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4,07

sur 2614 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Si vous n'avez pas vécu reclus et sans accès aux médias pendant ces dernières années et si vous avez lu la quatrième de couverture avant d'acheter ce livre, vous savez déjà à peu près comment il se termine et pourtant... impossible de le lâcher !
On s'attache à la victime, au patient, au convalescent. On s'attache à sa chirurgienne, à sa famille, aux femmes de sa vie. Ce livre ne tombe jamais dans le sentimentalisme dégoulinant, ni dans la rancune haineuse, il est avant tout une histoire de vie.
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Sur le conseil d'une amie lors d'un échange sur ce qui pousse à la vie. Merci Michelle.
Au plus près des faits comme au plus près de ses émois, Philippe Lançon partage avec nous l'indicible de cette part de son chemin et l'inscrit dans le nôtre pour le temps de cette lecture dont il est possible que comme moi vous ne puissiez démordre jusqu'aux derniers mots qui vous donneront l'envie de lui serrer la main ou de l'étreindre, comme ça, pour le coeur. Pour le temps de cette lecture et au-delà
Lien : https://lyncee.me
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Le pas tout à fait mort du haut ordonne au corps
la censure en mâchoire fracassée
Observer l'autre monde celui des hommes debout lointain
"Un blessé de guerre dans un pays en paix" raconte la ritournelle des vivants qui s'agite sans entendre les murmures sous terre.
L'homme en deux n'est plus l'ancien, il doit "enterrer les vies passées" au prix de chair.
et puis un jour après le temps de l'hospitalisation qui s'égrène précis revenir au monde du dehors" vague et machinal » tenter le vivant autour d'une bibliothèque en bouleau rassemblant les mots qui bordent.
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Lire ceux qui ont traversé l'enfer est une expérience qui relativise la traversée de nos petits enfers quotidiens. Il y a un peu d'indécence - le mot est-il trop fort ? - à écrire le trauma, la blessure, la reconstruction parce que c'est se dévoiler intimement, se deshabiller. Ce dévoilement intime est ce qui m'a touchée et me poursuit.
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On a tous été Charlie.

Tout le monde se souvient de cette tragédie : le matin du 7 janvier 2015, les journalistes de Charlie Hebdo étaient réunis comme chaque semaine pour la conférence de rédaction. Ils parlaient du livre de Michel Houellebecq « Soumission » qui venait de sortir, ils étaient tous là ou presque, dessinant, plaisantant, grignotant des biscuits quand ont surgi deux hommes cagoulés et armés tirant à vue sur les hommes et les femmes présents. L'attentat dura deux, trois minutes, douze personnes furent tuées.



Dans un récit bouleversant d'authenticité, Philippe Lançon, Journaliste à Libération et à Charlie Hebdo raconte sa reconstruction tant physique que morale après l'attentat.

Un seul chapitre est consacré à l'évènement. Son destin s'est joué en quelques minutes en choisissant l'hebdomadaire satirique de Charlie Hebdo plutôt que le journal Libérationpour ce qu'il croyait être une courte visite avant un voyage prévu à l'étranger. Pris dans la rafale du massacre terroriste la moitié inférieure de son visage sera emportée.

Un autre chapitre relate d'une façon clinique les minutes qui ont suivi. "Les morts se tenaient presque par la main. le pied de l'un touchait le ventre de l'autre, dont les doigts effleuraient le visage du troisième, qui penchait vers la hanche du quatrième, qui semblait regarder le plafond, et tous, comme jamais et pour toujours, devinrent dans cette disposition mes camarades".



Revenu d'entre les morts, Philippe Lançon revient dans les 15 autres chapitres de ce livre de 500 pages, sur son vécu à l'hôpital, mais aussi sur ce qui s'est passé à l'intérieur de sa tête alors en travaux. Un huis clos où les morts cohabitent avec les vivants.

Une lente remontée des enfers (17 opérations et une greffe d'un morceau de son péroné en guise de mâchoire) décrite avec une admirable maîtrise sans plainte ni pathos. Cette gueule cassée, effigie d'un tableau de Picasso comme il se compare lui-même dans une auto-dérision remarquable, n'accorde pas plus de place au chagrin ("Je n'avais pas du chagrin, j'étais le chagrin"), à la nostalgie, à la colère ou à la haine pour ne vivre que le présent et l'expérience de sa reconstruction.

On l'aura compris, "Le Lambeau" n'est pas un document sur la violence, encore moins sur le terrorisme. Il s'agit, au contraire, d'une magnifique leçon de vie et de courage. Un livre empreint d'une grande douceur en dépit de l'omniprésence de la douleur physique et morale et de l'angoisse.



