AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,07

sur 2614 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je savais que je finirai pas tourner la fameuse page : celle où les terroristes rentrent dans la salle de « Charlie-hebdo ». J'ai commencé de nombreuses fois ce livre, lu et relu cette insoutenable attente de l'horreur absolue. Celle où des hommes habillés de noir sont passés devant tous les amis de Philippe Lançon en criant « Allah Akbar » et en tirant à chaque fois une balle dans la tête d'hommes sans défense. Cabu, Charb, Honoré, Tignous,Wollinski, Elsa Cavat, Franck Brinsolaro, Mustapha Ourrad, Michel Renaud, Frédéric Boisseau, seront assassinés de cette façon. Ce livre repose maintenant dans ma bibliothèque et à chaque fois que le regarde, je me souviens du pas à pas de la reconstruction de Philippe Lançon qui est revenu parmi les vivants, avec l'horreur au fond de lui et la souffrance physique comme compagne. Il raconte le quotidien d'un rescapé et le combat de sa chirurgienne pour qu'il puisse d'abord survivre, puis se nourrir et finalement ne plus baver. Il le raconte avec une grande honnêteté sans jamais être ennuyeux. C'est un livre qu'il faut lire pour ne jamais oublier et rester toujours « Charlie », c'est à dire être vigilant face à la montée de l'islamisme. Car son combat raconte cela aussi, la lâcheté des intellectuels français face au terrorisme quand celui-ci n'est pas d'extrême-droite mais d'origine musulmane.
Commenter  J’apprécie          183
Je n'avais pas osé écrire la critique de ce livre si bouleversant. le récit de Philippe Lançon suscite un concentré d'émotions : colère, peur, tristesse, dégoût … Si l'attentat peut faire douter de l'humanité, son témoignage passe pour un modèle de sagesse, de savoir-vivre que nous confie un homme terriblement blessé qui essaye de se reconstruire.
Nous l'accompagnons dans sa longue hospitalisation, nous souffrons avec lui, nous pleurons, nous doutons et nous nous consolons ensemble. Au fil des jours, tant de femmes et d'hommes, médecins, infirmiers, chirurgiens… vont le soigner et lui donner confiance pour permettre d'avancer. Après avoir lu le lambeau, le lecteur sera à son tour transformé.
Commenter  J’apprécie          250
Certains livres sont nécessaires. Pour la mémoire collective, pour la mémoire de leur auteur, pour lutter.

Par ses digressions journalistiques et personnelles, le Lambeau nous plonge dans l'actualité de ces 40 dernières années, celle qui nous a doucement mais sûrement fait glisser vers notre nouveau monde. Une actualité vue par un journaliste, un humain, une victime.
Il nous plonge aussi dans le cerveau et les chairs de celui qui a été déchiqueté de toutes parts et qui doit se réparer et devenir une seconde version de lui-même.

Violent, beau, acerbe, résigné parfois, c'est un livre qui bouscule et qui bouleverse.
Un livre nécessaire.

