L'on pourrait se méfier de ce recueil d'essais écrits à l'origine pour divers médias ou divers publics, en particulier de possibles répétitions. Il n'en est heureusement rien, et Lodge, à la fois écrivain et professeur de littérature anglaise, sait aussi se garder de propos trop techniques, même si c'est parfois du costaud.
Il dévoile un peu de sa vie, dans Pourquoi j'écris? et Souvenirs d'une enfance catholique, évoque la genèse de
Un tout petit monde, et que représente pour lui Joyce.
Même avec des thèmes tels Réalité et fiction dans le roman, le roman comme forme de communication, L'amour et le mariage dans le roman, Critique et création, Kierkegaard appliqué, il sait rester pratique, brillant, et s'appuyer sur ses romans. Doit-on les avoir lus? Préférable, sans doute. En dévoile-t-il parfois trop à de futurs lecteurs? C'est le risque. Donne-t-il envie de relire ses romans? Oh que oui.
Le dernier essai, La conscience et le roman, est (entre autres) l'occasion, en plus de cent pages passionnantes, de parcourir de façon extrêmement intelligente et claire l'évolution romanesque depuis deux siècles. de
Jane Austen et des victoriens, puis Woolf, James, et Joyce, et de plus contemporains, établissant pour ces derniers un rapprochement intéressant entre leur façon d'écrire et le cinéma (dont la fonction est aussi de raconter des histoires). Je ne pourrai plus lire certains auteurs avec le même oeil. Précisons qu'il s'agit bien évidemment surtout d'auteurs anglais. Même si l'on croise Powers, Roth et
Robbe-Grillet. Désolée...
Des passages? Hélas trop longs, trop nombreux, peu satisfaisants hors contexte.
"Pour moi un roman commence d'ordinaire quand je me rends compte qu'une expérience que j'ai faite présente un intérêt et une unité thématiques pouvant être intégrés à un récit de fiction.Je me mets ensuite à la recherche d'une idée structurante qui produise et contienne cette signification potentielle.(...)
Je n'affirmerais pas, sous prétexte de pouvoir expliquer mon roman ligne à ligne, qu'il ne peut rien signifier d'autre que ce que j'ai voulu y mettre. Je me rends parfaitement compte des dangers qu'il y aurait à limiter la liberté interprétative du lecteur en proposant prématurément ma propre lecture "autorisée" si j'ose dire. D'une certaine façon, un roman est un jeu, un jeu qui nécessite la présence de deux joueurs, un lecteur aussi bien qu'un écrivain. le romancier qui tente de contrôler ou de dicter les réactions de son lecteur hors des limites du texte pourrait se comparer à un joueur qui ne cesserait de se lever pour aller voir les cartes de son adversaire et qui lui conseillerait laquelle poser au prochain tour. " (deux extraits de Introduction à
Un tout petit monde)
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