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Marcel Duhamel (Traducteur)
EAN : 9782070420964
247 pages
Gallimard (30/11/2001)
3.56/5   41 notes
Résumé :
Evidemment, vous direz que je suis un monstre. Que je n'aurais jamais dû me saouler dans les bas quartiers ni courir les filles. Ni flanquer des briques dans les fenêtres. Ni me conduire de façon aussi abominable dans le train qui m'emmenait au port de Londres. Et bien, c'est vous tous, avec vos vices et votre méchanceté qui m'y avez obligé. Je ne suis pas plus monstre que vous, bande d'hypocrites !

Londres Express, "ouvrage insaississable, impossible... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Au rythme saccadé du Londres Express, un marin à la dérive coincé dans un compartiment entre deux nonnes et une fillette se livre à un long monologue intérieur abracadabrant et absurde. Son cerveau embrumé et alcoolisé passe en revue sa vie dissolue, sa vision très personnelle de l'ordre et de la société puritaine britannique, les pages de son illustré coquin, ses envies et pulsions primaires. Assurément, un voyage infernal qui laissera des traces...

Londres Express publié en 1967 est le seul livre connu de ¨Peter Loughran, un auteur Irlandais baroudeur.

Marcel Duhamel, le traducteur et ancien directeur de la Série Noire a longtemps hésité avant d'inclure ce roman atypique dans son catalogue. Il laisse le soin aux lecteurs de juger...A mon avis, pas de doute, c'est un grand roman noir métaphysique, une descente aux enfers.

Le personnage principal, un marin agité du bocal que je ne suis près d'oublier. A la fois, provocateur, obsédé sexuel, roublard, bagarreur, paranoïaque, il n'en finit pas de ruminer sur le monde qui ne tourne pas rond. Il pointe du doigt les fanatiques de la religion comme les deux religieuses du compartiments , les filles de joies qui l'ensorcellent, les hypocrites qui n'osent pas appeler un chat un chat, les lâches et les poltrons qui évitent les coups, ses points noirs au visage qui le font suer et les fleurs des balcons qu'il envoie valdinguer. .Borderline et pétri de contradiction, il s'en remet pourtant à Sainte Agnès !

Le Londres express, un train d'enfer qu'il ne faut surtout pas rater...
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Un marin a raté son embarquement et prend le train pour arriver au port, là où le bateau fera escale avant de prendre le large.

Le gars monte dans le train, se choisit un compartiment fumeur, dépose son journal et ses livres osés, va se dégourdir les jambes sur le quai et quand il revient, le wagon est occupé par deux nonnes.

C'est tout con comme point de départ, ça pourrait même être banal si…

Ce serait banal si notre marin n'était pas un salopard, un pauvre type qui en veut à la terre entière et qui rend toujours les autres responsables de ses malheurs ou de ses fautes.

Ce serait banal si notre type, bien habillé, ne passais pas son temps à nous assommer avec de long monologues, des digressions par lesquelles il va nous raconter sa vie : ses amours, ses emmerdes, ses amis (remettez le tout dans l'ordre et faites-en une chanson), ses magouilles, ses combines.

Ce serait banal si l'auteur n'avait pas proposé à ses lecteurs, un personnage abject, vil, obsédé du cul, soupe au lait, voleur, bagarreur, menteur, bonimenteur, parano, qui a la haine envers tout le monde… Un type que l'on ne peut apprécier. Rien pour le récupérer.

Ce serait banal si, quand notre sale type a acheté deux magazines un peu osé, au kiosque à journaux du coin, on n'avait pas déjà eu droit à ses digressions, ses réflexions, ses envies de crime et de magazines de cul dignes de ce nom.

Ce serait banal si, entre le moment où il songe à lire ses magazines hot devant les deux nonnes et le moment où il passe à l'action, on n'avait 80 pages de blabla qui m'ont soûlé à mort, me donnant envie de refoutre le bouquin dans sa caisse peuplée de vieux Série Noire.

Cela aurait été banal si, en plus des deux nonnes, il n'y avait pas eu une gamine de 7 ans, qui avait été déposée par sa tante dans le compartiment, la tata ayant demandé aux deux bonnes soeurs de la surveiller.

