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EAN : 9781684157518
128 pages
Boom Entertainment (28/12/2021)
5/5   1 notes
Résumé :
WILL THE FAMILY SET HER FREE?

Meet Teresa, a young woman named who’s plagued by prophetic dreams that connect her to something powerful, something...divine.

When she fatefully crosses paths with the Family of the Sun, Teresa believes them to be exactly what anyone else in the late ‘60s would expect - a hippie cult whose leader claims to have met the divine.

But secret blood rituals, powerful drugs and sex runneth amok wil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'amour éternel
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Ce tome contient une histoire complète, indépendante de toute autre, qui n'appelle pas de suite. Il regroupe les cinq épisodes de la minisérie, initialement parus en 2021, écrits, dessinés et encrés par Maria Llovet qui a également réalisé la mise en couleurs, le lettrage et les couvertures.

C'était la fin des années 1960. Teresa gît inanimée sur le sol après un accident de voiture dans une zone naturelle déserte, un filet de sang qui lui coule du front. Un charognard passe au-dessus d'elle en volant. Inconsciente, une vision emplit son esprit : le regard ténébreux d'un homme borgne avec un bandeau sur l'oeil, un lion avec une couronne mordant le soleil, la mort avec sa faux, un serpent enroulé autour du pied d'un arbuste, des dents tâchées de sang, des maillons d'une chaîne métallique, et beaucoup de fleurs. Elle reprend conscience allongée dans un lit à l'intérieur d'une cabane. Une jeune femme entre dans la pièce en lui disant qu'heureusement qu'ils l'ont trouvée après son accident, et qu'elle peut prendre le temps de se reposer, car elle est maintenant en sécurité. Teresa prend un cahier et un crayon dans ses affaires et elle dessine ce qu'elle a vu dans sa vision. Puis elle sort à l'extérieur : c'est une belle journée ensoleillée. Un jeune homme se tient devant elle et lui souhaite la bienvenue dans la famille du soleil. Il se présente : il s'appelle Lux. Les jeunes femmes derrière lui sont Donna, les jumelles Suzy & Lucy, et Anita, celle qui était présente dans la pièce quand elle a repris conscience. Il lui indique que sa voiture n'est plus qu'une épave, qu'ils pourront obtenir de l'aide quand celui qui leur apporte leur ravitaillement passera, et qu'elle est la bienvenue pour rester aussi longtemps qu'elle le souhaite. Donna se propose pour lui faire visiter les lieux.

Donna explique qu'elles se trouvent dans une région désertique, mais il y a comme une forme d'oasis avec de la végétation du fait de la présence d'une grotte souterraine. Teresa est sous le charme de ce petit bois, et d'une clairière. Les deux jeunes femmes s'étendent dans l'herbe. Donna demande à Teresa si elle croit en l'amour, le vrai, celui qui peut survivre quelles que soient les années, les circonstances. Elle ajoute que c'est ce type d'amour qui unit la famille du soleil. Teresa pense que si un tel amour existe, ce doit être ici, avec cet air, ce sol, cette herbe impossible : il est partout. La lumière commence à décroître : Donna l'emmène vers l'entrée de la grotte en précisant que c'est un endroit sacré et que personne n'y pénètre jamais. Alors qu'un corbeau vient croasser bruyamment, Teresa éprouve la sensation que la nuit est tombée, qu'un éclair déchire le ciel, qu'une silhouette féminine crie pour savoir pourquoi quelqu'un la quitte. Elle reprend pied dans la réalité, et Donna lui demande si elle va bien, si elle n'a pas présumé de ses forces. le soir, l'homme et les cinq femmes mangent autour d'un feu de camp et Lux demande à Teresa où elle se dirigeait.

Projet après projet, Maria Llovet s'installe dans le monde des comics en faisant la preuve de sa personnalité graphique, de sa personnalité d'autrice, qu'elle illustre un scénario de Brian Azzarello sur la série Faithless ou sur ses projets en solo. Dès le début de son histoire, elle affiche explicitement au lecteur les ingrédients qu'elle va utiliser : une minuscule communauté hippie tournant autour du seul mâle du groupe (Lux), une composante surnaturelle avec l'évocation de ces canines plus longues que la normale, une composante ésotérique avec un amour qui survit à tout. le lecteur comprend donc que l'autrice ne souhaite pas jouer avec lui sur le secret de la communauté, ou de ce que recèle la caverne. Elle affiche même le plus explicitement possible les conventions de genre qu'elle utilise. C'était la fin des années 1960 : même si ce n'était pas précisé en début de première page, le lecteur ne pouvait pas s'y tromper. Tout est là : la (petite) communauté hippie, les tenues babacool avec franges, la libération des moeurs avec l'amour libre, la bonne musique jouée sur un électrophone, la fumette et d'autres substances venant libérer la conscience, les couleurs psychédéliques et les compositions visuelles qui vont avec, sans oublier le combi Volkswagen et les petites fleurs, avec un retour à la nature, une communion avec la terre. Elle sait mettre à profit le folklore associé à ce mouvement, sans pour autant se lancer dans une description sociologique du phénomène. Elle se concentre sur le genre de situation qu'un tel mouvement a pu permettre de générer.

