Quand le « ça marche » l'emporte sur le « comment ça marche », quand le digital driven l'emporte sur le digital assisted, c'est le rapport au réel et à la vérité scientifique qui est transformé. Certes ce rapport au réel est toujours le fruit d'une construction pour un scientifique, le réel étant justement « ce qui résiste à nos représentations et constructions ». Le réel est toujours au-delà de celles-ci. C'est pourquoi on parle de vérité provisoire en science. À sa façon, le scientifique entre ainsi dans le mystère du connaître, reconnaissant son invincible incomplétude devant la complexité du réel auquel il appartient. D'où un possible sentiment d'humilité, antidote de la toute-puissance (pas toujours suffisante mais forte cependant).
C'est justement devant la modélisation des systèmes complexes que l'intelligence artificielle (lA) et le traitement des données massives s'offrent comme un moyen puissant de prévision de l'évolution des systèmes. On cherche alors des corrélations entre les paramètres en interaction et non les causes des phénomènes, sans avoir accès aux mécanismes profonds de cette évolution. Bref, il s'agit de prévoir sans vraiment comprendre le pourquoi ! Voilà qui pose une vraie question au scientifique habitué à la recherche d'une vérité qu'il sait provisoire mais qu'il a soin d'étayer entre hypothèses, théorie et expériences critiques de validation.
Quelque chose échappe, quelque chose qui est de l'ordre de l’origine. Il apparaît que, tant l'étude de la logique (Gödel) que celle de la structure de la matière (Heisenberg) ou celle de l’évolution irréversible (Prigogine) débouchent sur le même constat d'incomplétude. C'est le même horizon d’indécidabilité, la même impossibilité de limiter le vrai à la totalité de ce qui peut être dit, formellement démontré ou immédiatement mesuré. Faire une théorie de la connaissance conduit à, reconnaître que quelque chose nous échappe, ce qui ne signifie pas un relativisme généralisé.
L'activité scientifique est comme une reconstruction du réel par l'homme qui ne veut pas le subir. Il s'astreint à une tâche exigeante de vérité pour construire un ordre rationnel du monde et atteindre une lumière de compréhension d'un réel qui toujours pourtant lui échappe. Dans la confrontation au réel se joue quelque chose de la libération de l'esprit de l'homme qui doit dépasser ses illusions sur le réel, parfois les limites de ses sens, de ses images imprécises et de fausses perceptions immédiates. On dirait aujourd'hui échapper à des biais.
📌Tout à la fois chercheur de Dieu passionné par l’Évangile et chercheur scientifique passionné par l’aventure de la science et ses développements, Thierry Magnin partage les fruits de quarante ans de recherches entre science et foi.
📌Le prêtre scientifique nous livre ses réflexions sur ce que la biologie et les neurosciences disent aujourd’hui du vivant au regard de l’anthropologie chrétienne.
📌Il s’agit de souligner les interactions entre le biologique, le psychique et le spirituel et d’évoquer la manière dont les neurosciences viennent interroger les questions de la conscience ou de la liberté.
📌Tout cela, explique-t-il, ne peut pas être étranger à l’Évangile porteur de vie vivante. Certes, les angles d’approches entre les domaines de la foi et de la science sont différents mais « montrent des « résonances » riches de sens qui peuvent nous permettre de répondre à cette question universelle : « Comment vivre pleinement ? »
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