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EAN : 9782806104441
120 pages
Academia (10/04/2019)
4.36/5   18 notes
Résumé :
En lice pour le prix des Lycéens 2020


Belle-doche, salope! Eric, gamin sensible et intelligent, invective ainsi en secret sa belle-mère qui ne rate pas une occasion de le maltraiter. Son père se voile la face, sa grande sœur Anne essaie de le protéger. Encore une qui va me faire chier! Cinquante ans plus tard, Eric, misanthrope reclus dans son appartement, ne supporte ni Prune, sa nouvelle voisine, ni sa sœur qui l'entoure toujours de ses att... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Eric est un quinquagénaire revêche qui ne quitte presque jamais le cocon de son appartement. Lorsqu'il se rend compte qu'une nouvelle locataire va s'installer en face de chez lui, il est furieux, d'autant qu'elle fait tout pour l'importuner : sonner à sa porte, tenter une conversation , proposer son aide... Eric ne supporte pas « les femelles », comme il dit. Journaliste spécialisé en économie, il est mondialement célèbre dans son domaine et gagne très bien sa vie. Pourtant, c'est sa soeur aînée qui lave son linge, lui mitonne des repas, veille sur lui sans se décourager car il la houspille sans cesse...
Ni le titre ni la couverture ne sont vraiment tentants. Quant aux premiers mots : « Encore une qui va me faire chier, se dit Eric en la voyant par la fenêtre. » Hum. Voilà un personnage qu'on n'a pas vraiment envie de connaître. La nouvelle voisine, qui a l'air bien gentille et sympathique veut quand même tenter l'expérience. Il lui claque la porte au nez « sans prendre garde à ne pas lui écraser les pieds ou lui écrabouiller sa poitrine gonflée. » Quoi qu'elle fasse, il grogne, la traite, à part lui, de « petite connasse », il « éructe » ou répond par « borborygmes ». Bref, on se dit qu'à la place de la voisine, on aurait laissé cet ours mal léché mariner dans son jus.
Entre alors en scène Anne, la soeur aînée, effacée et serviable. Aussi discrète qu'une petite souris, elle se déplace sans bruit et glisse dans les armoires le linge frais, lavé et repassé, dans le surgélateur les petits plats qu'elle lui a préparés pour la semaine. Nous, lecteurs, ne la découvrons qu'à travers le regard d'Eric. Elle « n'a aucun goût pour s'habiller. S'affubler serait le terme adéquat ». Sa coiffure ? « Une sempiternelle queue de cheval brunâtre ». Elle « ressemble à une vieille fille (…) Pas baisable, pas baisée ». Il inspecte le contenu du panier, « elle ne s'est pas foulée. Aucun plat asiatique, alors qu'elle sait pertinemment qu'il en raffole. » « Elle jacasse tout le temps, mais en plus, elle n'est pas foutue d'exécuter son boulot correctement. Eric soupire et lui montre la sortie. » Pas un merci, pas un geste aimable. Je ne sais pas vous, mais moi, je lui aurais versé le boeuf bourguignon sur la tête et fait manger la poudre à lessiver. Est-il possible d'être aussi odieux ?
Nouveau chapitre. Surprise ! On change de lieu, d'époque, d'atmosphère. Il faut un moment pour comprendre. Eric, oui, c'est bien le même, cinquante ans plus tôt. Sa maman se meurt. le petit ne comprend pas. Dès lors, au fil des pages, se dessine le portrait d'un enfant martyr, livré à une belle-mère haïssable, brutale, qui le transforme en « pisseux ».
Le lecteur sent son coeur se serrer. Comment peut-on traiter de la sorte un être aussi petit, aussi fragile, déjà traumatisé par la perte de sa mère ?
