Un très beau titre.
Un étrange et fascinant premier roman.
Attraction et répulsion, entre un homme (le narrateur, français expatrié) et une femme (une sublime actrice chinoise) ; entre une ville (Hong-Kong) et cet homme jeune qui rejette son passé et ne s'autorise que de parcimonieux flashbacks sur sa vie occidentale.
Qui, pour baptiser d'un nom aussi négatif une station balnéaire huppée, sauf à vouloir y mettre de la pensée magique positive pour repousser au large de la baie ainsi nommée, les requins, les typhons, les indésirables ?
Le narrateur est-il visé par cet envoûtement, ou secrète-t-il lui-même le poison qui fait naître l'obsession du rejet ?
Olivier Lebé donne peu de clés pour comprendre son héros-narrateur. Pierre (c'est seulement à la page 151 qu'on apprend qu'il se prénomme ainsi) est une sorte de chercheur de fiction : l'analyse des requêtes d'information sur internet permet de dégager l'émergence de thèmes sensibles. Ce matériau sert aux jeux de simulation, ou pour alimenter en “prédictions” les grandes conventions internationales. Pierre travaille avec plus de résignation que d'enthousiasme sur le sujet-clé de la climatologie et des catastrophes météorologiques.
A partir de quelques indices énigmatiques l'auteur dresse le portrait d'un homme complexe, désabusé et pessimiste, peut-être paranoïaque. Il connaît pourtant bien la Chine, ses codes, ses énigmes. Il a choisi en connaissance de cause sa nouvelle vie. Tout lui paraît normal au début, même sa rencontre avec la magnifique Beverly C., et la passion qu'ils partagent. Les choses se défont et tournent lentement au cauchemar feutré avec la dérive de ses sentiments : agacement, peur, rivalité, abandon, solitude.
Poésie et nihilisme font paraît-il bon ménage en littérature. Je ne suis pas une spécialiste, mais l'originalité de ce texte sobre m'a touchée et m'obsède encore, plusieurs jours après sa lecture. le vertige du personnage est accentué par le décor et l'ambiance science-fiction de fin d'un monde. L'écriture d'Oliver Lebé rend palpable l'appel du vide existentiel au bord duquel son narrateur évolue.
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