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3,62

sur 221 notes
Deux personnages racontent.

Le premier, Dodo, s'exprime dans un mélange de français et de dialecte africain. Ses propos sont signalés en italiques dans le texte. Pour bien restituer ses pensées, l'auteur adopte délibérément une orthographe souvent phonétique, et une grammaire approximative : il a dû faire pas mal d'effort pour arriver à un résultat aussi crédible !

Malheureusement, quant à moi, j'aime les écritures fluides. J'ai abandonné l'ouvrage après une demi douzaine de page laborieusement déchiffrées (dans le livre, le nombre de pages en italiques, correspondant au témoignage de Dodo, semble dépasser la centaine).

Le second personnage, Jérémie, est présenté en 4ème de couverture, et je m'en tiendrai à ce résumé, même si c'est peut-être passionnant.

J'essaierai de découvrir Jean-Marie LE CLEZIO (Nobel de littérature en 2008) à travers une autre de ses ouvrages. Et je remettrai rapidement celui-ci dans une boite à livre, celle où je l'ai trouvé ou une autre.
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Dans sa langue flamboyante intégrant le créole, Le Clézio nous emmène sur les traces d'un passé perdu (dans plusieurs sens du terme) sur l'île Maurice, ce domaine du dodo, animal exterminé par les hommes comme le peuple africain mis en esclavage, et dans ces familles blanches désargentées qui eurent des branches métissées...
J'ai fini par me lasser d'une litanie de noms et détails qui se répètent, mais j'ai aimé ce voyage qui a fait écho - j'aime ce hasard des lectures - avec Les cent puits de Salaga (Ghana) et L'île de l'éternel retour (Barbade... beaucoup de similitudes entre ces îles malgré la différence d'océans).
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Tous les thèmes de prédilection de le Clézio sont repris dans ce livre « Alma », nom donné à la propriété des Fersen (alias Le Clézio).
En 1796 , Axel Fersen débarque à l'Ile de France nommée ainsi à l'époque, l'île n'est que forêt, et le gros oiseau dodo est chez lui. Plus pour très longtemps, il sera vite exterminé par les premiers colons.
Jérémie Fersen , un descendant de la vieille famille débarque à Maurice avec pour seul viatique une » pierre de gésier de dodo ». Il explore l'île, surgissent de nombreux personnages, tel que « dodo » un certain Dominique Fersen , lépreux et clochard.
Toutes les scènes racontées sont puissantes, des fresques vivantes , un style parfait.
L'histoire de l'esclavage, l'île qui a souffert et souffre maintenant du tourisme de masse, marquent le déclin de ce morceau de terre. L'écrivain part de l'individu à l'universel.
Mais , et là j'ose le sacrilège: J'ai lu quasiment tout Le Clézio, tout Modiano, avec à l'époque l'attente gourmande ; l'ennui s'installe peu à peu, les »souvenirs dormants » de ces deux Nobel de littérature me donnent l'impression d'avoir tout dit sur leurs sujets favoris.
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Alma où la quête d'une histoire de famille, entre mythes ensorcellants, passé douloureusement esclavagiste et desctruction massive d'une île foisonnante de beautés florales.

Le Clézio nous ramène dans son île Maurice pour à partir à la recherche du fameux dodo disparu, éteint par la faute des hommes. Mais, cette recherche ira au-delà d'un simple animal. C'est toute une dynastie qui aura disparu au gré de l'histoire, les esclavagistes, les noirs, les marrons, les riches, les pauvres, ceux qui font parler leur coeur et non leur sang, ...

L'un court vers son île pour comprendre sa lignée, son père, lui-même, pour retrouver ses racines, son histoire et l'autre la quitte pour se retrouver au milieu des siens, les nantis, les exclus, ... Lequel en sera le plus apaisé à la fi de sa vie ...