Certains épisodes sont insoutenables et m'ont mis les larmes aux yeux : celui du nid de mésanges, des moufles perdues, de Mamounette et bien d'autres. Un espoir luit fugacement lorsque Catherine apparaît. Mais elle ne tiendra pas ses promesses.
Peut-être cet enfant est-il déjà détestable ? Pas du tout. C'est un bon élève, silencieux et obéissant. Jamais il ne se révolte. Que peut-il bien avoir fait pour s'attirer les foudres de cette marâtre ? La réponse fait froid dans le dos. Pourtant, vue de l'extérieur, cette Irène donne le change. Elle fait croire à l'entourage qu'elle sera « une nouvelle maman » pour les petits orphelins. A l'abri dans sa maison, elle se transforme en une femme à côté de laquelle les méchantes belle-mères de Blanche Neige et de Cendrillon sont des anges de bonté.
Et le père ? Il devrait quand même se douter de quelque chose, intervenir ? Mais non. Comme le mari de Folcoche, mais en pire, il laisse faire.
La fin qui nous attend, on la prend comme un coup de poing à l'estomac qui achève après ceux sur la tête et au coeur qu'on a reçus pendant la lecture.
Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, car peut-on aimer la description de l'innommable ? Mais je l'ai lu en apnée, sans pouvoir le lâcher et le recommanderais sans hésiter, car je pense que de telles histoires existent et que les bourreaux s'arrangent pour bien cacher leur jeu et se montrer sous une belle apparence. de telle sorte que, si leur attitude abjecte venait à être découverte, l'entourage stupéfait dirait : « une dame si gentille, si aimable. Jamais je ne l'aurais crue capable de tels actes ! »
Terrible et glaçant.
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Souvent, un homme devient adulte en fonction de l'enfance qu'il a eu. de l'amour qu'il a reçu ou non. Des parents qu'il a eu et de l'éducation qu'ils lui ont donné. Eric ne déroge pas à la règle. Une enfance douloureuse fait de lui un homme aigri qui n'a aucune envie de côtoyer les humains quels qu'ils soient. Encore moins les femmes. Alors, qui est cette femme qui a décidé d'empiéter sur sa vie de reclus émotionnel? Que lui veut-elle?
Le pisseux. Un titre qui dit presque tout. Un titre qui insinue une violence verbale. Une violence tout simplement. Une violence gratuite que doit subir un enfant. Dans l'indifférence paternelle totale. Mais ce n'est pas le cas pour sa soeur. le pisseux. L'histoire d'une promesse. Celle d'un enfant à une mourante. le Pisseux. Un enfant dont la vie est faite de maltraitance, de cris, de coups. Pourquoi un tel surnom? Qui a bien pu avoir la mauvaise idée de le surnommer ainsi? Cet enfant qui a vécu le martyr ira au-delà de ses forces pour s'en sortir. Où sont ses parents? Que font-ils face à un déferlement haineux qui l'accompagne?
Que de souffrance. Que de solitude. Que de force dans la vie du petit Eric face à un tortionnaire. Une résilience qui peut paraitre mal adaptée. Une résilience qui a l'intérêt de le faire avancer à l'aveugle dans la vie. Vie routinière. Vie pansement. Vie brisée par un manque total de confiance envers les autres. Nous découvrons une enfance saccagée. Une enfance torturée. Une enfance que les adultes rendent vide. Vide d'amour. Vie de mansuétude. Cependant, une bouée à laquelle Eric peur s'accrocher. Une bouée qui ne l'appellera jamais le pisseux
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Ce très beau roman est dans la sélection du prix des lycéens belges, l'occasion de le sortir de ma PAL dans laquelle il est resté trop longtemps.

