Une alternance de textes qui sont un merveilleux prétexte à relire quelques poèmes, de manuscrits, de commentaires... juste incontournable.
Je ne vous ferai pas l'injure d'un extrait (lequel choisir?) du "bateau ivre", qui depuis très longtemps fait partie de mes émotions poétiques.
Alors plutôt cet extrait de la NRF... de 1912 incitera peut être certains des inconditionnels de Rimbaud à ce pencher sur ce dossier:
"toutes les formes d'amour, de souffrance, de folie; il (le poète) cherche lui même, il épuise sur lui tous les poisons, pour n'en garder que les quintessences.
Même hésitation, mais cette fois je ne résiste pas, à reprendre "voyelles":
"A noir, I rouge, U vert, O bleu
...
A noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bourbillent autour des puanteurs cruelles."
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Sans Verlaine, que saurions-nous de Rimbaud ? Que lirions-nous de lui ? Si Verlaine n'avait pas été à ses côtés pour sauver un certain nombre de poèmes, pour les transcrire et ensuite pour les publier, peu de textes nous seraient connus. Non seulement Verlaine a rassemblé ce que lui-même possédait, mais il s'est adressé à d'autres personnes qui avaient gardé des manuscrits, et il a commencé à les publier dans une série d'articles où il parle de Rimbaud. Le premier de ces articles paraît dans la série des "Poètes maudits", dans la revue "Lutèce", à la fin de 1883. Verlaine a fait un véritable travail d'éditeur, de propagandiste et d'archiviste. On lui doit presque tout. Par exemple, le texte du "Bateau ivre" est connu par une copie de Verlaine - soit il l'a recopié de l'original, soit il l'a retranscrit de mémoire, on ne saura jamais vraiment. Et il faut impliquer dans la reconnaissance que nous avons pour Verlaine le fait que nous savons grâce à lui qu'il y a, de Rimbaud, des textes perdus. Verlaine, qui n'a pas pu tout sauver, dit par exemple, dans l'un de ses articles, que le plus beau poème de Rimbaud, "Les Veilleurs", est égaré. Et on ne l'a jamais retrouvé à ce jour.
"Un poète aux silences terribles"
Entretien avec André Guyaux (p. 57)
La double vie de Rimbaud, son engagement puis son rejet total de la poésie intriguent et donnent au mythe tous les atouts romanesques. Entre l'exaltation de l'adolescent poète et son double africain, l'ambivalence sculpte en profondeur le mystère d'une oeuvre contrariée, d'un idéal contredit par la trajectoire d'une vie, esquissant la silhouette d'un anti-héros idéal. Hugo Pratt (1927-1995) ne s'y est pas trompé. Celui qui disait écrire de la "littérature dessinée" s'en est directement inspiré pour Corto Maltese, son marin aventurier épris de liberté, gentilhomme de fortune. (p. 82)
Avec le neuvième art, le mythe avance d'une case
Lucie Servin
Lire un grand poète, ce n'est pas avoir à décider qu'il est grand, en amateurs de littérature, en cela la pire arrogance, c'est lui demander de nous aider.
Yves Bonnefoy, cité par Sonia Pavlik
Avant-Propos (p. 3)