"Si j'écris une phrase comme : j'ai cru un instant que nous avions des visiteurs imprévus, peut-être indésirables, voire tout à fait indésirables, je voudrais aussitôt la corriger selon une grammaire qui n'existe pas. Elle unirait toutes ces propositions et, en même temps, les éloignerait assez pour qu'elles n'appartiennent plus ni à la même phrase, ni à la même page, ni au même livre, ni au même monde. Sans doute avais-je déjà comme les autres basculé dans un univers où tout arrive sous une forme si violente que c'en est comme atténué, ralenti, la conscience n'ayant plus d'autre moyen de percevoir l'instant qui la détruit."
Commenter  J’apprécie          20
D'habitude, je ne lis jamais de pavé. D'habitude, je ne lis jamais de témoignage. Mais il était là, dans la boite à livres de mon village, et son nom me disait vaguement quelque chose, alors je l'ai pris. Quand j'ai compris ce à quoi j'allais assister, j'ai serré les dents et j'ai continué. Et grand bien m'en a pris. Non, ce n'est pas un témoignage. La qualité littéraire est ici tellement évidente qu'elle rend encore plus douloureuse chaque page. Juste avant "la scène" je me suis dit que l'écriture, malgré ce qu'elle permet, ne peut transcrire dans une compréhension humaine cette atrocité, comme si j'étais gênée d'avoir l'impression de comprendre, comme si c'était le summum de l'indécence de pouvoir affirmer vivre cela par procuration. Eh bien, aussitôt penser cela avec un certain malaise, la page suivante me l'adressait, avec une métaphore magnifique sur l'écriture qui ne suffit pas (rrrah, j'aurai dû la noter ! ) Et pourtant, une fois cela dit, on plonge tout de même dans l'horreur, avec à la fois une précision médicale, une pudeur et une honnêteté désarmante. Je crois que je ne me suis jamais autant senti à l'hopital qu'en lisant le Lambeau. Les 500 pages ont coulé comme du lait et j'ai ralenti arrivée au 50 dernières tant Philipe Lançon allait me manquer. J'ai eu l'impression d'habiter avec lui, dans sa chair et celle des disparus, et pour cela, j'éprouve une gratitude immense. Celle d'avoir témoigné avec une plume littéraire que j'ai rarement vu. Et peu importe si on garde, même des semaines après la lecture, certaines images atroces, car pour comprendre l'humain il faut parfois tenter de saisir l'inhumain, avec humilité et dignité. Chapeau bas, monsieur.
Commenter  J’apprécie          170
« le lambeau » est le récit d'une reconstruction, un hommage émouvant aussi à l'univers de l'hôpital et à ses « héros du quotidien ». Happé par un évènement qui est entré dans l'histoire de France, l'auteur livre ici bien plus qu'un simple témoignage. La dimension littéraire de cet ouvrage ne saurait en effet être occultée.
A la fois sombre et lumineux, « le lambeau » est une oeuvre bouleversante.

Commenter  J’apprécie          60
Je lis rarement de témoignages. Là, c'est différent. Parce que sa dimension littéraire lui offre un filtre, un lien fragile, où la forme artistique de l'écriture forge le réel et nous permet d'être aspiré dans la spirale des événements, dans l'horreur même.

En fait, c'est une chronique. Une chronique d'un moment de vie, l'écho d'un instant furibond, puis d'une reconstruction.

Philippe Lançon est chroniqueur pour Charlie Hebdo. le mercredi 7 janvier 2015 il est miraculeux. Son visage est dévasté par les balles de Kalachnikov ; sa vie est meurtrie par des rafales d'ignorances et de fous.

Avec ce récit, on vit l'intime de l'auteur et, aussi, l'universel de tout un pays attaqué.
Avec ce récit, on traverse, dans le corps et dans l'esprit de Philippe Lançon, l'angoisse et le traumatisme, l'espoir et l'avenir.
Et puis, avec ce livre, on rencontre, on apprend à connaitre, un monde, un univers à part. le rôle du personnel soignant, la gestion de la douleur, le combat pour se reconstruire.

Malgré quelques longueurs, malgré des détails chirurgicaux, et malgré la difficulté du sujet, l'auteur ne tombe jamais dans le larmoyant. de temps en temps, une lumière dans le récit nous parle de peinture, de littérature, de musique… Comme une échappatoire.
Intelligence et douceur, dignité et lucidité. C'est beau, c'est grand, c'est nécessaire.

On touche, là, à l'âme humaine. La perfection d'un récit, et le souvenir. L'éblouissante d'un auteur, d'un homme. de Philippe Lançon.
Commenter  J’apprécie          30
Un matin comme les autres et tout d'un coup la vie bascule dans l'horreur. Philippe Lançon, journaliste et éditorialiste est présent à la conférence de rédaction qui se déroule dans les bureaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015. Grièvement blessé au visage et aux bras, traumatisé à vie, il est miraculeusement l'un des rares survivants de l'attentat.

Dans ce récit autobiographique l'auteur raconte, en premier lieu, avec un réalisme insoutenable les quelques minutes qui ont bouleversé son existence. Les 100 premières pages sont effroyables. le lecteur assiste « en direct » à l'irruption brutale des terroristes dans les locaux de la rue Appert, à l'attaque monstrueuse et à la tuerie qui s'en suit. Des hurlements de frayeur interrompus par des détonations, des cris et toujours ces mots « Allah Akbar » puis tout d'un coup plus rien, le silence. Ne restent que des images surréalistes inoubliables.