C'est l'histoire d'Eric, aujourd'hui au milieu de la cinquantaine mais aussi en parallèle on découvre l'histoire du petit garçon qu'il a été, de son enfance qui l'a amené à être l'homme qu'il est devenu aujourd'hui.

Eric est journaliste économique, un expert de renommée qui travaille sous pseudo. Une particularité, il ne sort jamais de chez lui, de ses habitudes, de ses rituels, de ses odeurs. Il est enfermé dans sa bulle, dans son appartement au rez-de-chaussée d'un immeuble dont il ne sort jamais.

Seule sa soeur Anne, vient chaque semaine lui apporter ce dont il a besoin. Elle a toujours été là pour lui, toujours. Déjà enfant, Anne veillait sur lui, l'enfant fragile.

Faut dire que la vie n'a pas toujours été tendre avec lui, une maman aimante qui disparait lorsqu'il a 4 ans remplacée par Irène; sa belle-mère, la belle doche - salope comme il l'appelle. C'est qu'elle lui en a fait baver celle-là, le maltraitant moralement en le surnommant "le pisseux" mais aussi physiquement.

Il se souvient des humiliations, des frustrations lorsqu'il se retrouvait seul dans le noir dans le garage trainant son pyjama et ses draps... sans que son père ne se préoccupe de lui..

Il y aura trois femmes dans sa vie, trois lâcheuses, sa mère, sa belle-doche et tante Catherine. Aucune sur qui compter vraiment, la seule c'est Anne sa grande-soeur qui a promis à sa maman, encore enfant à l'âge de sept ans de toujours veiller sur lui quoi qu'il arrive.

Aujourd'hui elle est encore là lorsque Prune s'installa dans l'appartement jouxtant celui d'Eric. La communication est difficile, Prune essaye d'établir le contact, de s'immiscer dans sa vie mais Eric est hermétique.

Peut-être que Zélie, une enfant de sept ans les rapprochera, créer une brèche dans sa carapace de vieil ours ? Sera-t-elle un train d'union entre eux ?

C'est une plume magnifique, délicate. Des mots bien choisis qui mettent en avant la psychologie du personnage. Eric, bourru, antipathique au possible qui devient au fil de la lecture de plus en plus touchant par l'empathie naissant de cette plume efficace qui nous entraîne au plus profond de l'âme d'Eric.

C'est un drame psychologique qui tient en haleine, chaque paragraphe distillant de nouveaux éléments de l'enfance d'Eric qui nous permettent de comprendre l'adulte qu'il est devenu et de découvrir deux personnalités si différentes, une introvertie à l'extrême, l'autre introvertie ?

Ma note de lecture : un coup de ♥

Lien : https://nathavh49.blogspot.c..
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Eric depuis sa fenêtre côtoie le monde. Un monde qu'il dénigre et qu'il ose affronter à l'occasion de quelques sorties d'une absolue nécessité. Eric n'est pas agoraphobe mais les relations sociales l'horripilent. Il aime passer ses journées selon un rituel bien précis. Il aime vagabonder entre ses quatre murs. Chaque pas, chaque odeur, chaque grincement, chaque jeu de lumières, chaque élément à leur place précise lui rappellent des souvenirs douloureux. Eric n'a jamais su guérir ses blessures qui au fil des années l'ont emmuré dans un cercueil de rancoeur, de haine, de colère et d'injustice. Il répudie les femmes, même sa soeur n'a pas droit à un traitement de faveur. Eric est un homme hautain, mal-aimable, détestable et goujat. le portrait d'un parfait misanthrope. Un homme des cavernes, un ours mal léché, un grinch tout autant de comparaisons qui sont loin d'être à la hauteur de cet homme.

L'arrivée de la nouvelle voisine va bouleverser le quotidien bien rangé d'Eric. Un harcèlement bon enfant qui va ouvrir la boite de Pandore. Pour le meilleur, Eric va devoir se confronter à quelques vérités et découvrir une réalité macabre et pour le pire, peut-être, ouvrir son coeur. le petit pisseux qu'il est n'a qu'à bien se tenir !