La plume de le Clézio est toujours aussi poétique, emprunt d'une beauté naturelle que ce soit pour parler de la magnificence de l'île ou des monstruosités humaines, qu'elles soient anciennes ou contemporaines.
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Le Clézio touche à l'universel, autant par ses écrits que par ses (rares) interventions médiatiques. Ce roman clôt un cycle sur Maurice, île qui lui est chère, au travers d'une double quête, identitaire pour l'un, existentielle pour l'autre. Les sujets abordés sont d'une actualité brûlante, cette île concentre à elle seule toutes les problématiques qui hantent nos consciences d'occidentaux, de l'esclavage d'hier aux migrants d'aujourd'hui avec la mauvaise conscience ou la mauvaise foi occidentale, selon la famille dans laquelle on est né. Les drames croisés d'enfants naturels, reconnus ou non, alimentent un malaise persistant, au hasard des bonnes ou mauvaises fortunes. L'île Maurice est un creuset formidable dans lequel se mêlent blancs, noirs, métis, indiens où la hiérarchie des races reste une donnée palpable. La quête de l'homme blanc sur l'île est sans issue, les fantômes sont légions, les traces de ses ancêtres ont disparu, seuls des ombres peuplent les plantations et les sucrières, de la splendeur du passé ne subsiste plus que les discours de vieillards à la mémoire vacillante, il s'en va, penaud, rejeté par une indigène, exotisme de pacotille, même cela, il n'y aura pas droit. Que dire du lépreux, bâtard rejeté chez lui, réduit à une quête d'absolu dans une ville inconnue, Paris, mirage d'un temps, vite disparu dans une réalité grise et sinistre, migrant parmi d'autres compagnons de misère, Maurice est loin mais ici, il semble moins souffrir, soutien occasionnel de pauvres hères, existant à travers leurs regards de désespérés. Rien de très gai dans tout cela malgré quelques belles rencontres, là aussi empreintes d'illusions vite emportées par un vent mauvais.
Que reste-t-il de cette belle île, avec ces oiseaux disparus, qu'un paradis bleu turquoise pour touristes de passage, artifice ultime conjurant le sort d'un monde à jamais disparu.
Les personnages se traînent un peu mais l'humanité qui se dégage de ce texte emporte l'adhésion, par delà la moiteur ambiante.
Le Clézio est un grand écrivain même alangui dans la douceur tropicale.
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Le Clézio choisit de nous faire partager son histoire familiale avec l' île Maurice en campant 2 personnages qui ont des liens avec le domaine d'Alma, lieu des années de l'enrichissement par la canne à sucre et la traite négriere.
Le premier, un pauvre diable surnommé Dodo, mangé par la lèpre, qui finit SDF à Paris ; le second, un jeune homme en quête de ses racines mauriciennes, qui part sur les traces de son père ayant vécu à Alma et cherchant des réponses sur les non- dits de sa famille.
Un parallèle avec la disparition du dodo, l'oiseau pataud et lourd sacrifié à l'arrivée des colons anglais et hollandais qui le chassent et saccagent son habitat naturel court tout au long du livre qui raconte le désespoir des pauvres spoliés par l'appât du gain, ainsi que la nostalgie de ce paradis perdu et vendu au tourisme international avec ses couchers de soleil sur fond de drogue et prostitution.
Les récits se succèdent, s'enchassent avec des témoignages, des gros plans pas toujours reliés, une quantité de noms, de lieux, de faits desquels émergent des moments forts : le lavage des pieds des clochards, l'appel des esprits, l'accouchement de la fille violée...
Un livre fort, engagé, qui pointe du doigt un monde dur aux faibles et l'impossibilité même de trouver des réponses.



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Jérémie Felsen arrive à Maurice pour y enquêter sur le dodo, cet oiseau étrange qui ne savait pas voler et que l'on fit disparaître. a la vérité, c'est sur la famille Felsen qu'il vient chercher des traces, car elle fut puissante. En 1796, Axel Fersen arrive à Maurice. C'est le début d'un empire basé sur le commerce, la canne et l'esclavage; Les Fersen vivent à Alma, une grande propriété foncière. Non loin de la là, vit la branche subalterne de la famille qui est très éloignée du pouvoir et des fastes. Dominique, le descendant de la branche pauvre, est un malheureux défiguré à la mémoire pourtant bien vivante. Alors que Jérémie évoque l'expansion de Maurice aux 18° et 19° siècle et la grande époque de richesse des Felsen à Alma, Dominique évoque des figures d'esclaves ou d'engagés et tout un panel de légendes et de croyances que ceux qu'on amenait de force dans l'île apportaient avec eux.
Entre ces deux récits qui s'entrecroisent, il y a le dodo dont, avec l'arrivée des hommes, le sort semble inexorablement fixé. Ce grand oiseau, adroit par moments et maladroit à d'autres et qui semble comprendre son destin...
Si on peut s'interroger sur l'attribution du prix Nobel à un tel ou une telle, ce questionnement ne peut s'appliquer à JMG le Clézio. Enchanteur, poétique, puissant et cruel, Alma est un roman à plusieurs voix dont la construction, la sureté d'écriture et le pouvoir d'évocation sont la marque d'un très grand auteur. A plusieurs reprises, j'ai été littéralement éblouie par le talent sidérant de cet écrivain. Je pense au passage qui touche à la fille illégitime de Mahé de la Bourdonnais et celui sur le dodo qu'on extrait avec précaution de Maurice pour le conduire en Angleterre où il rencontre une mort certaine. Mais il faudrait aussi citer les passages sur Krystal, ceux sur Aditi et les merveilleuses évocations d'Alma faites à tour de rôle par les deux narrateurs.

