Si, en Provence, Noël revêt une grâce heureuse et comme ensoleillée, en Bretagne, où même la joie a souvent quelque chose de grave, la nuit de Noêl est, depuis toujours, empreinte d'une mysticité délicieuse.
Il suffit, pour s'en convaincre, de découvrir ces quelques "Récits de passants".
Ils ont été rédigés, en 1933, par Anatole le Braz.
Ils ont été composés, à l'usage du peuple armoricain, par des poètes incultes mais pieux.
Ils ont été, au fil du temps, colportés, de bourg en bourg, tout au long des veillées, par les chanteurs de "Nédélec".
"Nédélec", c'est la fête de Noël.
C'est la fête de Noël, pour les âmes défuntes, comme pour les vivants.
Faisons alors bon accueil au barde qui a pour fonction de perpétuer les vieux chants, les belles histoires, les "Récits de passants".
Anatole le Braz reprend ici l'ancien chemin taillé dans la vieille Bretagne à travers ses croyances, ses mystères et ses superstitions.
Il fait revivre les temps oubliés ...
- Nédélec
- Noël de chouans
- La Noël de Jean Rumengol
- A bord de la "Jeanne-Augustine"
- La chouette
- le puits de saint-Kadô
- le forgeron de Plouzélambre
- En Alger d'Afrique
- Les deux amis
Ces neufs textes sont tissés de religion, de superstition, de merveilleux et de fantastique.
Le premier se fait le témoin privilégié de la Nativité et raconte la naissance du Dieu fait Homme, du chant qui l'a accompagnée et du premier miracle de l'enfant Jésus.
Nédélec !
On dit que certains bretons, autrefois, n'étaient pas éloignés de croire que le Christ n'était venu spécialement que pour eux.
Aussi, les poèmes de la Nativité, en passant leurs lèvres, se sont-ils recouverts d'une forte teinte celtique.
Anatole le Braz, de sa plume élégante, les a recueillis, en autant de "Récits de passants" qui vont à tout jamais se nicher d'eux-mêmes dans les mémoires ...
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Il suffirait de coudre ensemble, à la façon des rhapsodes, quelques-uns des "noëls" locaux où cette naissance est célébrée, pour obtenir un évangile complet, j'entends un évangile bas-breton de la Nativité.
C'est ce que l'on a tenté de faire dans les lignes qui suivent, en demeurant fidèle non seulement à l'esprit, mais, autant que possible, à la lettre de ces naïves inspirations ...
Blanche ou noire ? Faste ou néfaste ?
De la part de Dieu ou de la part du diable ? ...
Puis à l'instar des leschés grecques, la forge était un lieu de rendez-vous, de causerie, de racontars de toute nature.
Les mendiants, les colporteurs, la race vagabonde des chemineurs de pays y entraient, au passage, pour allumer leur pipe ou réchauffer leurs doigts transis, et, le plus souvent, s'y attardaient à débiter les nouvelles, assis sur les billots de bois ou quelque enclume hors d'usage ...
Là-dessus, Jean Rumengol s'enfonça dans la nuit.
C'était le temps où la terre bretonne est en fleurs, où les odeurs de paradis lointains semblent imprégner l'haleine des choses.
Le jeune homme marcha devant lui, au hasard, du côté où soufflait le vent, tout émerveillé de sentir palpiter dans son âme le reflet des constellations qui brillaient là-haut ...
Marin qui siffle attire la tempête, gens qui chantent attirent le malheur ...