérité de ton grand-père - qui était vraiment bizarre, lui, pour le coup."

Je pense que la lecture de quelques autres enquêtes de Kurt Wallander s'imposent , même si elles ne se feront pas dans l'ordre. Ce sera un plaisir pour moi de me replonger dans ces paysages somptueux et sauvages des territoires nordiques et de la Baltique.

Après avoir lu « l'homme qui souriait » de Mankell , j'ai bien failli de plus lire de romans de cet auteur. Une grande déception de la part d'un maitre du polar.
Par la suite, un peu par hasard, j'ai lu et adoré « les chaussures italiennes », ce roman si émouvant et bouleversant, mettant en lumière un couple de personnes âgées se retrouvant après de longues années de rupture.

Alors, Mankell est-il un auteur de policiers ou de romans dit littéraires ?
« L'homme inquiet », le dernier de la série avec Wallander, devait me mettre sur la piste définitivement.

Cette histoire commence sur le déclin inéluctable de ce policier, en fin de carrière et commettant des fautes impardonnables, comme oublier son arme de service dans un restaurant. On sent que la passation de génération est en marche avec sa fille Linda, également dans la police.
Et puis, la disparition du beau-père de sa fille, von Enke, peut-être un signe du destin, le contraint à enquêter sur cette affaire de sous-marins russes repérés il y a 25 ans dans les eaux suédoises. S'ensuit une autre disparition plutôt étrange…
En parallèle de l'enquête, les relations familiales difficiles, avec sa femme et sa fille notamment, sont longuement dépeintes et donnent corps à ce livre. le fait d'être grand-père enfin marque également sa vie ainsi que la perte d'une très proche dans le même temps.

Les fanas des théories du complot et/ou de la chose militaire seront comblés par ce polar, à rebondissements et navigant en eaux troubles.
La lecture de ce roman m'a définitivement convaincu que Mankell était un auteur à part, explorant la nature humaine dans toute sa complexité, tout en sublimant les paysages suédois comme dans les chaussures italiennes.

Ce n'est qu'un au revoir, Monsieur Mankell.

Je n'ai mis que quatre étoiles car malgré le fait que j'étais heureuse de retrouver le personnage de Wallander maintenant grand père, j'ai eu du mal à rentrer dans l'histoire certainement à cause du contexte (les sous marins soviétiques et la stasi allemande).
Mais la fin est captivante et je voulais absolument savoir tout ce qui se cachait là dessous.
La vie de Wallander touche au point de le prendre en affection malgré tous ses défauts.
C'est un bon livre quand même comme souvent c'est le cas pour cet auteur.

Henning Mankell vient de nous quitter. L'homme inquiet fut comme le prélude de cette perte.

Car dans ce roman, Wallander, l'alter ego du romancier, sentait petit à petit ses capacités le quitter. Troubles mémoriels, temps qui passe et échéance (et déchéance) inéluctable, ce Wallander était crépusculaire.

Le roman policier a toujours été pour Mankell un prétexte pour diagnostiquer la société suédoise, attirer l'attention sur les problèmes des migrants ou de l'Afrique, rappeler les incompréhensions qui se glissent dans les têtes des membres d'une même famille suite aux divorces, ou les difficultés des relations professionnelles, même dans un commissariat aussi petit que celui d'Ystad.

Dans l'homme inquiet, l'enquête est liée à disparition du beau père de sa fille Linda, ancien officier de marine dans les sous marins, puis celle de sa femme. De quelques propos échangés avec cet homme avant sa disparition, Wallander comprend que le passé, lié à la guerre froide, et à des incursions de sous-marins russes dans les eaux suédoises, ressort. Wallander, quittant sa fermette campagnarde qu'il a tant rêvé, part à Stockolm trouver la clé de l'énigme.

Le mot qui plane constamment sur le livre est bien « inquiétude », tout dans sa vie privée et dans ce qui arrive à ces proches, inquiète Wallander. Et du coup, Mankell a fait de ce roman plus encore que pour les autres livres de la série, un magnifique portrait de l'homme face au temps.

Ah, décidément, on peut dite qu'en ce moment, je ne lis pas les livres dans l'ordre !
Après avoir terminé celui-ci, je réalise que c'est le dernier d'une série.
Je ne connaissais d'Henning MANKELL que « Les chaussures italiennes » que j'avais fort apprécié.
Et là, je découvre Kurt Wallander et sa dernière enquête.
Mais comment ai-je pu manquer les autres ? Une grosse lacune à combler, parce que ce Kurt, bien que vieillissant est fort attachant avec sa peur de vieillir, ses bilans de vie, sa solitude malgré son chien et surtout sa fille et sa petite fille.
J'ai hâte de le découvrir plus jeune dans d'autres enquêtes..
D'autant que c'est fort bien écrit, bien maîtrisé, même si je me suis un peu perdue dans ces histoires de sous-marins russes.
Une chose est sûre, je retrouverai Kurt Wallander.

Ah mais non Wallander, je proteste, tu ne vas pas nous quitter comme ça sur un p'tit coup d'mou. Alors on ne saura rien de Klara, c'est qu'elle commence à être intéressante ta petite-fille. Un vieux flic qui jette l'éponge pour des p'tits trous de mémoire de rien du tout. Laisse tomber les officiers de marine et les espions, ce sont de vieux emmerdeurs et reviens vers tous ces pauvres bougres qui font le quotidien de ton commissariat. Moi je suis comme ton chien Jussi, je t'attends.

Je n'avais jamais lu d'enquêtes avec Kurt Wallander, c'est avec la dernière que je l'ai découvert. Cet enquêteur a un profil intéressant, il nous fait beaucoup part de ses réflexions et inquiétudes sur sa carrière, sa fille, sa santé et sa retraite qui approche à grands pas, ce qui permet de couper avec l'investigation policière en cours.
Celle-ci est assez prenante et traite d'espionnage entre Suède et Russie depuis la guerre froide. J'ai apprécié cette plongée dans les pays nordiques et l'écriture de l'auteur, ça donne envie de le découvrir de nouveau.