L'autrice joue également avec les fantasmes liés à l'amour libre, avec un cynisme ou un réalisme assumé. Lux est un fort bel homme et il est entouré de jeunes femmes accortes et pas farouches. Ça fait carrément cliché que cette domination masculine, cette famille qui tourne autour de l'assouvissement des besoins du mâle dominant. La suite du récit apporte des éléments supplémentaires faisant sortir cette situation de la caricature et rendant une motivation propre à ces jeunes femmes. En outre, Teresa ne se conforme pas à ce comportement de soumission à l'homme. Par contraste avec la pudibonderie généralisée dans les comics, l'artiste n'hésite pas à dessiner la nudité frontale : poitrine féminine, toison pubienne et même sexe masculin (une fois, pas en érection). Elle ne verse jamais dans la pornographie : pas de gros plan lors des relations sexuelles. Elle reste même assez chaste : quelques caresses, deux positions très classiques, et aucune forme de sexualité aventureuse ou moins commune. Il 'agit d'un érotisme avant tout sensuel et il n'est pas présent dans tous les épisodes. En outre, elle dessine dans un registre réaliste, mais avec une sensation d'imprécision dans les contours. Par exemple, les tétons sont bien représentés et détourés, mais les auréoles n'apparaissent que par la couleur avec une forme un peu vague. Elle accorde ainsi plus d'importance à la sensation de volupté qu'à la description factuelle.

La personnalité de l'artiste apparaît dans sa façon de dessiner : dans un registre descriptif, avec des éléments très concrets, et des contours un peu cassants, parfois comme mal assurés. Elle donne une personnalité graphique à chacun des sept personnages, avec des morphologies bien distinctes, depuis la tenue vestimentaire, jusqu'à la forme des seins. Elle crée des environnements consistants : la cabane de la famille du soleil, la clairière à l'herbe si accueillante, la chambre de Lux et bien sûr la caverne. Elle sait manier le degré de détail avec dextérité, ne représentant les arrière-plans que lorsqu'ils sont indispensables, se focalisant sur les personnages lorsque la scène le requiert. Elle manie avec adresse les compositions psychédéliques : la vision initiale de Teresa pleine de symboles, les volutes de fumée colorées avec les cigarettes qui font rire, volutes imprégnées de couleur comme si elles avaient pris la tonalité de la musique et l'humeur de l'individu, les compositions florales, le dessin en pleine page d'une bouche grande ouverte avec rayons en arrière-plan, puis des cerces concentriques la deuxième fois, et des rubans ondulants la troisième, les teintes violettes bien sûr, sans oublier quelques symboles ésotériques posés avec parcimonie, pour faire bonne mesure. Pas de doute : l'heure est à l'ouverture de la conscience à des réalités invisibles grâce à des substances libérant le potentiel de l'esprit.

Le lecteur se laisse flotter dans le sillon de cette jeune femme qui se cherche, qui prend la vie comme elle vient en profitant des expériences qu'elle lui apporte, ouverte à tout. le lecteur sent bien quelques métaphores discrètes sur la notion d'amour physique, contrebalancées par une fibre romanesque sur le grand amour venant avec la communion des âmes soeurs s'étant trouvées. Teresa n'est pas une idiote et elle a conservé son indépendance d'esprit. Elle voit bien que Lux bénéficie des faveurs des quatre autres jeunes femmes, et que même celles-ci semblent attendre quelque chose de lui, et même l'exiger. En fonction de sa sensibilité, il peut projeter un sens ou un autre dans leur comportement, un asservissement volontaire, ou une relation de domination plutôt en faveur des femmes, car Lux n'a pas intérêt à ne pas pouvoir combler leurs attentes. Comme c'est annoncé dès la page 3, le lecteur met cette forme de relation en parallèle de celle du vampire, suceur de sang, et suceur de vie. Sa tournure d'esprit est forcément orientée par la représentation qu'il se fait des vampires, et il se demande si l'autrice va respecter le principe de se nourrir aux dépens de sa proie, ou si elle va préférer le principe du gentil vampire. Elle se montre plus habile que ça en poursuivant sur le thème de l'amour romantique, sans niaiserie ni naïveté, laissant le lecteur libre d'adhérer à sa vision de la chose, ou non.

Le lecteur se demande si Maria Llovet n'est pas un peu inconsciente en lui donnant d'entrée jeu toutes les pièces du puzzle, en jouant avec le fantasme de la communauté hippie et de l'amour vrai qui transcende les contingences matérielles. Il réserve son jugement en attendant de progresser dans le récit, tout en savourant la narration visuelle au dosage parfait, entre psychédélisme vintage et sensibilité s'exprimant dans un dosage élégant entre ce qui est montré et ce qui est suggéré. Il apprécie l'ouverture d'esprit de al jeune Luna, son absence de préjugés, sans que cela ne soit de la naïveté. Son plaisir augmente en constatant que l'autrice ne le prend pas pour un benêt, et qu'elle aboutit à une histoire originale sur l'amour, sans être une bluette.
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