Je n'étais pas très loin du coup de coeur. Il m'a manqué ce petit zest d'émotion qui m'aurait fait monter les larmes aux yeux.
Couillonnades, un titre drôle qui laisse penser à un roman humoristique. En tout cas, avec le premier chapitre j'y ai cru. Plus on avance dans l'histoire de Mme Gino qui retrace certaines vérités de son passé, plus un étau se resserre sur le lecteur et le héros Maxime. Mme Gino choisit son lit de mort pour faire des confidences à son fils et révéler certains secrets de famille. Aura t'elle le temps de tout raconter? Est ce le bon moment? Pourquoi simplement à Maxime et non ses deux soeurs? Pourquoi tout révéler et ne pas partir avec son secret? La dernière interrogation m'est plus personnelle car l'histoire de Maxime a fait écho à ma vie.
Daniel Lauret aborde avec beaucoup de tendresse et bienveillance une sorte de "coutume locale ancienne". Puis-je me permettre d'utiliser ce terme sans offusquer? Même si j'entends encore "té gramoun la fé le couillon" "fé dan le culot" aret fé le couillon"..... Expression utilisée à ce jour pour des bêtises moindres, je le précise mais cela a toujours attrait aux hommes qui aiment le plaisir de la chair. On peut sourire mais quand on y réfléchit bien, on nous vante la famille parfaite et en harmonie et en grattant un peu, la réalité est moins reluisante. Et cela peut entrainer comme pour Maxime une perte de repères et d'identité. Un secret de polichinelle peut faire sourire une personne extérieure mais quand on constate ce qu'a subit Mme Gino, on respecte ses choix. C'est comme une fatalité. J'ose parler de coutumes mais avec le récit de cette dame de fer, on se rend compte qu'à une époque, dans certains foyers reculés, il y avait des pratiques pour le moins bizarres.
Daniel Lauret a ouvert une porte du passé, et m'a appris beaucoup de choses : la déclaration parfois faussée d'une naissance, les échanges épistolaires entre les agriculteurs zoreils, la manière de demander en mariage, Madame Clovis… Je tiens à préciser pour ce dernier point que cela existait aussi dans l'Amérique puritaine des années 60. Donc éviter le jugement facile….
Pour moi, ce roman n'est pas un appel à la tolérance. C'est avant tout un récit poignant sur le parcours sentimental et familial d'une femme forte. Une femme qui a assumé ses choix de coeur et suivi une morale. On est au delà d'une croyance et cette envie de faire taire le voisinage. C'est avant tout donner un foyer à une être innocent. Un très joli conte réunionnais.