Le jeune Stéfan, fraichement débarqué de sa province, est remarqué par une bande de trafiquants de drogue de Reykjavik pour ses talents de chauffeur. A sa grande fierté, ce jeune Candide (doté de solides instincts délinquants, tout de même) s'intègre dans une faction mafieuse, où il reçoit les confidences des uns et des autres, dans une période où les gangs s'affrontent autour d'un mystérieux kilo de drogue disparu, et sous l'influence d'un non moins mystérieux Mr Nemo. L'intrigue suit le droit fil de toutes les histoires mafieuses, dans les films comme dans les romans : escroqueries, règlements de compte, violence... le tout garde cependant une certaine fraîcheur du fait de la naïveté du narrateur, et du côté très adolescents des bandits, qui dérapent parfois dans de grandes tirades lyriques, se prenant pour des super-héros ou des personnages dignes de manga. Désopilant, même si cela reste fugitif. Et le côté exotisme islandais est également appréciable, à cent lieues des romans d'Idridason.
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Pour moi, un travail bien fait est source de satisfaction, quelle que soit sa nature. Le temps passe plus vite quand on est ambitieux. Ceux qui négligent leur boulot se sentent toujours mal au travail, ils regardent leur montre à tout bout de champ et le temps ne passe pas.
Sa mère et son père étaient fiers comme tout, leur adorable petit dernier venait de sortir de l’École d’ingénieurs avec les félicitations, à ce qu’il leur avait dit. Lui qui avait toujours été un vrai cancre, spécialiste en beuveries et en mauvaises fréquentations…
— Donc, le supposé client était assis sur ce tabouret-là ? m’interrogea-t-il, son gros index enfoncé dans l’assise en cuir de la chaise que Nemó avait occupée quelques minutes plus tôt.
— Tout à fait.
Hissé sur la pointe des pieds, j’apercevais à peine le siège. Je hochai vigoureusement la tête pour donner du poids à mon affirmation et regardai tour à tour les deux hommes.
— En effet, il était là, sur cette chaise, comme je vous l’ai déjà raconté deux fois. Ensuite, on aurait dit que la terre l’avait englouti. Ça aussi, vous le savez déjà. Il a disparu.
— Il n’y a aucune empreinte digitale sur le verre, observa Tóti à mi-voix après l’avoir inspecté en détail sans toutefois y poser les doigts. Il n’y a pas touché ou peut-être qu’il portait des gants… À moins qu’il ne l’ait essuyé avant de partir ?
— Je ne crois pas qu’il avait des gants. Et je ne me rappelle pas non plus l’avoir vu avaler ne serait-ce qu’une gorgée. Mais il se peut qu’il l’ait essuyé, comme tu viens de le dire.
— Avec quoi l’aurait-il fait ?
Toute chose s’élève puis retombe, toute chose vit puis meurt. Le mouvement que ce balancier accomplit vers la droite est aussi long que celui qu’il effectue vers la gauche. Toute cause a une conséquence et toute conséquence, sa cause. Le hasard n’existe pas.
La vie est comme une guerre ou un jeu, et celui qui ignore les règles ne peut pas y participer, ou bien il est condamné à perdre. Il reste sur la touche au moment où les autres lancent les dés.