Cela aurait été banal si les deux nonnes n'étaient pas arrivées au terme de leur voyage avant la gamine et le sale mec assis devant… Cela aurait été banal si l'autre dame qui était entrée, et qui avait promis de rester avec la gamine, n'était pas foutue le camp dans un autre compartiment avec une connaissance à elle.

Ce livre me foutait les boules, je sautais des pages, me lamentait d'un tel personnage, toujours à rejeter la faute sur tout le monde et puis, en passant au chapitre suivant, je me suis figée, les yeux sortant de mes orbites… Aurais-je raté quelque chose ? Des pages auraient-elles été manquantes ? C'est une vieille édition qui craque de partout…

Retour arrière… Non, il ne manquait pas des pages, l'auteur nous avait juste gratifié d'une ellipse, afin sans doute de ne pas plonger ses lecteurs dans l'innommable… Petit bon dans le temps et la scène abjecte est là, sous mes yeux horrifiés, pendant que notre marin peste encore sur tout le monde, accusant les nonnes, la tante, la grosse dame qui était partie, la vendeuse de journaux…

J'ai refermé ce livre en silence, un silence de mort, comprenant mieux le petit message de Marcel Duhamel en préface du livre qui disait qu'il avait longtemps hésité avant d'inclure ce roman atypique dans son catalogue et qu'il laissait le soin aux lecteurs de juger…

Immoral, amoral, abject, politiquement incorrect au delà de tout, bref, un roman qui donne le mal de mer durant les 9 dixième et qui ensuite fait gerber sur ses deux derniers chapitres.

Il est retourné dans la caisse des vieux Série Noire, mais tout dans le fond et il n'en sortira plus jamais. Je voudrais l'oublier mais cette scène va me coller à la peau et à la mémoire longtemps.

"Si j'avais su, je l'aurais pas lu" (comme aurait pu le dire le petit Gibus).

Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Un marin a pris le train afin de rejoindre son bâtiment attaché au port de Londres. Pendant le trajet - qui occupe presque tout le roman il se souvient de ses déboires, raconte ce qu'il voit et imagine, reconstruit les histoires.
Cela commence à la gare, où le mataf achète un magazine osé et ne trouve pas ceux d'Afrique du Nord, moins censurés qu'en Angleterre. Il y a altercation avec la vendeuse de journaux et dès lors on voit qu'on a affaire à un homme violent et obsédé. Une fois dans le train, l'arrivée d'une petite fille et de deux religieuses permet des digressions vers le sexe et la religion. le marin dont on continuera d'ignorer le nom bien qu'il soit narrateur et personnage principal raconte, au fil des incidents, les soirées de beuveries, la bagarre dans les rues glauques où il avait entraîné une prostituée, ses conversations avec ses camarades(« les autres sont grossiers »), son élan mystique vers Sainte Agnès et son agneau, préfiguration du viol à venir, puis de son expulsion de l'église qui semble être le point de rupture du personnage qui en devient anticlérical, méprisant et obsédé du sexe. Il se pose en exclu perpétuel. Selon la seule voix du narrateur qui en fait entendre des autres mais par son seul truchement ce sont les autres les responsables : les religieuses sont coupables d'avoir laissé la petite fille seule avec lui comme le bedeau est coupable de l'avoir expulsé en pleine adoration.
Ce monologue est très bien rendu par les flash-back et les flashforward qui donnent le change. On se demande en quoi ce roman est une série noire mais on est vite « rassuré » avec la fin. Pas de police, pas de détectives besogneux, rien que des gens ordinaires avec des vies ordinaires qui basculent. C'est en cela que le cheminement interne du marin est intéressant.
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Un roman noir bien plus profond qu'il n'y paraît à première vue et également très avant-gardiste si l'on tient compte du fait qu'il a été écrit au milieu des années '60.
Il transcende le pur récit noir, genre dans lequel il a été classé (l'éditeur évoque d'ailleurs dans la préface, le cas de conscience auquel il a été confronté lorsqu'il s'est agit de le sortir dans une collection restrictive) puisqu'il n'y a là rien de policier.
C'est le long monologue intérieur d'un marin qui prend un train afin de rejoindre le bateau qu'il a manqué. Un monologue malade de presque 300 pages qui - lorsqu'on est cinéphile - fait immanquablement songer aux délires intérieurs du Travis Bickle du "Taxi driver" de Scorsese.
Tout ici est vu, rapporté et analysé du strict point de vue du narrateur (dont on ne saura jamais le nom) : personnage solitaire, antipathique, misanthrope et misogyne, anticlérical, qui effectue son trajet dans un compartiment avec une petite fille et deux nonnes. De ce point de départ surgit une logorrhée qui suit le fil d'une pensée erratique, dénotant le regard malade et délirant du narrateur.

