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Claude Elsen (Traducteur)
EAN : 9782752900869
192 pages
Phébus (13/05/2005)
3.81/5   21 notes
Résumé :

Il arrive - rarement - qu'un roman d'espionnage relève de la meilleure littérature. Il est vrai que Graham Greene considérait Norman Lewis comme " l'un des meilleurs écrivains du siècle ". Alors... Charles Fane, intellectuel anglais de couleur indécise, s ennuie ferme lorsqu'un camarade perdu de vue lui propose une " affaire ". Manigancée par la CIA elle a l'air des plus tordues, mais Fane en a vu d'autres : il accepte d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a un nouvel agent à La Havane, et ce n'est pas Jim Wormold le paisible vendeur d'aspirateurs. Nous sommes en 1961 et les services secrets américains pensent enfin avoir trouvé l'agent qui leur permettra de reprendre l'île de Cuba aux communistes. Après plusieurs tentatives qui ont tourné au fiasco, Lawrence Peake de l'Agence pour les opérations spéciales, décide de recruter un homme qu'il a connu autrefois. Charles Fane, citoyen britannique, est un journaliste et un écrivain à la réputation d'homme de gauche, apprécié de l'autre côté du Rideau de fer.
Or Fane n'est pas l'homme que l'on croit. "J'ai été le plus épaté de tous quand j'ai vu que les Cocos me prenaient au sérieux. »
Ce quadragénaire cynique est un réactionnaire qui a autrefois combattu comme volontaire dans l'armée franquiste et souhaité le retrait de la Grande Bretagne de la guerre lorsque Hitler a envahi l'U.R.S.S. D'après Peake, Fane possède la couverture idéale pour sillonner l'île de Cuba en tant qu'envoyé spécial pour une revue de gauche canadienne. Ses repérages pourraient fournir des informations cruciales sur le lieu idéal d'un débarquement à grande échelle.
Charles Fane, le partisan du moindre effort, part sur l'île en dilettante, « comme à la guerre », motivé par l'appât du gain sauf que l'opération secrète de la Baie des cochons n'est pas une simple incursion en territoire cubain. Trois petits tours et puis s'en vont n'existent que dans les comptines pour enfant.

Avec son American tabloïd, James Ellroy nous offrait un roman hallucinant sur les mille jours de l'administration Kennedy, et les noms de Pete Bondurant ou de Kemper Boyd resteront à jamais associés aux opérations de la C.I.A. dans les îles de la Caraïbe pour les lecteurs de noir. Dorénavant je penserai également à Norman Lewis, cet ancien officier dans l'armée britannique pendant la seconde guerre mondiale, qui fut aussi un agent en poste à l'étranger, et qui publia en 1966 A Small War Made to Order, remarquable roman d'espionnage concis et ciselé qui dépeint les motivations américaines et l'ambivalence du régime castriste cinq années seulement après l'échec cuisant du débarquement de la Baie des cochons. Comme à la guerre lui offre l'opportunité de décrire les milieux du renseignement américain et cubain, qu'il connait bien, les stratégies plus ou moins subtiles qui permettent aux différents services d'avancer ou de sacrifier leurs pions. Mais c'est surtout l'écriture élégante de Norman Lewis qui emporte le lecteur, la grande finesse dont il fait preuve pour décrire le cheminement intérieur de son personnage parti en mission avec beaucoup de distance et qui se retrouve rattrapé par l'Histoire, acteur majeur malgré lui dans la grande tragédie moderne.
La mécanique parfaite de Norman Lewis vaut bien celles de Graham Greene ou de John Le Carré et je ne peux que me réjouir de la découverte tardive de ce romancier voyageur , qui a écrit sur le débarquement allié en Italie (Naples 44) et la guerre civile espagnole (Torre del mar).
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Lire que Graham Greene tenait Norman Lewis pour "l'un des meilleurs écrivains de ce siècle" est pour le moins alléchant. le fait que ce soit Michel le Bris qui ait conseillé de rééditer cet auteur aussi. Par contre, voir en 4eme de couverture l'inévitable invocation de Greene et de le Carré et le coté 'livre introuvable que les amateurs du genre placent au plus haut' tient plus de l'argumentaire de presse.

Le récit de la manipulation du personnage envoyé à Cuba au début de année 60 pour reconnaitre un lieu potentiel de débarquement des anti-castristes est bien structuré. le personnage principal est bien campé. L'utilisation du procédé de la voix intérieure est parfait. Mon bémol vient des personnages secondaires qui manquent pour certains d'épaisseur. Il y avait mieux à faire, par exemple, avec les membres du journal canadien progressiste qui lui sert de couverture. J'aurais aimé aussi que le passé du personnage soit plus détaillé. le parcours d'un militant anglais fasciste ayant combattu en Espagne coté franquiste devenant par la force du hasard auteur d'un ouvrage anti-colonialiste cité en exemple dans les pays du bloc soviétique, pouvait donner matière à plus de pages.

