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Citations sur Derniers poèmes (36)

Théorie du vieillissement

A mesure que gonfle le nombre des années,
est rétrécie chaque an sa durée
mais pas son poids. Il gagne en gravité.
Il deviendra si lourd au bout du compte
qu'il ne peut pas continuer ainsi
et implose en un trou noir
dans lequel se noient toutes les années
qu'on ne peut plus ni alors ni compter
ni peser.
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ENCENS

La flamme de l’allumette contre le petit cube
l’embrasse et je la souffle.
La flamme se fait haute
et dorée puis petite, elle se meurt
n’est plus qu’une goutte d’un feu spectral
qui se détache, flotte,
brin de feu dans les airs, elle danse,
plus haut, un peu plus haut et disparaît
A présent
De l’encens qui se consume
une douce fumée de cèdre s’élève
un instant comme souvenir.
Puis juste les cendres.
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Veille
Vers le large
écume de vaguelettes
les rêves matinaux partent à la dérive
comme monte la marée de lumière
ils disparaissent telles des bulles
êtres d'airs et d'eau
écume, ma mémoire
est elle aussi évanescente
tourbillons égarés de la crête des vagues
crinières de chevaux blancs
que le vent de terre rabat vers la mer
rêves, souvenirs, tout
devient immatériel
l'être se dissout
part et dérive sur la même marée.
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Voyageurs
I
Nous sommes venus de la rive lointaine,
lumière d'étoile et nous y retournerons
dans une frêle embarcation
grande comme deux mains tendues.
II
Réfléchir à la compassion.
Une luciole dans un jardin obscur.
Un lombric nu
sur une allée de béton.
III
Je pense à la traversée
que nous ferons ensemble
dans la barque sans rame
du fleuve sans rive.
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À la mort d’Orphée

Les pierres que son chant avait émues, les bêtes
sauvages qui s’étaient attroupées autour de lui,
le pleurèrent tandis que l’écho de son chant
suivait le cours du fleuve jusqu’au silence.
 
Son ombre se tint un moment, submergée,
à la porte du royaume des ombres. Finalement
il entra et vit le chemin qui descendait.
Il l’avait déjà emprunté
mais il ne pouvait lui être familier.
Reconnut-il la frêle silhouette qui l’attendait
au bord du chemin ?
 
Elle se détourna et ouvrit la marche
sans mot dire. Il la suivit.
Elle ne se retourna pas.
Elle le guida dans cette descente
crépusculaire vers le rivage
où l’attendais le vieux batelier,
il reçut son paiement et rama pour les faire traverser.
 
Il n’y avait rien à dire.
 
Sous le bateau sans poids
les ombres du royaume des ombres coulaient en silence
vers le commencement de toute musique.
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EN POUSSIÈRE
  
  
  
  
Esprit, prépare-toi pour les voyages à venir du corps,
les mouvements de la matière qui te faisait.

Élève toi dans les volutes de palo santo.
Retombe sur terre avec la pluie.
Pénètre, au plus profond, dans les racines lointaines.
Monte doucement dans la sève qui s’élève
jusqu’aux branches, à la couronne, à la pointe des feuilles.
Reviens à terre comme les feuilles en automne
et gis dans la patiente décomposition de l’hiver.
Relève-toi dans les vertes sources du printemps.
Laisse-toi porter au soleil avec le pollen sacré
pour retomber comme une bénédiction.

Toute poussière de la terre
fut vie, fit âme, est sacrée.
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LE PETIT PILON INDIEN DE LA MAISON À APPLEGATE
  
  
  
  
Dense, lourd, le grain fin, basalte sombre,
poli de toute part comme par une rivière, un cylindre
aux bords contondants, un outil : tu le devines lorsque
tu sens l’arrondi subtil, le creux,
qui épouse la main, par les mains formé
qui l’ont tenu ici, juste à cet endroit,
pour qu’il tombe de lui-même dans le bol,
écrase les graines, s’élève et retombe
au rythme du chant sourd et doux
qui a fini par s’incruster dans la pierre,
si bien qu’il m’a dit, quand je l’ai saisi, comment
le tenir et le manier, comment poser mes doigts où
d’autres doigts l’ont usé doucement, lui ont donné
cette forme qui épouse et emplit ma main,
ce poids qui veut tomber et, en tombant, chanter.
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ARION

Arion, mon guide coiffé de ténèbres,
dans ce long rêve j'ai connu
ton nom en m'éveillant aujourd'hui
dans les ténèbres qui précèdent l'aube.

Sombres sont les mers où glissent les dauphins.
Les rêves sont et ne sont pas ce qu'ils semblent être.
Tout ce qui fut créé est en cours de création :
achevé, complet, disparu.

Calme et douce présence à mes côtés,
où allions-nous, au loin ou chez nous ?
Suis-je l'abandonnée ou celle qui abandonne,
frère, amant, étranger, Arion ?
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Des gens ont commencé à entrer dans mes rêves,
ils viennent de très loin,
ils ont traversé les cols montagneux
qu'aucun mortel ne connait.
Des gens âgés à l'odeur de brouillard
et d'écorce molle de séquoia.
Ils discutent doucement.
Ils en savent plus long que moi.
Je crois qu'ils viennent de chez moi.
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Privée de langue, je me fige
à tout oublier je m'oblige.
L'ombre est légère
là où j'erre.
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