On le suit dans ce quotidien hospitalier de grand blessé où un arsenal de tuyaux reliés à des machines vient en relai de ses fonctions vitales, et où ses lectures (Shakes­peare, Proust, Thomas Mann, surtout Kafka), la musique (Bach), agissent comme des doudous, des béquilles qui l'aident à le maintenir parmi les vivants, au-dessus d'eux, ai-je envie d'ajouter.

Il y aura un « avant » et un « après » et bien que reconstruit physiquement, Lançon devenu « Monsieur Tarbes » n'aura plus moralement grand-chose à voir avec l'homme qu'il était avant l'attentat.

Nous non plus, en tant que lecteur, ne sortons pas indemne de ce récit intimiste, poignant, passionnant.

Passionnant. le mot est lâché et c'est là, tout le paradoxe. Comment la souffrance humaine mise en mots peut-elle devenir source de plaisir pour ceux qui la lisent ? Comment Monsieur Lançon a-t-il réussi la prouesse de faire de cette horreur un bijou littéraire ?

Le talent, sans doute, celui d'une langue tendue comme une peau de tambour, le don de soi, l'espérance, la vie qui revient…

Du grand art. Merci Monsieur Lançon.
Lien : https://www.murielmartinella..
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Formidable
Philippe Lançon nous permet de mieux appréhender l'horreur de l'attentat de Charlie Hebdo et, pour les chanceux qui ne le connaissaient pas, lhôpital.
Il le fait avec tact mais sans rien nous épargner.
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Le lambeau : dans le jargon médical, morceau du péroné qu'on a prélevé sur sa jambe afin de lui greffer pour remplacer la partie de sa mâchoire emportée par l'une des balles qu'il a reçue.
J'avoue avoir attendu quelques années avant d'ouvrir ce livre dont j'avais entendu parler mais je ne me sentais pas capable de lire ce témoignage de Philippe Lançon, l'un des rares survivants de la tuerie de Charlie Hebdo.
Tout le monde se souvient de ce 7 janvier 2015 qui ne fût, malheureusement que le début d'une triste série d'attentats aveugles et meurtriers.
Philippe Lançon va nous raconter avec beaucoup de pudeur et de délicatesse, mais sans aucune complaisance son avant et son après attentat, sa descente aux enfers et le long chemin de croix qui l'ont amené à revivre, car il le fallait bien.
Il était allé voir une pièce de Shakespeare « La nuit des rois » ,venait de terminer la lecture de « Soumission » de Houellebecq qu'il avait chroniqué pour « Libération » et dont il voulait parler lors de la conférence de « Charlie » du 7 janvier en vue de le chroniquer dans l'édition du 14 janvier. Il venait d'acheter son billet d'avion pour New York car il allait pour quelque temps intervenir à l'Université de Princeton.
Tout n'étant qu'un concours de circonstances, c'est au dernier moment , sur le chemin, qu'il choisit d'aller tout d'abord à la conférence de « Charlie » puis de se rendre à « Libération ». Au moment où il allait quitter les locaux de « Charlie », les tueurs sont entrés et nous connaissons tous la suite abondamment relayée par la presse. Ici , Philippe Lançon tout en pudeur raconte.
Pour lui commence alors la descente aux Enfers et le long chemin de croix pavé d'un nombre considérable d'opérations pour lui reconstruire le bas du visage : lèvre, menton, mâchoire, emportés par une balle. Il fût en effet atteint à la main gauche, à l'avant-bras droit et au visage par les balles des terroristes qui le laissèrent pour mort.
Ce sont les trois mois d'hospitalisation à la Pitié Salpêtrière et les sept mois de convalescence aux Invalides qu'il nous raconte.
Il parle de ses descentes au bloc, de la souffrance, de la peur d'être retrouvé par les tueurs, le tout sans tomber dans le pathos mais sans rien nous épargner non plus. Il exprime aussi ici sa reconnaissance envers les soignants du service public qui s'épuisent au travail et manquent de beaucoup pour exercer correctement leur sacerdoce.
La très grande qualité narrative de l'auteur nous fait ressentir ce qu'il traverse, nous sommes à ses côtés à chaque descente et remontée de bloc. Il nous confie ses doutes, ses cauchemars, ses réflexions, le dévouement des chirurgiens, infirmiers et aides-soignants qui l'ont soigné, lavé, entouré durant ces mois d'hospitalisation, de son frère, de ses parents et de ses amis qui l'ont veillé, protégé de l'extérieur et maintenu à flots. Il parle de ses petites joies et de ses grandes interrogations sur son devenir.
Ce livre est le témoignage d'un homme emporté dans la spirale meurtrière de l'intégrisme religieux. L'attentat de Charlie Hebdo fût un évènement national qui nous bouleversa à jamais. Mais ce livre est surtout le combat d'un homme pour se reconstruire et revivre à nouveau, aussi difficile que cela puisse être.
Et comme rien n'est jamais terminé, ce livre commence le 6 janvier 2015, veille de l'attentat de « Charlie » et se termine le 13 novembre 2015 …
Pour le lecteur, ce témoignage est un véritable coup de poing, une belle leçon d'humilité et de courage.
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Amis du livre, bonjour.
Comment ne pas être bouleversé par ce livre tellement fort, plein d'amitiés, de tendresse, d'espoir, mais aussi de peurs, de reproches, de critiques de la société, des mensonges qu'elle laisse filer !!.
Lançon, Philippe, un des rescapés de Charlie, pour moi, Charlie pour toujours, j'aimais tant ceux qui sont morts assassinés.
Assassinés par la lâcheté des politiques, la bêtise sans fond des tueurs, de leurs embobinemets par les religieux complètement obtus à l'évolution du monde, de la liberté qui leur est étrangère.
Quel courage à cette équipe d'avoir survécus à toutes les pressions, nous devrions faire tous attention à notre société, la bande à Charlie sont les gardes tendrement fous de l'obscurantisme, de tous bords.
Merci Philippe, à jamais dans mon coeur.

