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EAN : 9782759605569
120 pages
Paris Musées (08/11/2023)
5/5   1 notes
Résumé :
Catalogue de l'exposition Georges Hugo, l'art d'être petit-fils, présentée au Musée Victor Hugo, Paris (10 novembre 2023 - 10 mars 2024).

Bercé par une enfance trop heureuse, héritier de la gloire de Victor Hugo, riche mais prodigue, mondain mais matelot, témoin de la Belle époque et peintre de guerre, il est resté émerveillé d’avoir vu son grand-père dessiner. Il est artiste dans l’âme et peint comme Proust écrit, chroniqueur de sa propre mémoire et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Achat à la boutique- librairie de la Maison Hugo- samedi 10 février 2024

Un immense coup de coeur en découvrant l'ampleur et la beauté de l'oeuvre picturale du petit- fils du Grand Hugo, Georges, dont j'ignorais le parcours talentueux...
Je connaissais, par contre, celui de l'arrière- petit- fils, Jean Hugo ( **fils de Georges)

Le titre de l'exposition est, on ne peut plus, excellemment choisi :" Georges Hugo, l'art d'être petit- fils ".Car il fut sûrement plus compliqué, plus ardu d'être le " Petitfysse de..." que de pratiquer son art bien qu'il opta la majeure partie de son existence, pour
" l'effacement"...et une modestie extrême !

D'ailleurs, il y a un autoportrait des plus significatifs (vees 1919-1924?) que j'adore, toutefois fort singulier, car il est dans un savant fondu, son visage juste esquissé... Autoportrait effleuré, à peine suggéré d'autant plus marquant, à mon humble avis ?!

Quel coup de crayon : dessinateur surdoué, caricaturiste...puis peintre, paysagiste et portraitiste....Des périodes distinctes entre les paysages, les caricatures, mais aussi pendant sa mobilisation sur le champ de bataille, lors de la Grande Guerre, où en dépit des bombes , des tirs, des dangers extrêmes, il gardait sur lui crayon et papier... A peine croyable ! Toute une partie de l'exposition est consacrée à cette campagne de Champagne.

Je ne peux m'empêcher de joindre un extrait où il explique, non sans humour, à son ami dessinateur, Sem, comment il s'y prend pour continuer à dessiner, sur le champ de bataille...

"L'article de Sem prend tout son intérêt lorsqu'il rapporte ce dialogue où Georges Hugo évoque sa technique:

" Comment diable avez-vous pu dessiner cela?" -" Mais,mon cher, comme quand vous croquiez les gens sur les planches d'Auteuil.Tenez, ces dessins- là, je les ai faits à l'attaque de la ferme de Navarin.Je suivais comme officier de liaison la dernière vague.J'avais un bout de papier dans le creux de la main et un bout de crayon.Je courais courbé en deux, ras de terre, et, après chaque bond en avant , je m'arrêtais un instant accroupi dans un trou d'obus et, de là, d'une main un peu tremblante , je l'avoue,et, en serrant les f...., je notais fébrilement grosso modo, les mouvements de terrain, les taches des hommes sur le sol blanc, les panaches de fumée des explosions.Après avoir accompli ma mission, ayant atteint ma cagna, sur ma table, l'imagination encore pleine de ces images terribles, je terminais mon croquis au stylo, précisant les formes, les attitudes, les masses; et puis je coloriais légèrement avec ce que j'avais sous la main.Un peu de jus de tabac et une goutte de café sucré, cela fait une sépia épatante; avec un peu de pinard on fait du sang magnifique, et, pour obtenir le terrain, le ton général du paysage, ce ton blanchâtre de la Champagne, je délayais un peu de la craie attachée à ma capote...et voilà !" "

Outre le talent immense de cet artiste, il y a aussi l'Homme et sa personnalité extrêmement contrastée et attachante: entre le flambeur, le mondain, Le Parisien frivole, il y a l'homme plein d'empathie pour ses camarades, qu'ils soient "matelots" ou "soldats", son souci des autres et de tout ce qui l'entoure et qu'il observe avec bienveillance...


Il excelle également comme paysagiste, dont mon enchantement en découvrant les toiles réalisées lors de son voyage en Islande, en compagnie de son ami de jeunesse et beau-frère, J.B Charcot....

Hormis ses talents artistiques, il écrivit également , deux textes dans la veine autobiographique ; un exclusivement consacré à son idole de grand-père, qui eut dans sa vie, une place centrale , omnisciente (*** n'ayant quasiment pas connu son père, Charles, mort brutalement, en 1871, alors qu'il avait à peine 3 ans.).Livre de mémoires sobrement intitulé :" Mon Grand-père "; la seconde publication paraîtra en feuilleton; il s'agissait de ses souvenirs, joies et peines multiples, lorsqu'il était marin..."Souvenirs d'un matelot"...

J'intercale un extrait très explicite de la personnalité de Georges Hugo...

