Le plaisir semblait être promis derrière cette lecture.
Pensez donc ! Un roman salé signé
Maurice Larrouy.
De plus, dans sa préface, l'auteur lui-même se promettait d'y montrer du doigt la discorde, l'inimitié et la guerre, qu'elle soit civile ou extérieure, de définir l'horreur et la vanité de tels déchirements.
La guerre est, nous dit-il, une maladie que nous ont léguée nos aïeux.
Un roman à thème, donc !
Le croiseur français "Pélican", pour une longue croisière de représentation, était parti de Brest, accompagné du plus récent des sous-marins la "nacre", et d'une escadrille de trois avions, "la guêpe", "le frelon" et le "bourdon".
Gaël Trémeur est le chef de cette escadrille.
Gildas, son jumeau, est le pacha du sous-marin.
Si leurs physique sont totalement identiques, leurs caractères et leurs bords politiques sont aux antipodes.
Presque parvenue au terme d'un interminable tour du monde, la flottille, coincée dans l'écluse du canal de Panama, voit surgir une vedette coloniale toute bordée palissandre.
A sa barre, la señorita Maïta Capaz de las Andas ...
"
Arches de discorde" est un long roman maritime, vaguement politique.
Mais derrière ce badinage marin, se cache un sujet délicat.
Maurice Larrouy y a porté dans un pays lointain, en Amérique du Sud, les dissensions de son pays et de son époque qu'il a cachées derrière une révolution latine.
Le lointain parti "SOIF", fédération imaginaire d'ouvriers socialistes qui "a soif de ce qu'elle ne possède pas et qui veut boire à toutes les sources", cache à peine sa référence à la SFIO française.
Et, la "Faim" est la fédération américaine des intérêts matériels.
Ce qui, dans l'esprit de
Maurice Larrouy, semble porter en Amérique les origines du capitalisme.
Le sujet, qui se dégage essentiellement ici, est délicat.
Il est celui de la hiérarchisation des races, imposée dans le monde par l'occident au fil des siècles, en même temps qu'une expansion colonialiste et esclavagiste.
Mais le propos manque de force, et finit par se perdre dans un récit trop long et un peu ennuyeux.
Certes, le roman maritime est intéressant.
La vie à bord est bien décrite, les personnages sont hauts en couleurs, leurs caractères sont fouillés et attachants quoiqu'un peu caricaturaux.
"Furet", le maître d'hôtel malin, prévoyant et sarcastique, semble, par exemple, sortir tout droit d'un roman de
Jules Verne.
Les descriptions sont issues d'une vraie plume marine.
Mais le roman est trop long, son intrigue trop distendue.
Et le ton n'y est pas en adéquation.
Il est de par trop léger, et lointain.
Le lecteur a parfois l'impression que
Maurice Larrouy, tout en écrivant son livre, avait autre chose à faire, un autre sujet en tête, plus important celui-ci que son roman en cours ...