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Lambeau : terme de chirurgie (le lambeau sert à reconstruire le visage détruit du journaliste). Gravement blessé lors de l'attentat contre Charlie Hebdo, défiguré, Philippe Lançon livre le récit de sa vie juste avant, pendant et après l'attentat, sans impudeur, sans complaisance, avec de l'orgueil et de la vanité aussi : la part du moins de ces sentiments qui permet de survivre, de ne pas montrer, de lutter.
Avant, après. Entre les deux une fissure, une rupture, un non-temps, un être au monde différent qui se prolonge le temps de l'hôpital. Impossibilité de parler ; le grand bavard qu'est Philippe Lançon ne se sépare plus de son ardoise et de son feutre effaçable. Les phrases vont au plus court. Impossibilité de se nourrir par la bouche : seuls les parfums de la nourriture évoquent la nourriture, dont le souvenir même s'est enfui. Encore un temps hors-temps.
Plus de jugement. Parfois plus de mémoire. Des policiers en armes devant la porte, lors des sorties. Des hallucinations dues à la morphine, au traumatisme. Des moments de terreur pure lorsque dans la réalité s'impriment les jambes noires fantasmées des tueurs, seule partie de leur corps que le blessé a vue après les tirs. Des cauchemars. Beaucoup de solidarité familiale et amicale. Des hauts et des bas avec son amoureuse. Des relations extraordinaires avec les soignants, parfois difficiles par leur intensité. C'est le soignant qui peut devenir malade du patient. Et la peur de quitter le cocon qu'est devenu l'hôpital (la Pitié-Salpêtrière, puis les Invalides). L'art accompagne Lançon : Bach, Thomas Mann, Proust (la mort de la grand-mère, exclusivement), Kafka (Lettres à Milena), d'autres, même si la lecture longue est encore impossible.
Un épisode m'a marquée. A un moment, sa chirurgienne entourée d'un aréopage de jeunes internes vient le voir. Tous l'écoutent avec empathie. Sauf un, très brun, peut-être Arabe, qui regarde fixement ailleurs. Lançon apprend peu après que le jeune homme est un interne étranger qui ne parle pas un mot de français…
Le témoignage de Lançon est un livre loin de tout voyeurisme, sans haine, très bien écrit, qui entremêle passé et présent car c'est aussi un bilan de vie. le seul reproche que je lui ferais, c'est qu'il se répète parfois. Mais la répétition, le fait de re-venir sur, ne sont-ils pas un moyen d'avancer ?
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Un récit dense et magnifique. de l'attentat de Charlie hebdo jusqu'au attentats du 13 novembre, Philippe Lançon nous décrit ce qu'il lui est arrivé depuis ce 7 janvier lorsqu'il a été blessé par une kalachnikov en salle de rédaction. Il explique de manière saisissante ce qu'il ressent et comment il se voit désormais.
Nous plongeons aussi dans l'univers hospitalier et ces services extraordinaires qui gèrent les grands blessés.
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