"On peut s'interroger sur les raisons qui lui font mettre entre parenthèses cette carrière de peintre ébauchée. Manque de succès ou motivation plus profonde ? Tous ceux qui l'ont connu, ses amis et les critiques d'art, ont insisté sur sa modestie et son goût de l'effacement. Plus tard, en 1917, l' illustrateur Sem, un de ses proches, en tire le bilan :

" Personne jusqu'ici, en dehors de quelques intimes, n'a pu voir un seul de ses dessins ou de ses tableaux.Il les a toujours cachés avec une sorte de pudeur effarouchée. C'est sans doute par modestie ; personne n'est plus modeste que Georges Victor- Hugo, il n'a pas voulu être autre chose.Cachant humblement son petit nom derrière les monumentales majuscules de l'ancêtre, avec un pieux renoncement il a fait voeu d'obscurité, se tenant volontairement dans l'ombre accablante projetée par le colosse dont il est le descendant sacrifié. Il a ainsi atteint la perfection dans l'art difficile d'être le petit-fils d'un dieu." "

Une exposition qui restera très durablement dans ma mémoire...tant elle m'a captivée, par la diversité des toiles et des dessins de l'artiste , et simultanément, par la personnalité lumineuse de Georges Hugo... !


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L'article de Sem prend tout son intérêt lorsqu'il rapporte ce dialogue où Georges Hugo évoque sa technique:

" Comment diable avez-vous pu dessiner cela?" -" Mais,mon cher, comme quand vous croquiez les gens sur les planches d'Auteuil.Tenez, ces dessins- là, je les ai faits à l'attaque de la ferme de Navarin.Je suivais comme officier de liaison la dernière vague.J'avais un bout de papier dans le creux de la main et un bout de crayon.Je courais courbé en deux, ras de terre, et, après chaque bond en avant , je m'arrêtais un instant accroupi dans un trou d'obus et, de là, d'une main un peu tremblante , je l'avoue,et, en serrant les f...., je notais fébrilement grosso modo, les mouvements de terrain, les taches des hommes sur le sol blanc, les panaches de fumée des explosions.Après avoir accompli ma mission, ayant atteint ma cagna, sur ma table, l'imagination encore pleine de ces images terribles, je terminais mon croquis au stylo, précisant les formes, les attitudes, les masses; et puis je coloriais légèrement avec ce que j'avais sous la main.Un peu de jus de tabac et une goutte de café sucré, cela fait une sépia épatante; avec un peu de pinard on fait du sang magnifique, et, pour obtenir le terrain, le ton général du paysage, ce ton blanchâtre de la Champagne, je délayais un peu de la craie attachée à ma capote...et voilà !"

( p.19)
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Le " Petitphysse" par Gérard Audinet

Le séjour à Guernesey, en 1878 (...)
C'est durant ces quelques mois que Georges a l'occasion la plus favorable de voir son grand-père dessiner et l'âge d'en être fasciné. (...)

"Je le vis, à cette époque, dessiner quelque fois; ce n'étaient que de petits croquis rapides, paysages, caricatures, profils d'un seul trait, qu'il faisait sur un bout de papier quelconque. Il jetait l'encre au hasard en écrasant la plume d'oie qui grinçait et crachait en fusées.Puis il pétrissait , pour ainsi dire, la tache noire qui devenait burg, forêt, lac profond ou ciel d'orage; il mouillait délicatement de ses lèvres la barbe de la plume et en crevait un nuage d'où tombait la pluie sur le dessin humide; ou bien, il en indiquait précisément les brumes qui estompent l'horizon. Il finissait alors avec une allumette de bois et dessinait de délicats détails d'Architecture, fleurissant des ogives, donnant une grimace à une gargouille, mettant la ruine sur une tour, et l'allumette entre ses doigts devenait burin."

( p.10)
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Souvenirs d'un matelot

J'ai la " maladie de mon bateau "; les marins connaissent bien cette fièvre de mélancolie, qui tire la peau sur les os et donne aux regards des expressions égarées; cette indifférence, cette nonchalance morbide qui engourdit les membres.C'est que l'homme jeune s'use à vivre plusieurs années dans la même coque d'acier, c'est que son esprit actif, sa gaieté d'adolescent s'émousse au contact de cette régularité glaciale.
C'est une vie de cloître sans raison et sans foi.

Georges Hugo, " Souvenirs d'un matelot ", 1895
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On peut s'interroger sur les raisons qui lui font mettre entre parenthèses cette carrière de peintre ébauchée. Manque de succès ou motivation plus profonde ? Tous ceux qui l'ont connu, ses amis et les critiques d'art, ont insisté sur sa modestie et son goût de l'effacement.Plus tard, en 1917, l' illustrateur Sem, un de ses proches, en tire le bilan :

" Personne jusqu'ici, en dehors de quelques intimes, n'a pu voir un seul de ses dessins ou de ses tableaux.Il les a toujours cachés avec une sorte de pudeur effarouchée. C'est sans doute par modestie ; personne n'est plus modeste que Georges Victor- Hugo, il n'a pas voulu être autre chose.Cachant humblement son petit nom derrière les monumentales majuscules de l'ancêtre, avec un pieux renoncement il a fait voeu d'obscurité, se tenant volontairement dans l'ombre accablante projetée par le colosse dont il est le descendant sacrifié. Il a ainsi atteint la perfection dans l'art difficile d'être le petit-fils d'un dieu."


( p.15)
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L'art d'être petit-fils

Voici les premiers instants de bonheur de ma vie, alors que Papapa (****appellation choisi par le petit-fils pour nommer son grand-père) joue avec nous, et comme nous, il se donne notre âge, parle notre langue, aime ce que nous aimons.Il court, il rit, il est exubérant.

Georges Hugo, "Mon grand-père ", 1902
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