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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Cent sept ans

C'est un très beau texte tout en douceur et en poésie

Ce sont de courts chapitres qui disent la vie, avant et après l'exil. Le soleil et la chaleur du pays et puis la guerre et la mort, l'exil et la tristesse du pays du nord.

Nine n'a pas connu son pays de naissance, Madame Plume, sa mère, l'a quitté pour n'y plus revenir juste après la naissance de sa fille et depuis elle n'en parle presque pas. Elle élève Nine seule et du mieux qu'elle peut et Nine grandit en essayant de ne pas décevoir sa mère.

C'est une quête d'identité, remplie de tendresse et d'amour pour la mère, le père mort là-bas, et ce pays qu'elle ne connaît pas.

En lisant ce livre j'ai souris, les larmes me sont montées aux yeux, j'ai rêvé, c'est vraiment un très beau texte. Je l'ai déjà lu deux fois

A lire. c'est un coup de cœur. ********

Challenge abc 2014/2015
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Ainsi commence le livre :

« Je suis née au creux des montagnes, là où le ciel change de couleur dans la courbure du vent. Derrière le vent, en contrebas de la colline, se dressait le minaret du village. A heures régulières, la voix du muezzin annonçait le nom des dernières victimes tombées sous les bombes.

Ce petit extrait donne le ton. Poésie, beauté, noirceur et douleur. On sait.

« C'était le début de l'été. le père avait vingt ans, il riait parce qu'il était vivant… Il était algérien, Madame Plume était française, de cela ils ne parlaient pas. » L'amour et la guerre, pardon, « les évènements » ne font pas bon ménage. le père sera exécuté et laissé mort sur le bord d'une route. Madame Plume donnera naissance à Nine qui ne connaîtra jamais son père. Vint le temps de l'exil vers cette France, territoire inconnu, vers le nord froid et noir. Commence le temps des manques. Celui du père, celui du soleil, celui de Fatma, indissociable de la Kabylie, celui de l'isolement pour cette petite mauricaude (à l'époque on ne disait pas beur), celui de l'obéissance à la mère pour ne pas aggraver son chagrin. Les mots ne peuvent sortir pour expliquer la disparition, le corps dans la cabane en bois là-bas à Bouïra.
Puis, après la mort de la mère des suites d'un cancer, Nine repart en Kabylie pour renouer le fil de sa vie, pour repartir sur des bases plus solides.

Il y a opposition entre l'univers masculin de la guerre, de la violence et celui de ces deux femmes qui ont l'air de marcher sur la pointe des pieds pour ne pas déranger le père.

Nul besoin de grandes phrases, de pages noircies pour nous faire ressentir le mal être de Madame Plume : «elle percevait l'assurance des autres mères comme un lieu dans lequel elle n'avait pas sa place»,

Un livre que m'a posée sur un nuage. Les phrases ciselées comme un bijou kabyle sont emplies de poésie et de beauté. Tout est dit en peu de mots et si bien dit. Un enchantement, un coup de coeur pour moi.

Marie-Aimée Lebreton, n'attendez pas cent sept ans et encore moins les calendes grecques pour nous ravir avec un autre ouvrage. Je vous remercie pour cette belle lecture.

Je remercie vivement Babelio qui par son opération Masse Critique, m'a permis cette très belle découverte. Je n'aurais garde d'oublier les Editions Buchet-Chastel. La qualité des livres qu'ils proposent m'a permis de passer de très bons moments en compagnie de leurs auteurs.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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petit écrin de poésie dans lequel se cache un magnifique bijou. exil et retour au pays narrés sous forme de conte pour aborder la quête identitaire d'une enfant (Nine) petite moricaude née de l'amour flamboyant et mort-né d'un jeune soldat algérien et de Madame Plume. Nous sommes en 1962 année de chaos pour l'Algérie. le jeune soldat mourra sans avoir vu sa fille, qui quittera le Pays du soleil avec sa mère pour la grisaille du Nord. La violence de la Guerre des hommes, sans pathos pourtant, la résignation, le courage et la douceur des femmes.
L'absence de ce père si présent malgré et dans la mort: la douleur de Nine.
"- Petite Nine, tu n'as pas de papa?
- Non, j'ai deux trous noirs à la place d'un papa."
Pour Nine devenue grande c'est le retour aux sources sur" l'échine éclatante de la Kabylie, là-bas au coeur du monde."
"On l'appelait Plume car elle avait un sein plus petit que l'autre. Une petite boule à droite, pâlichonne comme un grain de millet. Elle disait en le regardant que c'était son petit bout du monde: un peu de larmes et de sang dans les plis dela peau, comme un volcan muet." Un texte magnifique sculpté dans une matière riche. Chaque phrase appelle la suivante comme roulées par les flots de la mer immense scandées par le son des leçons de piano, ce piano ami ingrat qui sauvera Nine du manque de mots maternels pour parler de la mort du père ("là-bas dans une cabane en bois"). La musique présente tout au long de ce livre et dans les mots et dans le rythme, la musique qui aidera Nine à se reconstruire quand sa mère lui sera enlevée et qu'elle osera retourner au pays et retrouvera Fatma la douce. Pudique, violent et doux
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Si vous avez peu de temps devant vous pour lire, mais que vous avez besoin de lire si ce n'est qu'un court moment avant de vaquer à des occupations dont on vous aimeriez vous affranchir, prenez en mains ce petit bijou ; il illuminera les instants volés. Il imbibera de douceur un quotidien rude et sans pitié.

Vus l'aurez compris, ce voyage avec Nine et Madame Plume m'a laissée sur mon petit nuage. le thème de l'histoire est assez courant. Parler de l'exil peut à force lasser le lecteur… Oui, mais Marie Aimée le breton nous enveloppe dans une forme de poésie où la simplicité des mots donne un esthétisme particulier à ce court roman plein d'amour, de pudeur, et de nostalgie d'une terre de soleil quittée pour une contrée froide où ses habitants « ont dans le coeur le soleil qu'ils n'ont pas dehors ».

Si, comme moi, vous avez aimé Sauf les fleurs, de Nicolas Clément, vous apprécierez aussi cet ouvrage édité dans la même collection.

« Nine savait qu'elle n'avait jamais oublié la terre qui l'avait enfantée. Nous sommes tous ainsi faits, nous cherchons toute notre vie à nous glisser dans le lit du temps pour retrouver le pays natal, fascinés que nous sommes par les femmes qui, au premier main du monde, nous ont donné la vie. »


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Un bel hymne à l'amour maternel en même temps qu'à l'amour du pays. J'ai que très peu rencontré une aussi belle écriture...
Marie-Aimée Lebreton sait exprimer poétiquement les méfaits de la guerre d'Algérie, l'exil sans père, la nécessaire reconstruction : nulle rancoeur dans son propos : "Sans rien dire, elle domptera ses chagrins derrière le carreau de ses lunettes.Sans bruit, elle grandira, la main dans celle de sa mère."
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