Un très beau livre d'une puissance rare sur ce que fut et ce qu'est Maurice. Et un grand auteur, très au dessus de la mêlée...






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Bien sûr, je connaissais de réputation Jean-Marie Gustave le Clézio mais n'avais encore lu aucun de ses romans et c'est en visionnant un épisode de la Grande Librairie que j'ai vraiment découvert cet auteur de culture mauricienne comme il se définit lui-même. Alma, c'est un village de l'île Maurice (et non une municipalité du Lac Saint-Jean), dont Le Clézio raconte l'histoire à travers les personnages de Dodo, un itinérant mangé par la lèpre, descendant métis d'une des grandes familles de l'île et Jérémie, de même lignée mais de nationalité française. Tous deux à la recherche d'un sens à donner à leur vie quand tous ont disparu : ceux qui ont connu l'essor de l'île grâce à la canne à sucre mais aussi grâce au côté moins glorieux de l'esclavage. Ce qu'on cherche à cacher dans les familles et dans les communautés tranquilles du bord de mer, maintenant envahies par le tourisme. Et ce dodo, gros oiseau aux ailes atrophiées, disparu depuis longtemps de la surface de la terre. Un roman à saveur écologique et historique porté par plusieurs voix qui finissent par se rejoindre. Une belle initiation à l'oeuvre de le Clézio.
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Ouvert, commencé, reposé puis repris, j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans cet opus truffé d'histoire mauricienne. Non pas qu'il soit inintéressant, au contraire... La disparition du dodo sur l'île Maurice n'est pas qu'anecdotique, les autochtones ont subi le joug du colonisateur, ils y ont laissé plus que les plumes du dodo...J'ai cru entendre que le message principal de l'auteur était là. Je connais un peu(!) de cette histoire qui est loin d'être terminée, je crois ; telle est peut-être la vraie raison de ma difficulté à recevoir ce message sans m'y sentir plus impliquée que je ne le voudrais.
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Dans ce roman qui raconte l'histoire d'une île et la mémoire des êtres qui l'ont peuplée, deux voix narratives s'entremêlent.

D'abord, celle de Jérémie Felsen, double de l'auteur, qui part à l'Île Maurice, sur les traces de ses ancêtres, propriétaires déchus d'un domaine de production de canne à sucre. Lors de ce voyage initiatique, Jérémy fait aussi des recherches sur l'oiseau emblématique de l'île : le "Raphus cucullatus" plus connu sous le nom du fameux dodo. Cet oiseau emblématique et attendrissant, fut tué à coups de pierres par les hommes et disparut à jamais de la terre. le dodo, surnommé "l'oiseau de nausée" par les Hollandais parce que sa chair n'était pas bonne à manger, reste le symbole de la tragique capacité de l'humain à détruire.

La seconde conscience est celle de Dominique, justement surnommé Dodo, clochard céleste, défiguré par la syphilis. Cet éclopé de la vie fut l'un des ancêtres de Jérémie, rejeton d'une branche honnie de la famille. Son visage rongé par la maladie, effraie les enfants qu'il essaie d'amuser en léchant son oeil d'un coup de langue. Dominique fera le chemin inverse de Jérémie puisqu'il part de l'Île Maurice pour venir vivre à Paris.

Jérémie part à la rencontre des habitants de l'île qui détiennent des informations sur sa famille. Au fil de ses visites, l'auteur ravive le passé esclavagiste de l'île, bien loin des clichés actuels d'un lieu touristique et paradisiaque. Les échos de la souffrance des esclaves hantent le roman. Depuis la plage où vit Jeanne Tobie, dite la Surcouve, il aperçoit le Morne Brabant. Aujourd'hui, paradis des randonneurs ; hier, refuge des marrons. Sa tante Emeline lui parle de Bras d'eau, "la gueule de l'enfer", la prison des noirs. Aditi lui fait découvrir sa forêt et son pink pidgeon, menacé lui aussi d'extinction. C'est aussi l'histoire de Krystal, lolita sauvage et indomptable. Vient s'intercaler le récit poignant de Marie Madeleine Mahé, la fille naturelle du Gouverneur des îles de France et Bourbon, qui mène une vie de désolation après avoir été abandonnée.

Autant d'histoires profondément émouvantes, habitées par des personnages touchants qui nous deviennent tous familiers. Par un fourmillement de descriptions visuelles et sensorielles, le récit vibrant et palpable, prend vie sous nos yeux. Un roman lyrique, empreint de milliers d'odeurs, au plus près de l'humain et de la nature. Savourez ce livre-hommage inoubliable !
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