Damienne Lecat signe un roman où surprise et déconvenue vont de paire avec horreur et drame. Si dans un premier temps le personnage d'Eric à de quoi rebuter et horripiler, de fil en aiguille, le lecteur découvre les raisons qui ont amené ce petit garçon à devenir l'adulte du présent. Comme la madeleine de Proust, l'environnement proche d'Eric déclenche la résurgence des souvenirs. Entre passé et présent, le lecteur devient le témoin de cette vie insoutenable. J'ai ainsi pu comprendre cet homme, le rendant, pour l'occasion, attachant dans son désoeuvrement, dans sa peine, dans cette blessure qui n'a jamais cicatrisée. Sans l'espoir, le grand Eric a perdu la foi dans l'avenir, vivant abattu dans sa coquille d'escargot. Damienne Lecat touche un sujet sensible. Elle l'aborde d'une manière que j'ai beaucoup apprécié : un ton grave et sobre emprunt d'une petite note de légèreté. Petit à petit, les éléments s'emboîtent pour parfaire un tableau où la tristesse prédomine et où les ombres anéantissent le peu de lumière qui reste. Damienne Lecat m'amène alors vers ce final inattendue qui lève le voile sur cette promesse.

J'ai été subjugué par la plume de Damienne Lecat. Une plume délicate qui met en valeur les tourments de l'âme. Une plume franche qui ose des mots crus et insensés. Une plume caustique et efficace. Ce drame psychologique m'a tenue en haleine tout au long des pages. Une lecture que je vous invite vivement à découvrir !
Lien : https://lesmisschocolatinebo..
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Le titre, intrigant, m'a invité à en savoir plus. Eric, la cinquantaine, est misanthrope, ne supporte ni sa nouvelle voisine, ni sa soeur, qui pourtant chaque semaine lui apporte petits plats et linge lavé et repassé. Au fil des chapitres, alternant enfance et présent, on découvre le petit pisseux, maltraité par sa belle-doche, délaissé par son père, on a pitié de ce petit garçon sensible, et on commence à cerner le misanthrope. Ce petit roman court et très bien construit se lit d'une traite en apnée, ce drame caustique et féroce laisse perplexe et dérange, car il est des fictions qui malheureusement reflètent des situations bien réelles... Je ne peux pas dire que j'ai aimé ce livre, mais je suis contente de l'avoir lu.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Une longue écharpe mauve et blanc, plutôt moche, avec écrit dessus "RSC Anderlecht". Ça veut dire "Royal Sporting Club Anderlecht". Oui, pour du vrai : "Royal". Il va assister à un match de foot où le roi joue ! Éric croyait que le roi travaillait tout le temps avec des militaires et des ministres toujours très sérieux et que, le soir, il emmenait la reine à des bals. Apparemment, il s'est trompé. Ou alors, le roi Baudouin sera l'arbitre ?
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Un refuge pour femmes battues ! Comme si lui, il n'en avait pas besoin d'un refuge. Son appartement, c'est sa carapace, sa peau protectrice. Il se sent écorché vif comme un lièvre destiné à la casserole, vulnérable comme un escargot sans sa coquille.
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C'est Éric qui a disposé ce matin sur la table les verres fins et allongés, en quinconce, comme Josée le lui a montré. Elle les appelle des flûtes, sans rire. Ça tombe bien, un nom pareil. 'Flûte', Irène se marie avec papa. 'Flûte', elle l'embrasse sur la bouche. 'Flûte', elle va dormir avec lui à la place de sa maman. 'Flûte', elle veut qu'il l'appelle 'maman'. 'Flûte', il a dû mettre un nœud papillon écossais dont l'élastique lui serre le cou. Zut, flûte et reflûte.
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Il ne veut pas vivre ailleurs, ne peut pas vivre ailleurs. Il va dépérir. Il a besoin de sentir autour de lui la gangue de ses habitudes pour être à l'abri, de serrer ce corset protecteur pour maintenir droite la colonne vertébrale de sa vie.
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Eric a commencé sa vie à la mort de la belle-doche. Avant, il n'existait pas. Trois femmes, trois lâcheuses : sa mère , la belle-doche, tante Catherine. A huuit ans, il n'attendait plus rien ni personne.
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