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Critique de 5Arabella


On ne le sait pas forcément, mais Naguib Mahfouz écrivit pas mal de romans historiques situés dans l'Egypte antique, et cela dès le début de sa carrière littéraire. Il a connu ensuite le succès et la reconnaissance internationale avec des livres qui peignait la société et l'histoire récente de son pays, mais il n'a jamais cessé d'être inspiré par le passé prestigieux du pays du delta du Nil. C'est ainsi qu'il publia en 1985 ce roman consacré au pharaon Akhénaton, qui a essayé d'imposer une nouvelle religion, celle d'un dieu unique, dieu du soleil Aton, souvent présenté comme une première forme de monothéisme, ou tout au moins d'hénothéisme.

Le roman de Mahfouz décrit une sorte d'enquête effectuée par un jeune homme, Méri Moun, qui à la vue de ce qui reste de la ville construite par le pharaon mort maintenant, décide d'écrire ce qui s'est passé, en rencontrant les témoins encore vivants des événements, dont chacun donne sa vision des faits. Elles sont forcément différentes, divergentes, chacune d'entre elle en dit autant sur le personnage qui raconte que sur ce qui a eu lieu. Les témoignages se closent sur celui de Néfertiti, prisonnière de son palais, qui a survécu à son mari, mais qui garde intacte son amour et sa foi dans la nouvelle divinité qu'il a voulu imposer.

Ce n'est sans doute pas le roman de Mahfouz le plus réussi, il est à mon sens un peu trop démonstratif et prévisible. L'auteur prend fait et cause pour le pharaon réformateur, et donne une image sans concession d'un certain nombre de personnages qui gravitent dans la sphère du pouvoir, en premier lieu les prêtres d'Amon. Les hommes (et quelques femmes) sont avides de pouvoir et intéressés, et le pharaon idéaliste qui espérait changer le monde, n'avait pas vraiment de chances de réussir. Mais il est au fond une idée, une sorte d'idéal, qui peut continuer à habiter le coeur de certains et inspirer leur comportement. Il en devient une sorte de figure christique, sacrificielle, en vue d'implanter dans l'esprit de certains une vision du monde, une exigence morale qui portera un jour ou l'autre ses fruits. Néfertiti, qui a le dernier mot, reste fascinante et intègre, une sorte d'icône.

En tous les cas, je trouve toujours agréable de plonger dans ces époques révolues, grâce à un grand conteur comme Naguib Mahfouz
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