« Les morts se tenaient presque par la main. le pied de l'un touchait le ventre de l'autre, dont les doigts effleuraient le visage du troisième, qui penchait vers la hanche du quatrième, qui semblait regarder le plafond, et tous, comme jamais et pour toujours, devinrent dans cette disposition mes compagnons. C'aurait pu être une figure de danse macabre… »

« Il a vu au-delà, à un mètre, le corps d'un homme allongé sur le ventre dont j'ai reconnu la veste à carreaux et qui ne bougeait pas. Il est remonté jusqu'au crâne et il a vu entre ses cheveux la cervelle de cet homme, de ce collègue, de cet ami, qui sortait un peu du crâne. Bernard est mort m'a dit celui que j'étais. »

Défiguré et la mâchoire détruite, Philippe Lançon va dans la suite de son livre, nous décrire sa longue et lente reconstruction aussi bien physique que psychique. Des mois d'hospitalisation à la Pitié-Salpêtrière puis aux Invalides, Il va subir 17 opérations chirurgicales pour essayer de réparer ses lésions faciales et lui faire retrouver ses fonctions vitales. Dans ce récit il va ainsi rendre un bel hommage à tout le personnel hospitalier, en particulier à sa chirurgienne, et à tous ceux qui se sont succédés auprès de lui pour lui apporter soins et réconfort. Hommage également à son frère, à toute sa famille, ses amis, ses collègues, ses femmes… qui jamais ne l'ont lâché. Philippe Lançon est conscient d'avoir perdu une partie de lui-même lors de l'attentat. Il ne sera plus jamais comme avant mais il lutte et nous fait partager ses réflexions, son introspection, ses interrogations sur le monde actuel et futur, sans jugement et sans colère.

Le Lambeau est un livre puissant, bouleversant que j'ai eu du mal à lâcher et qui me reste en mémoire. Son style d'écriture est riche, précis, descriptif et très émouvant. On peut parler de chef-d'oeuvre littéraire.
Commenter  J’apprécie          212
Lourdement blessé lors de la tuerie de Charlie Hebdo, Philippe Lançon nous raconte sa lente reconstruction et son combat pour revenir à la vie. Un récit bouleversant sans complaisance. Il ne juge pas les terroristes mais essaie de comprendre comment notre société a pu engendrer de tels monstres. Un livre parfois dur mais très juste.
Commenter  J’apprécie          20
À ceux qui espéraient se repaître du cadavre toujours fumant de Charlie Hebdo, passez votre chemin.
Évidemment, Philippe Lançon y consacre une partie, infime mais suffisante pour assoir le drame personnel.
Car c'est le récit d'un homme, qui aurait pu être un autre, qui fait le deuil de lui-même, qui enterre l'avant pour construire l'après. Jusqu'au dernier quart, Lançon navigue dans ses souvenirs au gré de son présent suspendu, à la recherche d'un temps qu'il sait perdu à cause de deux fous. Proust l'accompagne, nourrit, irrigue sa nostalgie, et surtout fait se déployer une écriture d'une richesse folle, où surgit la culture, très bourgeoise, presque élitiste si elle n'était pas une invitation autant qu'une confidence, comme une échappatoire à la douleur quotidienne, à cette fracture physique et psychologique.
Pas besoin d'être Charlie pour lire le Lambeau. Juste humain.
Commenter  J’apprécie          20
Le 7 janvier 2015 est une date historique sur laquelle nous avons tous quelque chose à dire.
En témoignant de sa survivance après cet attentat, Philippe Lançon ramène cette date nationale à hauteur d'individu. de lui et de ceux qui l'entourent de très, très près. Famille, amis, mais aussi soignants et policiers.
Son récit est empreint de franchise et de précision.
Du début à la fin, ce n'est pas gai et ça ne nous laisse pas croire qu'il puisse y avoir une rémission totale dans ce genre de reconstruction .
Du début à la fin, la culture, classée "non-essentielle" en 2020, est une des ses béquilles. Béquille qui finira de bouleverser le lecteur.
Assez pour qu'à la fermeture de ce livre, on n'ait plus de commentaire léger à faire sur cette date.
Qu'il en soit ainsi.
Commenter  J’apprécie          252




Lecteurs (5515) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1761 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}