L'écriture comme restitution d'un espace mental paranoïaque est ce qui confère à ce petit roman sa modernité puisque ce dispositif narratif sera utilisé quelques années plus tard par le Nouvel Hollywood des années '70, formule qui rompait avec les schémas classiques et qui fit le succès critique et la pérennité de la plupart des films tournés à cette période féconde.
La psyché de l'anti-héros comme nouveau modèle narratif qui enferme à la fois le personnage et le lecteur dans une sorte de bulle étouffante et anxiogène : une belle réussite et une belle decouverte doublée d'une surprise inattendue en ce qui me concerne.

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Un marin a loupé son bateau. Il décide donc de prendre le train pour tenter de la rejoindre avant son départ du port de Londres.
Durant tout le roman, le lecteur se tient au côté de ce voyageur exécrable qui va nous parler de ses humeurs, ses états d'âmes, nous exposer son regard sur la vie et sur ces concitoyens...
Un voyage bien particulier au fin fond de l'esprit d'un type pas très "comme il faut", qui n'a, du moins au départ, qu'une idée en tête, pouvoir rester tranquille dans son compartiment pour reluquer les modèles de la revue un peu spéciale qu'il a achetée avant son départ.
L'auteur nous expose les faits tels qu'il se déroulent, et nous ne pouvont faire autrement que de découvrir le tréfond de ce personnage en tous points détestables, dont on ne connaît absolument pas l'identité, sinon un "je" qui nous le rend le plus proche possible.
Un véritable grand roman noir, éloigné du politiquement correct du début à la fin.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Marrant quand on y pense. On met un an à faire tout le tour du globe et, au bout d'un an, où est-ce qu'on en est ? Revenu exactement à l'endroit d'où on est parti.
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Tous pareils, ces calotins, une bande d'hypocrites ventrus toujours toujours en train de vous agiter leur tirelire sous le nez.
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Au fonds, on est tous pareils, de pauvres petits enfants perdus dans le noir.
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Le sexe, c’est comme un muscle. Plus on l’exerce, plus il forcit ; ce qui fait que si tu expédies tout le monde au bobinard avant même d’avoir quitté l’école, t’auras le pays le plus corrompu, le plus pourri, le plus déchaîné du monde, sexuellement parlant, où pas une femme, pas un gosse, pas même un chat ne serait en sécurité dans les rues, et la nation tout entière, elle serait vingt-quatre heures sur vingt-quatre livrée à la pire débauche et plombée jusqu’aux yeux.
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Croyez pas qu’ils devraient se secouer, ces fanas de l’Église, se dire qu’on est au vingtième siècle, plus à l’âge de pierre, enfin quoi ! Ouvrir un peu les yeux et se rendre compte que la religion et tout ce foutu bisenesse, c’est plus mort que du pâté de porc, que personne en veut plus, que c’est fini ? Ça pouvait se comprendre il y a de ça des milliers d’années peut-être bien, quand les gens étaient simples d’esprit. Il leur fallait quelque chose dans ce genre-là pour se distraire, tant qu’ils avaient pas la télé, le cinéma et autres. Mais à l’heure qu’il est, voulez-vous me dire à quoi ça sert ? À rien. Zéro. De nos jours, les gens savent trop de choses pour marcher là-dedans, se laissent plus posséder aussi facilement que dans le temps.
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