Quelques amis réunis pour philosopher au Café de l'Univers… tout un programme ! L'idée, que chacun raconte à son tour une histoire qui l'a marqué et en tirer une morale, une philosophie, une leçon de vie… de la technique infaillible pour trouver le mari idéal en moins de 30 jours et du génie des femmes, à quelques considérations sur la relativité de nos cultures et de nos religions, en passant par les pièges que dissimulent ces dernières, on se régale de ces récits racontés avec beaucoup d'esprit et une bonne dose d'humour…parfois un peu noir quand c'est au paradis ou à son propre enterrement que l'on atteint l'accomplissement de sa vie.
Si on veut en tirer une morale, c'est que l'humour et l'ouverture d'esprit sont les meilleures armes pour lutter contre les préjugés et les endoctrinements. Car finalement, au-delà des accidents de nos destinées qui comportent une large part de conditionnement mais aussi de hasard, nous ne sommes pas si différents que ça les uns des autres. Et échanger des histoires reste le moyen le plus agréable de relativiser son point de vue !
Merci à Babelio et aux éditions Mialet Barrault pour cette lecture à la fois très distrayante et très enrichissante !
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Des amis se retrouvent dans un café et chacun, à tour de rôle, va raconter une histoire et en tirer une morale. Construit comme de petites nouvelles contées, ce roman est un délice d'humour et de tendresse. Se trouver un mari en moins de 30 jours, piquer des fleurs dans un cimetière, un voile qui cache un passé plus sulfureux...des thèmes divers sont abordés.
Une belle découverte.
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Je voudrais d'abord remercier la masse critique de Babelio et la maison d'édition pour m'avoir envoyé le livre.
Je crois que je n'ai jamais rigolé autant devant un livre qui pose des questions philosophiques, les questions profondes qui sont posées sont vraiment improbables mais importantes sur les choix des vies et de la conception de la morale ou des préceptes.
Accouplé avec des dialogues très fluides et très réaliste,qui permettent de se fondre dans l'histoire et de s'imaginer avec les personnages.
Des intrigues improbables mais tellement amusantes.
Clairement j'ai adoré cette lecture.
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Avec son titre qui laisse poindre d’emblée la fantaisie et l’ironie, le nouveau livre de Fouad Laroui, 30 jours pour trouver un mari, annonce la couleur : le plaisir sera au cœur de ce nouvel opus. Plaisir de dire pour les personnages du livre, des amis installés à la table d’un café et qui, chacun à son tour, racontent une histoire.
Lire la critique sur le site : LeMonde
La nuit était tombée. Au Café de l'Univers, il ne restait plus que nous et le cow-boy. Nous incombait la tâche de tirer une morale de tout cela puisque, sous toutes les latitudes, les hommes ne se réunissent que dans ce but : ajouter à la simple énumération des faits, qu'un grand livre suffirait à contenir, l'infini des jugements et des condamnations, des acquittements, des éloges et des insultes zaporogues : ajouter de l'éthique, de la moralité, des leçons et des synthèses - tout cela étant à la fois inutile et indispensable.
" Ko-a-la, lui dit-elle, ko-a-la, je n'ai pas l'impression que ce que je te raconte t'intéresse follement."
Khaoula, qui n'aimait pas qu'on écorchât son prénom, lui jeta un regard noir. Puis :
"Ali-za-bête, tu as raison.
Vous savez, messieurs, que les physiciens peuvent calculer la pession d'un gaz, surtout s'il est parfait; il y a des formules pour ça; mais personne n'a pu jusqu'à présent, mettre en équation la pression sociale. Est-ce à dire qu'elle n'existe pas puisqu'on ne peut l'exprimer en langage mathématique, comme le voulait le grand Galilée? Erreur. Le génie pisan avait la vue courte, malgré sa longue vue: il y a des faits plus durs que la roche, plus certains que la chute des corps, et qui ne se mettent pourtant pas en équation. La pression à laquelle fut soumise ma cousine valait celle d'Avogadro. De guerre lasse, elle décida de prendre mari...
Najlaa se mit à réfléchir. Elle n'était pas du genre à aller trainer sur le boulevard à la recherche d'un Américain ou même d'un simple mortel; et de toutes façons, elle n'en avait pas le temps, elle avait une fiduciaire à fiducier. Elle s'assit donc à sa table, ouvrit son ordinateur et se mit à écrire un programme, en fait un algorithme assez simple qui fonctionne ainsi: douze qualités humaines (loyauté, gentillesse, courage, intelligence, etc.) étaient pondérés par des nombres écrits sous forme de fraction (ne me demandez pas pourquoi); les régions du pays étaient elles aussi pondérées mais je ne vous révélerai pas les coefficients pour ne fâcher personne. Sachez seulement que la région d'Agadir, d'où sa mère était originaire, était bien notée, ainsi que les R'hamna, région qui a la réputation de produire des gens honnêtes...
-Et le Rif?
-Et les Fassis?
-Et Doukkala?
-Inutile d'insister, vous n'aurez pas les coefficients. Najlaa introduisit aussi dans son algorithme des éléments plus concrets: taille, poids, niveau d'études, emploi actuel, couleur des cheveux (le roux vif n'était pas loin de la note éliminatoire), etc. Les parents aussi figuraient dans les calculs: une mère acariâtre ou un père condamné pour haute trahison faisaient perdre beaucoup de points. Bref, en fin de soirée, l'algorithme était écrit.
- Cette nuit-là, je fis pas un long rêve, mais il ne m'en resta que quelques bribes, un bouquet flottant à l'aventure sur la mer océane, la couvrant ici et là d'une floraison colorée, flottaison gaie et ravie dans l'azur vert, comme dit le poète.
- Un daltonien, grommela Hamid.
- Pas du tout ! s'insurgea Hicham, les anciens grecs n'avaient qu'un seul mot pour désigner le bleu et le vert. "Azur vert" n'est pas incorrect.
Insatiable arpenteur de la planète, assoiffé de connaissances, dévoreur impénitent de toutes formes de textes, Fouad Laroui manifeste dans chacun de ses livres son émerveillement face à la beauté de la vie. Dans ce recueil de chroniques cursives, lapidaires et lumineuses, il vante l'intelligence intarissable des êtres humains et pourfend, dans un même mouvement, leur insondable stupidité. Un régal !