Ceci dit, c'est un roman agréable, lu avec plaisir. Et si je vois passer le nom de Norman Lewis dans l'avenir, je continuerai l'expérience.

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Lu il y a longtemps avant un voyage à Cuba
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Peake était le produit d'un climat froid, et Berry estimait que le froid et l'humidité préservaient et exaltaient la qualité d'un homme comme un réfrigérateur préserve celle des aliments. Il aimait les Nordiques, tous les Nordiques, les hommes aux yeux bleus- à l'exception peut-être des Suédois, névrosés et suicidaires, dont le sang avait été corrompu par les épouses slaves ramenées de Russie par Gustave Adolphe.
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"_ Tu auras un questionnaire à remplir. J'en ai eu un exemplaire entre les mains. Il faut tout y indiquer, jusqu'à la pointure de tes chaussures - et tout donne à penser que chaque chose est vérifiée. Que vas-tu dire ?
_ Pourquoi pas simplement la vérité ?
_ Hors de question. Crois-tu sérieusement qu'on t'invitera à Cuba, un pays communiste, si tu déclares tranquillement que tu as combattu comme volontaire dans l'armée de Franco ?
_ Je ne vois pas pourquoi... Après tout, j'étais très jeune. J'ai pu, depuis, rentrer dans le droit chemin - de leur point de vue, s'entend.
_ Mon cher Charles, tu n'as manifestement aucune idée du genre d'animaux à qui nous avons affaire. Tous les communistes sont pathologiquement soupçonneux et, pour eux, un fasciste reste un fasciste. Même si tu étais un nourrisson quand tu as pris les armes, ça n'y changerait rien."
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Au-dessous de l'appareil qui commençait à descendre, la côte de Cuba ressemblait à un paraphe tracé d'une main impétueuse sur la surface éblouissante de la mer. Au-delà, la terre se soulevait en vagues d'un vert luxuriant, éclatant, comme Fane n'en avait jamais vu. Des huttes au toit de paille apparurent au milieu de champs aux lignes nettes, et des rangées de palmiers pareils à de minuscules plumeaux plantés dans la terre verte. Il était difficile d'associer ce paysage séduisant et lumineux aux sanglantes histoires de Friedlander. Fane avait toujours imaginé les communistes comme un peuple sans joie : comment penser qu'ils puissent vivre dans cette verte sérénité ? Son regard rencontra celui de l'hôtesse de l'air, et elle hocha légèrement la tête, d'un air sévère, comme si elle avait lu dans ses pensées. Sur quoi il s'avisa qu'il avait oublié d'attacher sa ceinture de sécurité.
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Bien qu'il ne fût en titre qu'un subordonné, en tant que directeur des Opérations spéciales, il se savait l'homme le plus puissant de l'Agence. Et bien qu'il ne manoeuvrât pas lui-même le Président, il manoeuvrait ceux qui le manoeuvraient. Les présidents étaient des phénomènes temporaires de l'histoire nationale, empêtrés dans leur légende personnelle et transitoire, mais l'Agence, sous un nom ou sous un autre, avec ses objectifs précis, était éternelle. Le dernier président avait été habilement mené par ceux qui le manoeuvraient, mais celui-ci (qu'on surnommait familièrement "Danny Boy") avait des réactions moins prévisibles. Tantôt il se laissait influencer assez complaisamment, tantôt non. Il devait être entouré d'hommes qui jouaient avec la vérité comme des joueurs de bonneteau, battant et escamotant les cartes jusqu'à ce que le pauvre jeune homme ne sût plus de quoi il retournait...
Barry aimait la vérité. Il l'aimait au point d'être disposé à servir la grande vérité (telle qu'il la voyait) au prix d'un petit mensonge - et il estimait que le petit mensonge s'en trouvait ipso facto absous.
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Il se tassa dans son fauteuil comme une poule en train de couver. Tous ses mouvements étaient ceux d'un oiseau énervé. Berry se sentait mal à l'aise à Miami. C'était une homme de la Nouvelle-Angleterre qui croyait sincèrement que la personne humaine commençait à se détériorer à la latitude de Baltimore, que la veulerie et la sauvagerie ne cessaient d'augmenter à mesure que l'on descendait plus au sud et qu'ici, à la pointe de la Floride, l'on ne pouvait être entouré que d'enfants mal embouchés - les fils et les filles du malheur, comme il les appelait parfois.
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