Au cours de mes billets – je n'oserais pas appeler ça des critiques –, j'ai eu l'occasion de divaguer et d'ainsi t'offrir une vue d'ensemble sur mes proches.
Mon chien Philippe, mon connard de chat Maurice, mon hamster René que j'aime regarder nu, Monsieur Chabance mon prof' de lettres brassensophile, ma grand'mère docteure ès Scrabble et pâté Hénaff ou encore mon voisin Monsieur Kerdoncuff, qui joue les veufs éplorés et qui, la nuit venue, tringle vraisemblablement avec virtuosité malgré son grand âge.
(Jouer le veuf toujours en deuil, ça fait un fait un effet boeuf. Mais sa vague ressemblance avec Inspecteur Terrasson des Brigades du Tigre doit lui apporter un certain sex-appeal.)
Néanmoins, il manque encore quelques individus pour compléter le tableau.
Aujourd'hui, c'est à ma belle-mère de passer à la casserole.
(Petite précision des familles : Ma belle-mère désigne la femme qui a été assez tarée pour épouser le vieux réac' facho qui me sert de père, et non pas la mère d'un quelconque garçon qui m'a contée fleurette. Nan mais voilà, je précise.)
En ce moment, vu que mon médecin m'a dit de laisser reposer mon poignet, je range ma bibliothèque. L'occasion de retrouver des trucs que je n'imaginais même pas, comme un exemplaire de Chronique d'une mort annoncée, mais en espagnol, ou
La méthode simple pour en finir avec la cigarette d'
Allen Carr.
Retour de la petite précision des familles : Mes compétences en espagnol sont restées niveau 5e (« Buenos dias, me llamo GaletteSaucisse ») et j'ai été assez traumatisée par
Michel Houellebecq pour me tenir éloignée de ce fruit du démon qu'est la clope. Donc incapable de dire d'où viennent ces bouquins.
Mais dans ce lot de trucs parfaitement incongrus, j'ai retrouvé ce magnifique ouvrage :
La Magie des Druides.
Ouais, rien que ça.
Retour il y a un an et demi, à Noël.
Ma belle-mère me tend ce paquet :
- Tiens, ma chérie. Je pense que ça te fera du bien de suivre les conseils ancestraux plutôt que de t'abrutir de médicaments.
Je précise qu'à l'époque j'avais de graves soucis de santé, à un point tel qu'on s'était demandé si c'était pas un cancer.
- Super. T'aurais dû offrir ça à Tonton Michel qui en est à sa troisième chimio.
- Franchement, essaie. Il y a plein de recettes, pour vaincre les insomnies, les douleurs de règles…
- Mouais.
Et donc j'ai relégué le pauvre livre dans un coin de ma bibliothèque, entre
Henri Vincenot et une biographie de
Freddie Mercury (attends, j'ai une biographie de
Freddie Mercury, moi ?)
Or, entre temps, je me suis cassée le poignet. Une tante babos chez qui je loge en ce moment se rebiffe :
- Si tu veux, je peux te faire une petite tisane à base de plantes, ça va te calmer…
- Des plantes de… ?
- Cannabis.
- Ah. Ouais, nan.
Déjà que ma mère fait les gros yeux quand je prends une lichette de cidre (ah, si elle savait…), alors, du shit…
Donc je me suis dit que j'allais expérimenter le livre de ma belle-mère.
Bon, et là, que dire ?
La couverture, déjà, est très jolie. Contrairement à celle d'un thriller écrit par un écrivain normand moustachu, mais j'ai dit que je ne voulais pas tirer sur l'ambulance.
La couverture, donc, elle claque. Ça fait un peu vieux grimoire que tu as récupéré dans le grenier de l'arrière-grand'mère, l'odeur de vieux en moins.
(De vieux livre, j'entends, hein.)
D'ailleurs, la tranche du livre est dorée. C'est trop joli.
Bon, maintenant, le contenu du livre.
Tu es dépressif, insomniaque, asthmatique et en plus tu as mal pendant tes règles ?
Alors, bois de la camomille. 1 cuillère à soupe de fleurs séchées par tasse, à raison de 3 tasses par jour.
J'ai de la chance, ma tante a tout ça chez elle. Donc, pendant une semaine, j'ai testé.
Et là, tu te demandes si ça a été efficace ? Si je dors bien ? Si je suis aussi heureuse qu'un gamin obèse dans une usine Haribo ?
Bah, non. Je dors toujours aussi mal, je déprime toujours autant – mais écouter
Jean Ferrat doit y être pour quelque chose –, et j'ai été obligée d'avoir tout de même recours au Spasfon et à la bouillotte. Donc, non, la camomille, sur moi, ça marche pas.
Mais peut-être est-ce parce que la plante n'est simplement pas efficace sur ma personne ?
Essayons avec la Consoude officinale, qui a la vertu de cicatriser « brûlures, ulcères, crevasses, gerçures, fissures anales, et entorses ».
Alors, il n'est pas à exclure que j'aie pris cet exemple uniquement pour mentionner le terme « fissure anale » qui me fait beaucoup marrer. Oui, j'ai toujours quatre ans.
Non contente d'avoir le poignet en vrac, je me suis dit que me brûler l'autre main avec l'eau bouillante pouvait être sympa. Donc, j'ai tenté la pommade à base de c'te plante, que ma tante m'a gentiment concoctée. J'en ai aussi profité pour mettre ça sur mon poignet.
Et là, ça a marché ? Puis-je reprendre la guitare et entonner avec ferveur l'ami Brassens ?
Là, nous sommes plus mitigés. Certes, ma brûlure a vite cicatrisé, mais elle n'était que superficielle. Pour bien faire, j'aurais dû me brûler les deux mains et en soigner seulement une, mais je ne suis pas maso à ce point.
Quant à mon poignet… Eh bien, au grand bonheur de mon papa facho, je ne peux toujours pas entonner L'Internationale.
Pour les chants communistes, il me faudra donc faire confiance à la médecine moderne. N'en déplaise aux druides et à ma belle-mère.
Allez, je vous laisse, je vais aller tenter d'apprendre la bombarde avec une main.