Je vous ai dit tout ce que je pouvais vous dire. Et je me moque éperdument de savoir si le chauffeur portait des souliers noirs ou marron, ou si le verre dans lequel j’ai bu était grand ou petit. Le fait demeure que j’ai été drogué, volé et laissé pour mort. Quels sont les auteurs de l’opération, je l’ignore, mais je doute fort que vous mettiez jamais la main sur eux. Et même si vous y arriviez, je ne suis pas sûr de pouvoir les identifier. J’étais pour eux un imbécile qui avait de l’argent dans son portefeuille. Ils ont décidé de me prendre cet argent et ils ont réussi. Jusqu’au dernier cent. Autant que je puisse dire, ce sont des choses qui arrivent tous les jours à Mexico.
Le Syndicat ressemble à une pieuvre géante. Ses tentacules couvrent l’univers entier : Un jour, j’ai acheté des terrains dans l’ouest du Canada, et, mon achat fait, j’ai découvert que les précédents propriétaires étaient affiliés à la bande qui tenait la loterie clandestine de Detroit.
Je ne peux pas vivre caché jusqu’à la fin de mes jours. Mon existence n’a rien d’extraordinaire mais c’est la mienne et je ne peux pas changer subitement de personnalité.
L’interrogatoire continua. De courtes questions l’une après l’autre. Je faisais de mon mieux pour donner des réponses simples et plausibles. D’abord j’eus l’impression de m’en tirer comme il fallait, mais au bout de quelques minutes je sentis que je me conduisais comme un imbécile. La tentation me vint de dire : « Écoutez, les choses ne se sont pas passées comme ça. La vérité… » Mais il était trop tard. J’étais parti avec mon histoire, et bon gré mal gré il me fallait continuer.
On remarque moins les gens qui débarquent d’un bateau en croisière d’agrément que ceux qui descendent d’un avion.